Seul le socialisme émancipera les femmes

Dans la société capitaliste, les femmes voient leurs conditions de vie se dégrader de plus en plus. Elles sont doublement victimes du capitalisme, en tant que femmes et en tant que travailleuses. Par exemple la réforme Fillon sur les retraites a touché plus durement les femmes : elles sont obligées de travailler plus longtemps pour avoir assez de cotisations, car elles ont des carrières plus interrompues (pour élever les enfants) et sont plus souvent victimes du temps partiel imposé.

Article paru dans l’Egalité n°108

C’est l’apparition de la propriété privée et la division de la société en classes sociales qui a renvoyé les femmes au rôle de procréatrices, la valeur du travail de l’homme a été plus valorisée que celle des femmes car elles ne produisaient rien qui puisse être échangé. Le capitalisme s’est donc développé en s’appuyant sur une cellule familiale dominée par le chef de famille : l’homme. Les femmes n’ont donc pas eu le choix de leur vie sociale. Ainsi, la pub et les médias reflètent ces rapports sociaux et économiques, ils ne font que les répercuter. Ils n’en sont pas la cause directe, mais ils les favorisent.

Pour préserver cette division de la société, les classes dominantes se cachent derrière des valeurs idéalistes comme la démocratie, l’égalité, la tolérance…qui doivent être garanties par la République. Mais ces valeurs ne sont pas réellement appliquées, l’inégalité hommes/femmes en est l’exemple. Pour prétendument lutter contre cela, les gouvernements ont voté des lois sur la parité, qui ne s’appliquent que pour les élections, mais pas dans le monde du travail et la vie de tous les jours. C’est cet argument de défense des droits des femmes que le gouvernement a utilisé avec la loi d’interdiction du foulard à l’école. C’est une loi non seulement raciste, mais aussi sexiste, car elle vise en priorité les femmes musulmanes. La bourgeoisie a la prétention de juger le voile comme une forme d’oppression alors qu’elle-même favorise l’inégalité entre hommes et femmes.

La publicité et les médias sont aussi des exemples flagrants du sexisme impliqué par la société capitaliste. L’image de la femme qu’ils montrent est celle d’une femme soumise qui s’occupe des tâches ménagères, des enfants, de son mari…en plus de son travail (par les lois, le système d’exploitation…)

Les droits des femmes comme le droit de vote ou celui de l’avortement n’ont été gagnés que par les luttes des femmes aux côtés des travailleurs, avec les syndicats et les partis politiques. C’est comme ça que les femmes gagneront de nouveaux droits et imposeront une réduction des inégalités, pas en faisant appel aux valeurs républicaines. Car ce sont les valeurs des classes dominantes, qui légitiment le pouvoir de ces classes, la division sociale et les inégalités. Prenons par exemple le droit au travail, il est inscrit dans la constitution, alors pourquoi il y a t-il autant de chômage ? Il y est aussi inscrit que tout le monde a le droit de posséder des biens, mais ils sont tous accaparés par une minorité de privilégiés. La République garantit le maintien des inégalités en favorisant les classes possédantes et garantit la division de la société en classes.

La lutte pour les droits des femmes est donc une lutte contre la propriété privée et la division de la société en classes, donc c’est une lutte contre le capitalisme. Nous n’avons rien à attendre de la République et de ses prétendues valeurs progressistes, comme le font la plupart des associations féministes. Pour réellement atteindre l’égalité entre hommes et femmes il faudra obtenir l’égalité économique en premier lieu et supprimer les classes sociales en second lieu. C’est pourquoi cette lutte doit se faire dans l’unité la plus totale des travailleurs hommes et femmes.

Une association comme Ni putes ni soumises (NPNS) a le mérite de développer dans des quartiers populaires des structures pour aider les femmes. Et nul ne peut contester le travail de terrain qu’elle fait. Cependant on est en droit de s’interroger quand sa présidente, Fadela Amara, défile main dans la main avec une ministre du gouvernement Raffarin, pour exclure les filles qui portent le foulard à l’école. Le gouvernement Raffarin a réduit les subventions aux plannings familiaux, introduit le non remboursement de certaines pilules contraceptives, a créé une allocation de retour au foyer pour les femmes, limite la création de classes de maternelles… comment croire qu’il veut défendre les droits des femmes ? Nous ne le croyons pas et contrairement à cette association, nous n’attendons rien des gouvernements et nous comptons d’abord sur nos luttes pour améliorer les conditions de vie et de travail des femmes. NPNS se déclare  » pour la mise en place d’une politique d’état volontariste afin de renforcer les valeurs républicaines et favoriser la paix sociale « . Nous sommes pour nous battre pour gagner des avancées concrètes pour les femmes aujourd’hui et nous pourrions nous retrouver dans des luttes avec NPNS. Mais nous pensons que les luttes des femmes doivent être, comme toutes les luttes de travailleurs, indépendantes des gouvernements et de leurs soi-disant valeurs. Car il ne peut y avoir de « paix sociale » dans une société divisée en classes !

Par Virginie Prégny et Fatima