Quel ordre maintenir (et comment) ?

Les récentes affaires de meurtres de noirs par des policiers ou la répression qui s’abat sur les manifestations a commencé à contrer la propagande qu’il n’y aurait que des bavures isolées et à monter que la violence était institutionnalisée. Alors chaque parti y va de sa solution pour « réformer » la police… mais cela changera-t-il les choses ? Il est vrai qu’on gagnerait à virer les éléments d’extrême droite qui la gangrènent et se croient tout permis, ainsi qu’à avoir un contrôle indépendant du travail de la police par les habitants et les organisations de travailleurs mais cela ne serait pas suffisant.

Tout mettre sur le dos des policiers est également une erreur, car pour la plupart ils obéissent aux ordres et donc au pouvoir politique en place. C’est la politique de Macron qui devrait être ciblée, c’est elle qui demande la répression car les capitalistes ont peur d’une révolte des travailleurs qui mettrait leurs intérêts en danger.

D’autres organisations revendiquent la dissolution de la police. En plus d’être illusoire, car cela revient à revendiquer la dissolution de l’État, cela n’est pas sérieux car pour vivre en sécurité, il faudrait la remplacer par autre chose – et cela ne pourra se faire qu’en changeant de système. Didier Lallement, le Préfet de Paris, a osé citer Trotsky pour ses vœux du nouvel an afin d’essayer de montrer que lui-même défendait l’ordre : « Je suis profondément convaincu, et les corbeaux auront beau croasser, que nous créerons par nos efforts communs l’ordre nécessaire. Sachez seulement et souvenez-vous bien que, sans cela, la faillite et le naufrage sont inévitables ».

L’ «ordre» dont Trotsky parle là était celui de la démocratie des travailleurs, lorsqu’ils avaient arraché le pouvoir aux capitalistes et aux grands propriétaires lors de la Révolution russe de 1917. Cet ordre-là n’a rien à voir avec celui dont parlent les défenseurs du capitalisme, y compris l’État français qui utilisait le terrorisme pour tenter de faire tomber le socialisme naissant en Russie. La police, tout comme l’armée, n’est pas là pour garantir la « République » mais pour faire respecter les lois d’un État qui ne sert que les intérêts de sa classe dirigeante.

Occupation de Renault Billancourt en 1936, les comités d’usine assuraient démocratiquement la protection du piquet de grève

Pour l’autodéfense démocratique

La nécessité est avant tout de nous organiser pour nous défendre. Nous devons créer des comités d’autodéfense qui puissent s’occuper de protéger nos piquets de grève et nos manifestations. Ces comités doivent servir et ont servi dans le passé à lutter contre le fascisme, qui ne se prive pas de violence à l’égard du mouvement ouvrier et est son pire ennemi. La violence est légitime pour nous défendre. Ses membres et en particulier ses cadres doivent être élus et révocables, et appliquer les règles décidées en commun. C’est de cette façon que sous le socialisme, une société où les travailleurs sont au pouvoir et gouvernent dans l’intérêt de toute la population, nous envisageons cette « nouvelle police » : des milices ouvrières qui assureront notre sécurité de façon réellement démocratique, c’est-à-dire décidée par tous et toutes.

Par Matthias