Non à la guerre Israël-Iran !

Le gang Netanyahu-Trump étend le conflit régional pour servir la colonisation et la mainmise du capitalisme. Faisons avancer la protestation générale, l’opposition et la grève avec ces revendications : Non à la guerre Israël-Iran ! Assez de la guerre d’extermination à Gaza ! Assez du « gouvernement de la mort » d’Israël – Oui à une lutte transfrontalière pour l’égalité, la santé et la sécurité de tous, non à la domination du capital, à l’occupation et à l’impérialisme !

Article de Shahar Benhorin, du Socialist Struggle Movement (organisation sympathisante du CIO en Israël), publié le 18 juin 2025, traduit depuis l’anglais.

Le gouvernement mortifère de Netanyahu et de l’extrême-droite a déclaré la guerre totale à l’Iran, ouvrant une nouvelle phase d’aggravation dans les conflits du Moyen-Orient — une nouvelle phase destructrice, avec le soutien matériel et politique décisif de l’administration Trump et le soutien de « l’opposition » de l’establishment à la Knesset (parlement) d’Israël.

La démonstration de force offensive militaire sans précédent, initiée par la seule puissance nucléaire tôt dans la soirée de vendredi, a été concentrée jusqu’à maintenant à des attaques sur le programme nucléaire iranien en visant ses infrastructures et installations — y compris en assassinant le haut commandement iranian, dont le chef d’état-major et le commandant des « gardiens de la révolution » — n’hésitant pas à viser également les bâtiments civils. Des habitations ont été bombardées, et des cadres scientifiques iraniens ont été exécutés dans un acte de terrorisme d’État. Tandis que Téhéran s’est limité à lancer ses deux barrages de missiles sur des installations exclusivement militaires d’Israël en avril et octobre 2024, il est possible que le gouvernement iranien décide de « rééquilibrer » les pertes en s’attaquant directement à la population civile.

Cela fait partie de la campagne militaire catastrophique lancée par ce gouvernement — à la suite de l’attaque surprise menée par le Hamas le 7 octobre 2023 — avec le soutien massif de la classe dirigeante israélienne, soutenue par les gouvernements occidentaux, pour exploiter froidement une opportunité historique de remodeler la région conformément à une vision horrible de la domination israélienne du capital et de son occupation au Moyen-Orient dans l’esprit de l’extrême-droite. 

L’objectif de cette offensive d’extention n’est pas seulement de perturber le programme nucléaire iranien afin de priver une puissance régionale rivale de capacités militaires potentielles. Il s’agit plutôt, d’une manière générale, de poursuivre un mouvement en cours depuis le 7 octobre visant à modifier l’équilibre régional des pouvoirs. Il s’agit fondamentalement de la poursuite de l’hégémonie régionale, de la normalisation de l’occupation et de la répression brutale des Palestiniens, de l’amélioration des affaires pour le capital israélien et en particulier pour l’industrie de l’armement, et de la démonstration de la capacité à servir de « poste avancé » pour les intérêts impérialistes occidentaux dans la région.

Bien que les deux bélligérants dans cette confrontation soient des régimes réactionnaires, chacun au service d’une oligarchie stricte, et qu’aucun ne joue un rôle progressiste dans l’intérêt des masses de la région, il ne s’agit cependant pas d’un conflit symétrique. Il s’agit plutôt d’une agression de la part du gouvernement mortifère d’Israël et du capitalisme israélien — la force la plus dangereuse du système régional à l’heure actuelle — soutenue par la puissance impérialiste la plus forte du monde, dont l’influence globale est la plus réactionnaire.

Netanyahou, habitué à une rhétorique manipulatrice qui profane la mémoire de l’Holocauste juif, a déclaré que l’offensive contre l’Iran n’était rien de moins qu’un acte visant à empêcher un « second Holocauste ». Pendant ce temps, les atrocités de masse, y compris les crimes de nettoyage ethnique et de génocide, s’intensifient à Gaza, sous couvert d’une démagogie « sécuritaire » au service de l’occupation et des colonies, piétinant de manière flagrante la vie des otages mais aussi l’avenir de la région — dans le contexte régional également, la campagne militaire menée par la bande de Netanyahou n’a jamais été conçue, à aucun moment, pour rendre la région « plus sûre » et elle n’en est de toute façon pas capable. Bien au contraire.

Le danger d’une réaction en chaîne

Quelle que soit l’ampleur des mesures de contre-attaque prises par le régime iranien et ses alliés de « l’axe de la résistance », et aussi affaibli que soit cet axe, le conflit est en cours, et toutes ses conséquences pourraient encore se transformer en une série de chocs régionaux et mondiaux — y compris l’accélération d’une crise économique mondiale. Les forces du régime iranien et de ses alliés pourraient prendre pour cible les installations énergétiques et d’autres infrastructures de la région, voire bloquer le détroit d’Ormuz. L’armée américaine et diverses forces de la région pourraient aussi intervenir directement. La population civile iranienne pourrait subir d’autres dommages importants, d’autres horreurs pourraient être infligées aux Palestiniens dans le cadre de l’agitation régionale, des civils israéliens pourraient être touchés, et des attaques pourraient même être perpétrées à l’échelle mondiale contre des juifs et d’autres personnes.

Le gouvernement israélien a utilisé des tactiques similaires à celles qu’il a employées lors de son attaque contre le Liban pour affaiblir militairement le Hezbollah, mais cette fois-ci, la cible est un État, et à grande échelle. Le régime iranien ne peut pas se permettre de ne pas répondre avec force à un tel coup stratégique, surtout après les revers subis par « l’axe de la résistance » sous sa direction depuis septembre 2024. Il risque de paraître impuissant, d’alimenter les divisions internes et d’être confronté à une escalade de difficultés dans les luttes de pouvoir locales et régionales — pouvant aller jusqu’à des menaces sur son existance même. La pression exercée sur le régime pour qu’il prenne sa revanche s’annonce immense.

Le fait que le Hezbollah, au Liban, qui se remet encore d’un important revers organisationnel, ait jusqu’à présent limité sa réponse à la condamnation de l’agression israélienne ne signifie pas nécessairement qu’il ne participera pas par la suite à une forme de représailles — potentiellement, le Hezbollah a toujours la capacité d’infliger des dommages infrastructurels plus importants que les frappes de missiles isolées des Houthis. Toutefois, il est probable que ses dirigeants craignent actuellement les coûts militaires et politiques que cela impliquerait.

L’offensive israélienne n’a jamais eu pour but ni pour effet d’éliminer totalement le programme nucléaire iranien. Le centre de recherche d’Ispahan a été touché, mais l’ampleur des destructions à Natanz — la plus grande installation d’enrichissement d’uranium du pays — reste incertaine, tout comme l’impact sur l’installation d’enrichissement parallèle de Fordow, qui est creusée dans une montagne. Quoi qu’il en soit, d’un point de vue technique, même les dommages les plus graves pourraient n’entraîner qu’une perturbation de quelques années dans le développement du programme nucléaire.

L’un des prétextes utilisés par le régime israélien dans sa propagande pour justifier l’offensive, présentée comme une « frappe préventive », est l’affirmation d’une accélération du développement des systèmes d’armes iraniens nécessaires à la production d’une bombe nucléaire, bien qu’aucune preuve claire n’ait été présentée à l’appui de cette affirmation. En outre, il est évident que la planification de l’offensive sous divers aspects, qui implique des forces sur le terrain en Iran même, était de toute façon en cours depuis longtemps.

Tout d’abord, les phases précédentes de la campagne militaire israélienne, en particulier l’assassinat des hauts dirigeants du Hezbollah, ont stimulé une aile du régime iranien qui considère un programme nucléaire militaire comme un mécanisme de défense stratégique contre une agression militaire. Netanyahou a lui-même admis qu’il avait initialement ordonné les préparatifs de l’offensive dès novembre 2024, quelques semaines seulement après l’assassinat de Hassan Nasrallah [secrétaire général du Hezbollah, ndt] : « Il était clair pour moi, ainsi que pour d’autres, qu’avec la rupture de l’axe iranien — qui était une base pour la destruction d’Israël — l’Iran ferait rapidement progresser son programme nucléaire ». Aujourd’hui, cette offensive pousse le régime iranien à redoubler d’efforts pour restaurer ses capacités et, à terme, atteindre cet objectif.

L’appel de Netanyahou aux masses iraniennes, avec l’affirmation hypocrite que la guerre n’est dirigée que contre le régime qui les opprime, aurait tout aussi bien pu être lancé, également de manière hypocrite, par le régime iranien à ceux qui vivent sous le régime israélien lors des barrages de missiles de l’année dernière en direction de l’État d’Israël. Cependant, l’appel du pied de Netanyahou envers les masses iraniennes reflète des aspirations opposées à celles exprimées lors du soulèvement de masse de 2022 en Iran, ou dans les récentes luttes ouvrières et protestations sociales — y compris la grève des chauffeurs routiers dans des dizaines de villes dans les jours précédant l’offensive — concernant les salaires et le coût de la vie.

Symboliquement, le jour précédant l’offensive, Netanyahou a reçu le président argentin Javier Milei, un ennemi des travailleurs et des pauvres. La drague du peuple iranien par Netanyahou représente l’ambition de la classe dirigeante israélienne de changer le régime iranien, de remplacer la dictature rivale actuelle par une autre plus favorable à ses intérêts — un peu comme la monarchie dictatoriale du Shah, qui avait été renversée à l’origine par une révolution avant la prise de pouvoir contre-révolutionnaire des khomeinistes en 1979.

Bien que l’offensive puisse saper la stabilité politique du régime de Téhéran, dans les faits, comme l’état d’urgence permet au gouvernement mortifère israélien de « mettre en veilleuse » les protestations locales contre lui, en Iran, elle offre au régime une opportunité politique de rallier le soutien contre l’agression extérieure et même d’intensifier la censure et la répression contre les voix locales de protestation.

Pressions internationales

La résolution extraordinaire adoptée par les représentants des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne — avec une opposition sino-russe — au Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un jour seulement avant l’offensive israélienne, condamnait Téhéran pour des violations présumées des engagements en matière de surveillance nucléaire, fournissant au gouvernement israélien une justification propagandiste supplémentaire pour lancer son offensive — bien que le système militaire israélien ait déjà été placé en état d’alerte dans l’attente d’ordres depuis le lundi 9 juin.

Contrairement aux séries d’attaques tactiques menées par le régime israélien sur le territoire iranien en avril et octobre 2024, le lancement d’une vaste offensive, qui risque de se transformer en une escalade militaire régionale incontrôlable, tout en récoltant les louanges de Trump, a attiré des réponses plus froides de la part d’autres puissances « occidentales ». En fait, Trump lui-même a cherché à minimiser publiquement la responsabilité de Washington dans l’offensive, car il tient compte des mesures de contre-attaque potentielles contre les bases militaires américaines dans la région et contre d’autres intérêts impérialistes américains, y compris les attentes des régimes arabes. En parallèle, le gouvernement britannique s’est écarté de toute implication, laissant entendre qu’il n’aiderait pas cette fois à contrecarrer une contre-offensive iranienne.

La monarchie jordanienne a intercepté une partie du barrage de drones lancé vers Israël, apparemment par crainte de chutes potentielles sur son territoire, tout en condamnant l’agression israélienne. Le régime égyptien a également émis une condamnation. Bien que les principaux régimes arabes pro-américains de la région soient intéressés par l’affaiblissement du pouvoir de Téhéran, ils n’en sont pas moins préoccupés par les ramifications régionales et intérieures d’une spirale militaire.

L’absence de réaction immédiate de Téhéran au cours de la phase initiale, y compris l’absence de défense aérienne, n’a pas seulement reflété l’impact des premiers bombardements israéliens en Iran le 26 octobre, mais a également révélé un élément de surprise. Et ce, malgré un rapport des services de renseignement américains datant du début de l’année et avertissant qu’une attaque était probable au cours du premier semestre 2025, et malgré l’ultimatum de deux mois lancé par Trump pour tenter de contraindre Téhéran à conclure un accord — qui, aujourd’hui plus que jamais, équivaudrait à un accord de capitulation pur et simple. L’administration américaine pourrait encore être amenée à intervenir directement dans le conflit, mais, contrairement à Netanyahou, elle joue encore avec l’idée que l’offensive militaire pourrait être utilisée comme levier pour obtenir des concessions de Téhéran.

Trump, qui a initialement transgressé le précédent accord nucléaire négocié sous l’égide des États-Unis, a également collaboré à une tromperie médiatique avant l’offensive israélienne, en prétendant que les négociations entre Washington et Téhéran reprendraient dimanche. Même lorsque l’administration a initialement opposé son « veto » à un plan d’offensive israélien en mai, préférant rechercher un accord avec Téhéran en raison des préoccupations liées à l’escalade des complications, elle a simultanément organisé un pont aérien massif d’armes lourdes, précédemment retenu sous l’administration de Biden, aidant ainsi les préparatifs pratiques du régime israélien pour le scénario de l’offensive militaire.

Il convient de noter qu’en tout état de cause, les accords tels que l’accord nucléaire signé sous l’administration Obama en 2015 représentent principalement une tentative des puissances impérialistes mondiales d’imposer un cadre diplomatique de règles (inégales) sur les luttes de pouvoir dangereuses entre les forces régionales. D’emblée, ces accords ne résolvent pas les facteurs fondamentaux à l’origine de ces conflits, qui alimentent eux-mêmes une dangereuse course aux armements.

Le soutien du gouvernement mortifère par « l’opposition » et la nécessité de mesures de lutte

La crise qui a éclaté au sein de la coalition gouvernementale de Netanyahou peu de temps avant l’offensive, et qui était centrée sur la législation relative à l’enrôlement des juifs ultra-orthodoxes dans l’armée pour renforcer la guerre d’extermination et d’occupation, a été résolue grâce à la compréhension par tous les partis de la coalition que le ressentiment de l’opinion publique à l’égard du gouvernement pouvait se traduire par un grave revers électoral, et que la campagne militaire pouvait également leur permettre de tirer des avantages politiques des images de « réussites militaires ».

Cependant, l’offensive ne fait que commencer, et il n’est pas évident de savoir dans quelle mesure et pour combien de temps ils pourront profiter d’un soutien basé sur des impressions aussi superficielles. L’alignement loyal de « l’opposition » israélienne — menée par Yair Golan, Yair Lapid et Benny Gantz — qui fait une nouvelle fois l’éloge d’une action militaire spectaculaire du gouvernement mortifère, souligne qu’il ne s’agit pas simplement d’une manœuvre politique étroite visant à « sauver Netanyahou ». Il s’agit plutôt d’un mouvement géostratégique aligné sur des ambitions plus larges au sein de la classe dirigeante israélienne. Cependant, même ces derniers finiront par se distancer de leur soutien politique objectif au gouvernement à mesure que l’offensive s’enlisera ou que le temps passera.

Sous couvert de l’offensive, le gouvernement israélien de la mort a renforcé le siège de la Cisjordanie, tandis qu’à l’intérieur de la Ligne Verte, il a entamé une nouvelle phase d’interdiction des rassemblements et de gel des manifestations de protestation. La direction de la fédération syndicale Histadrout, à l’instar des partis d’opposition de l’establishment, s’est une fois de plus alignée sur le gouvernement mortifère et sur la guerre au détriment de l’avenir des travailleurs de toutes les communautés. Nous sommes dans une phase d’instabilité et nous ne savons pas encore comment se dérouleront les jours et les semaines à venir. Mais localement, comme globalement, ce qu’il faut maintenant, c’est faire avancer une lutte avec une voix forte et claire contre la détérioration de la région qui s’enfonce dans la spirale du sang et les fantasmes de Trump et de l’extrême droite israélienne.

  • Oui à la construction d’un large mouvement de protestation, au refus de d’alimenter la machine de guerre et aux actions de grève. Organisons un mouvement de protestation démocratique et intercommunautaire mené par des travailleurs ordinaires, sans implication des capitalistes, des généraux ou des politiciens des partis de l’establishment.
  • Non à la guerre entre Israël et l’Iran, assez de la guerre d’extermination à Gaza, renversement du « gouvernement de la mort » et de toutes ses politiques.
  • Contre l’hégémonie d’un gang orgueilleux et assassin qui piétine l’avenir de chacun d’entre nous avec des guerres meurtrières trompeuses, des atrocités de masse et une austérité étouffante, il faut renforcer la lutte transfrontalière pour arrêter la machine de guerre et lutter pour l’égalité, la santé et la sécurité personnelle.
  • Non à la domination du capital, à l’occupation et à l’impérialisme, oui à la transition socialiste de la région.