Opposition aux budgets d’austérité et à la casse des services publics, campagne pour la destitution de Macron, motions de censure à l’Assemblée, mobilisation et manifestations contre le racisme, contre le génocide à Gaza, participation à la flotille… Si on demande dans la rue « quelle est la force d’opposition à Macron ? », sans aucun doute, à gauche, la France Insoumise est citée, reconnue pour sa constance.
Une partie importante des jeunes (près de la moitié des moins de 25 ans selon les sondages) regardent en direction de la France insoumise. Ils apprécient les positions méthodiques contre la casse sociale organisée par Macron-Bayrou et les grands patrons. Ils regardent avec attention les prises de parole des député‑es LFI sur les plateaux télé. LFI est également aujourd’hui la seule force militante à une échelle un peu large qu’on peut rencontrer dans la rue, sur les marchés ou dans les porte-à-porte, notamment dans les grandes villes et les quartiers populaires. Les attaques quotidiennes de la presse à la solde des grands patrons, accusant LFI et Mélenchon d’islamisme, de démagogie et autres, visent essentiellement à en diminuer l’impact.

La situation politique polarisée exige d’être plus forts
Les revendications sociales que porte LFI sont soutenues par la majorité des travailleurs, comme le blocage des prix, l’augmentation des salaires ou encore le retour à la retraite à 60 ans. Pourtant, une grande partie ne soutient pas LFI et certains voient encore, à tort, le RN comme une opposition à Macron, alors que c’est sa béquille. Une partie massive des travailleurs se tient à l’écart de la bataille contre cette politique, faute d’un programme et d’une force politique qui montre et développe le rôle que pourraient jouer les travailleurs conscients de leur force.
L’enjeu pour LFI est de faire tomber Macron. Mais la seule garantie qu’une politique similaire contre les travailleurs et pour les capitalistes ne soit pas menée par une copie de Macron (comme Glucksmann ou E. Philippe), c’est que les travailleurs et les jeunes entrent en lutte et prennent la tête de mobilisations de masse.
C’est à cela que LFI doit répondre, car c’est le nœud de la situation politique et de la crise. C’est d’autant plus vrai si on pense à la possibilité que le RN gagne. Dans les pays où les mobilisations montent contre les gouvernements, on bute sur ce même point : il peut y avoir des millions de personnes dans la rue, sans l’intervention consciente de celles et ceux qui produisent, et sans une grande grève des travailleurs, avec les jeunes, le pouvoir peut tomber, mais un autre du même acabit ou pire le remplace.
LFI doit appeler à la création d’un nouveau parti de masse des travailleurs
La France insoumise est bien loin du potentiel existant. Son programme veut en finir avec le capitalisme, mais le mode d’organisation de LFI, comme les revendications, sont insuffisants pour le faire. Ceci empêche que des milliers de travailleurs et de jeunes rejoignent. Bien que beaucoup comprennent que le combat mené par LFI est sérieux, le fait qu’il n’y ait pas de vraies adhésions ni de « membres » à LFI va à l’encontre de ce sérieux. Et même si « L’institut la Boétie » organise régulièrement des conférences, le manque d’élaboration politique à l’échelon des groupes d’action locaux prive les militantes et militants d’une formation leur permettant d’être plus forts pour rehausser la conscience et l’envie de lutter et de s’organiser. L’éducation politique se fait seulement pour une petite partie des insoumis-es.
La question d’un nouveau parti n’est pas celle d’avoir un énième « parti de gauche » qui ne fait que tenter de rassembler les forces de gauche existantes. Il s’agit d’avoir enfin une force qui avance pour créer un parti des travailleurs contre le capitalisme, contre les guerres, la destruction de la planète et du vivant, en commençant par nationaliser les grands secteurs de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs en lien avec la population.
Article paru dans l’Égalité n°229, par LM