Malcolm X , vers la lutte révolutionnaire contre le racisme et le capitalisme

Il y a 60 ans, le 21 février 1965, Malcom Little, Al-Hâjj Mâlik al-Shabazz, alias Malcolm X, était assassiné par une conspiration du FBI et de la police de New York. Ils avaient poussé à l’acte des membres de « Nation Of Islam », organisation religieuse nationaliste noire, que Malcolm X avait quittée l’année précédente.

Le récent documentaire Netflix « Qui a tué Malcolm X ? » montre qu’il reste une figure clé. Hélas, les médias font tout pour effacer la lutte révolutionnaire que Malcolm X portait à la fois contre le racisme, la pauvreté, le chômage, la violence d’État, l’exploitation et le système capitaliste. « Si vous ne faites pas attention, les médias vous feront détester les opprimés et aimer les oppresseurs », disait-il.

Ces conditions continuent d’exister et s’aggravent avec la crise mondiale du capitalisme. C’est pourquoi nous pouvons tirer des leçons du parcours de Malcolm X et de ses luttes.

« Si vous ne faites pas attention, les médias vous feront détester les opprimés et aimer les oppresseurs »

Malcolm X

Pour une lutte de masse, radicale et militante contre l’oppression

Nation of Islam (NOI) dénonçait l’oppression raciste et les conditions de vie horribles des noirs. Mais Malcolm X constatait que l’organisation ne proposait aucune action concrète pour lutter. Elle refusait de participer au mouvement social massif pour les droits civiques. Au contraire, NOI prêchait un « séparatisme noir », revendiquant un État pour les noirs dans le sud des États-Unis, qui aurait maintenu la ségrégation raciale et le système capitaliste. Ce projet préservait les intérêts de son dirigeant, Elijah Muhammad, devenu multi-millionnaire (propriétaire d’immeubles, de terrains, d’usines et de magasins) !

De plus, NOI n’était pas du tout démocratique. En raison de désaccords, Malcolm X fut sanctionné puis menacé de mort. Il comprit qu’avec une telle organisation, on ne pouvait pas en finir avec l’oppression des noirs.

À l’opposé, chaque discours de Malcolm X encourageait les personnes concernées à s’organiser pour décider par elles-mêmes comment agir ensemble. Lors du célèbre discours « By any means necessary » de juin 1964, il appelle à participer massivement à la grève des loyers de Harlem, mais aussi à décider et mettre en œuvre collectivement un programme de lutte contre les loyers trop chers et les logements pourris. Ce discours fonde d’ailleurs l’Organisation pour l’Unité Afro-Américaine, qui était laïque pour rassembler et être la plus massive possible.

Malcolm X s’était aussi rapproché des luttes des travailleurs. En juillet 1962, il apporta son soutien au piquet de grève du syndicat « Local 1199 » des travailleurs de la santé de New York : majoritairement des femmes noires et latino-américaines, sur-exploitées dans les hôpitaux « bénévoles » (32 $ pour 48 h par semaine !). Elles luttaient pour de meilleurs salaires et conditions de travail.

Ces luttes amenèrent Malcolm X à faire le lien entre les oppressions racistes et le système économique d’exploitation, en déclarant : « Il n’y a pas de capitalisme sans racisme ».

Une révolution mondiale

Dans les années 1950 et 1960, des mouvements de libération ont eu lieu un peu partout en Afrique (Égypte, Algérie, Tunisie, Ghana, Sénégal, Congo, Angola, Guinée…), aux Caraïbes (Cuba) et en Asie (Vietnam), contre les puissances occidentales qui imposaient à ces pays une domination économique et politique, c’est-à-dire un impérialisme, souvent sous forme de colonies.

En quelques années, ces luttes révolutionnaires firent bien plus contre l’oppression raciste et l’exploitation capitaliste que NOI ne le fit jamais pour quiconque.
En 1964, Malcolm X se rendit en Afrique pour discuter avec des militants et des dirigeants de ces mouvements (Nkrumah, Nasser, Sekou Touré…). Cela fit beaucoup évoluer son analyse et l’amena à conclure que le nationalisme noir ne pouvait pas être une solution. Dès lors, Malcolm X défendit la nécessité d’une lutte internationale contre l’impérialisme et d’une révolution contre le système capitaliste.
les Leçons pour aujourd’hui

Insistant sur la nécessité de s’organiser pour s’armer politiquement et se défendre, et pointant le lien entre capitalisme et racisme, Malcolm X a développé la conscience politique de milliers d’opprimés, jeunes et travailleurs. Ses idées ont inspiré le Black Panther Party, qui forma ses membres au marxisme et mit en place des patrouilles d’auto-défense armées.

Aujourd’hui, on voit à nouveau la montée du racisme, des guerres, des politiques contre-révolutionnaires ; de nombreux pays en Afrique et ailleurs sont toujours sous domination impérialiste ! À nouveau, on voit la montée de luttes révolutionnaires.

La solidarité internationale nécessaire contre l’impérialisme ne peut pas se baser sur un critère identitaire, qui inclut des classes dominantes ayant intérêt à maintenir le système. Le panafricanisme n’a jamais pu stopper le pillage des ressources et l’exploitation des travailleurs. Cette solidarité doit être basée sur la classe des travailleurs, quelle que soit leur religion, leur couleur de peau, en construisant un parti ouvrier international pour le socialisme.

Article paru dans l’Égalité n°226, par John