Médecins à diplôme étranger : Immigrés choisis et très exploités.

Les discriminations raciales sont particulièrement flagrantes et répandues dans le monde du travail. Souvent cela concerne des travailleurs peu qualifiés, dans le bâtiment par exemple, mais de plus en plus cela concerne aussi des diplômés et pas seulement dans le privé.

Article paru dans l’Egalité n°120

La situation est particulièrement scandaleuse lorsque les pouvoirs publics eux-mêmes pratiquent la discrimination sous une forme ou sous une autre. Il y a par exemple beaucoup d’emplois qui sont réservés aux citoyens français sans aucune raison défendable puisque le travail peut être effectué par des étrangers mais avec un statut de non-titulaire, beaucoup plus précaire et généralement plus mal payé. L’enseignement, la Poste et quantité d’administrations regorgent de ces immigrés auxiliaires, vacataires, intérimaires ou autre, qui font le même boulot que le titulaire.

Et puis il y a, dans les hôpitaux publics, notamment aux Urgences, ces médecins, ces chirurgiens, qui doivent bien donner satisfaction, puisqu’on les garde depuis des années, mais que l’on paye à peine plus qu’au SMIC et dont la carrière est quasiment figée parce qu’ils ont obtenu leur diplôme hors de l’Union Européenne. Là, ce n’est pas la nationalité qui est en cause : depuis le temps qu’ils sont sur notre territoire, certains d’entre eux sont devenus français. Mais leur diplôme, lui, ne peut pas être naturalisé. On a pu établir des équivalences pour ceux qui sont devenus médecins ailleurs en Europe, mais pas pour eux.

En 99, sous Jospin, une loi a permis de régulariser quelques cas mais la discrimination a été maintenue. Un projet d’amendement actuellement à l’étude n’améliore que marginalement la situation puisqu’il ne prend pas vraiment en compte les années de pratique et ne fait rien pour faciliter l’obtention du sacro-saint diplôme français. La HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, présidée par Louis Schweitzer, l’ancien PDG de Renault) constate qu’il y a effectivement discrimination. Même le très réactionnaire Ordre des Médecins ne justifie pas l’ostracisme dont sont victimes ces praticiens.

Et rien n’est fait pour augmenter le nombre de médecins à diplôme français ou communautaire exerçant dans les hôpitaux : çà coûterait trop cher ! Nous ne sommes pas dans une situation de catastrophe sanitaire où, momentanément et faute de mieux, on serait obligé de faire appel à du personnel moins qualifié qu’il ne le faudrait. Nous sommes, même à l’intérieur de la fonction publique hospitalière, dans la logique capitaliste d’abaissement du coût du travail. L’injustice doit continuer parce qu’elle est rentable et qu’elle divise les salariés.

Alors ne vous étonnez pas si vous voyez près du Ministère de la Santé le piquet de protestation de l’Intersyndicale Nationale des Praticiens à Diplômes Hors Union Européenne et s’il y a des grèves des soins urgents et non-urgents pendant les week-ends du 14 juillet et du 15 août même si une réquisition administrative est promulguée !

Par Jacques Capet