Le Chili vote pour changer la constitution – Une défaite pour la droite !

Après un report, un référendum sur la constitution chilienne a finalement été organisé le 25 octobre et a abouti à une écrasante majorité en faveur du changement. Après le décompte de 90,78 % des voix, 78,24 % ont voté pour le changement de la constitution léguée par la dictature de Pinochet, avec 21,76 % de voix contre. Cela représente une défaite écrasante pour l’extrême droite et les partisans de la précédente dictature militaire.

Dans une hypocrite volte-face, tous les partis et dirigeants politiques, y compris le président Sebastian Piñera, ont fini par soutenir le vote de modification de la constitution. Et ce, malgré le fait que pendant trente ans, y compris sous les gouvernements PS dits « de gauche » de Michelle Bachelet et Ricardo Lagos, ils n’ont rien fait pour proposer de se débarrasser de la constitution de Pinochet. Lagos, après avoir introduit quelques amendements cosmétiques, a proclamé que le Chili disposait alors d’une « Constitution démocratique qui clôturait la période de transition ». Le sénateur du parti socialiste chilien a déclaré publiquement que ceux qui veulent une assemblée constituante « fument de l’opium ».

Alors que des millions de personnes sont descendues dans la rue en octobre dernier (2019) pour réclamer la fin de la dette des étudiants, des bas salaires et du modèle économique, et pour obtenir une assemblée constituante, Piñera et son gouvernement se sont opposés à toute modification de la constitution. Une répression brutale a été déclenchée contre les protestations. Des centaines de jeunes ont perdu un œil après que la police leur ait tiré des coups de feu directement au visage.

Aujourd’hui, les politiciens bourgeois chantent tous une chanson différente. Ils ont appelé à un « oui » au changement lors du récent référendum et ont proclamé le résultat comme une victoire pour eux, pour leurs partis et pour le processus politique. Il est incroyable qu’ils fassent maintenant référence aux manifestations d’octobre dernier comme étant pacifiques, par opposition à la « violence des manifestations actuelles ». Pourtant, au cours du mois d’octobre, les jeunes manifestants ont été dénoncés comme des criminels violents. Plus de 2 500 d’entre eux sont toujours emprisonnés pour avoir participé aux manifestations.

Le vote sur le référendum a été une victoire des protestations et manifestations de masse qui ont eu lieu l’année dernière. C’est une victoire pour la rue, et non pour les institutions politiques. Sans les mobilisations de masse, le changement n’aurait pas eu lieu.

Pour la démission de Piñera et de son gouvernement criminel !

Cependant, un vote en faveur d’une nouvelle constitution est une chose. Le système par lequel une nouvelle constitution sera rédigée n’est guère plus qu’un piège. Deux options ont également été soumises au vote. L’une d’entre elles proposait une convention mixte réunissant les représentants élus des institutions politiques et d’autres « citoyens ». La seconde était une Convention Constitutionnelle de 150 personnes, élues directement, qui rédigerait ensuite une nouvelle constitution qui serait soumise à un autre référendum. Si cette proposition de nouvelle constitution est rejetée, la constitution de Pinochet est réintroduite. Cette deuxième proposition a été approuvée à une écrasante majorité.

En réalité, ce sont les partis politiques existants qui détermineront les candidats à la Convention constitutionnelle. Par ce biais, ils chercheront à garder le contrôle du processus. Des efforts sont faits pour présenter des listes lors des élections à la Convention, ce qui met en évidence les fraudes qui ont lieu. Socialismo Revolucionario (l’organisation-sœur de la Gauche Révolutionnaire au Chili) veut faire campagne pour une véritable assemblée constituante, élue par les assemblées locales des travailleurs, des pauvres et de toutes les couches de la société qui sont exploitées par le capitalisme. Cela permettrait de former un gouvernement des travailleurs et des pauvres.

Il est maintenant crucial de poursuivre la lutte pour la libération immédiate de tous les 2 500 jeunes détenus dans les prisons. Des tribunaux populaires sont nécessaires pour juger les responsables des meurtres de plus de 30 personnes pendant les manifestations et des tortures, abus sexuels et violences perpétrés par l’État.

Après cette victoire, la lutte doit se poursuivre, pour construire des assemblées de masse afin de convoquer une véritable assemblée constituante pour agir dans l’intérêt des travailleurs et de tous ceux qui sont exploités par le capitalisme.

Celso Calfullan et d’autres correspondants de Socialismo Revolucionario (Comité pour une Internatioanle Ouvrière au Chili)