Réforme de l’apprentissage (encore !)

Après avoir supprimé des cours au profit de temps en entreprise, puis diminué la durée de l’apprentissage à 3 ans maximum au lieu de 4, on a une nouvelle réforme. Cette fois-ci il s’agit de réduire le coût (coupe prévue de 1,2 milliard d’euros) et de prioriser les secteurs « en tensions », bref revoir les priorités en fonction des besoins des capitalistes.

Sachant que l’apprentissage est déjà un cadeau aux patrons, parce que sous prétexte de donner leur chance aux jeunes et les accueillant, c’est un moyen pour eux d’avoir de la main-d’œuvre moins chère. Ils ont des exonérations de cotisations sociales de 50 %, qui représentaient 1,5 milliard en 2023, et des aides de l’État entre 2000 et 5000 € par an et par jeune !

L’exploitation des jeunes ça suffit !

Le nombre de contrats dans le privé est passé de 290 000 en 2017 à 854 000 en 2024. L’objectif qui était d’augmenter le nombre de travailleurs peu payés a été bien atteint. La première année de formation pour un jeune de 16 ou 17 ans est payée 27 % du SMIC. Même à 20 ans, un apprenti n’est payé qu’à hauteur de 53 % ! Le temps de cours est souvent de 25 %, le reste en entreprise. Avec 6 mois à 3 ans sur place et jusqu’à 40 heures/semaine même pour les mineurs, ce sont des vrais emplois, pourtant payés beaucoup moins.

Dans le dossier de presse de la réforme, on peut lire : « L’apprentissage agit donc réellement comme un ascenseur social à tous les niveaux de qualification ». Un paragraphe explique que l’apprentissage permet aux étudiants du supérieur d’avoir plus de chances d’obtenir un emploi à la fin, et est utilisé pour financer les études.

Encore heureux que trois ans à être exploité en entreprise puissent aider à obtenir un CDI ! Mais les jeunes n’auraient pas besoin de financer leurs études ainsi si les dirigeants qui ont participé à la mise en place de l’alternance n’avaient pas aussi augmenté les tarifs d’universités, diminué les bourses, rendu plus difficile l’accès aux études supérieures, etc.

Même si travailler durant sa formation n’est pas nécessairement une mauvaise chose, en permettant d’acquérir des compétences assez tôt, ici il s’agit justement d’exploiter uniquement de la main-d’œuvre jeune à bas coût. L’accès aux études et à une formation de bonne qualité doit être possible pour tous et toutes, sans être obligé de les financer en échangeant sa force de travail au patronat. Et chaque heure travaillée doit être reconnue comme telle, et payée en conséquence.

Par Lucie Mds, article paru dans l’Égalité n°228