Chômage en hausse, indemnités en baisse…

Le chiffre de chômeurs qui seront touchés au 1er janvier 2004 par la baisse de la durée des indemnités chômage est maintenant connu : 613.000, soit plus d’un quart du nombre total de chômeurs indemnisés par les ASSEDIC.

Article paru dans l’Egalité N°103

Ce n’est pas ces messieurs-dames du MEDEF et de la CFDT qui ont signé la nouvelle convention UNEDIC, ni les membres du gouvernement qui ont avalisé le texte, qui devront faire face à la colère légitime des chômeurs dans les prochains mois. Non, ce sont toujours et encore les agents des ASSEDIC et des ANPE qui devront s’expliquer pour des décisions iniques prises dans des salons climatisés par nos « têtes pensantes ». Pourtant, les agents des deux structures ne sont déjà pas en assez grand nombre pour faire face aux tâches qui leurs sont dévolues et étudier les dossiers avec toute l’attention auquel devraient avoir droit les chômeurs. (cf. article de L’Egalité n°102).

15.000, c’est le nombre de chômeurs en moins pour les mois d’été. Voilà bien une baisse importante du chômage en France ! Mais cette baisse est le résultat de radiations pour des absences aux convocations (les chômeurs comme les salariés ont le droit à un nombre limité de jours de vacances par an – 35 – qu’ils doivent déclarer auprès de leur ASSEDIC), entraînant une incapacité à s’inscrire pour au moins deux mois. Aucune remontée de l’activité et de l’embauche ! L’INSEE prévoit un taux de chômage de 9,8% pour la fin de l’année contre les 9,6% actuelle. Les effectifs salariés devraient subir une perte de 15.000 emplois entre décembre 2002 et décembre 2003. Les défaillances d’entreprises n’ont fait que s’accroître au premier semestre de cette année. Pour l’année 2003, le nombre de faillites devrait s’accroître de 7%, contre 2,1% en 2002. Il faut un taux de croissance minimale de 1,5% pour créer des emplois en France. Or, le taux attendu pour l’année 2003 est de 0,7% ou 0,8%. Donc, le chômage devrait continuer à augmenter.

Et toujours plus de précarité !

L’emploi est prétendument l’une des priorités du gouvernement. Mais toutes les mesures prises ne font qu’accentuer la précarité et les petits boulots. Et lorsque les mesures pour l’emploi concernentdes CDI et de longs CDD, elles sont accompagnées de cadeaux en exonération de charges sociales ou en primes versées aux patronats ; autrement dit, salariés et chômeurs financez vous-mêmes votre emploi, sans assurance d’obtenir l’insertion professionnelle stable attendue.

Dès septembre seront mis en place les Civis qui viendront remplacer les emplois jeunes. Les critères pour accéder aux Contrat Initiative Emploi (CIE) et au Contrat Emploi Solidarité (CES) ont été assouplis et une rallonge budgétaire a été accordée afin d’en accroître le nombre. Le Revenu minimum d’activité (RMA), qui à terme devrait remplacer le RMI, quant à lui, est encore en discussion d’être mis en place pour le 1er janvier 2004. Le RMA risque d’instituer l’obligation de travailler à temps partiel (20 heures), sans cumul possible avec un autre emploi, pour des employeurs privés ou publics afin de pouvoir percevoir les minima sociaux. Cette mesure, concernant pour l’instant les Rmistes inscrits au chômage depuis plus de 2 ans (il est question d’appliquer cela aux chômeurs inscrits depuis 1 an), permettra aux employeurs d’avoir une mains d’œuvre pour 6 mois renouvelables deux fois (18 mois maximum) pour un coût horaire moyen de 4,15 euros, soit 360 euros par mois.

En outre, dès le 5 septembre, les syndicats et le patronat devraient reprendre leur négociation sur la formation professionnelle continue. Le concept de formation tout au long de sa vie est une pure mascarade. Il est de plus en plus difficile de se former lorsque l’on est chômeur. C’est souvent un véritable parcours du combattant pour le chômeurs et une véritable usine à gaz pour les agents ANPE ayant pour mission de valider les projets et de monter les plans de formation. Les financements sont réservés aux formations courtes pour des métiers « porteurs ». Les rémunérations, pour les chômeurs indemnisés par les ASSEDIC, sont fonction du montant et de la durée des droits ; comme cette dernière tend à diminuer, la possibilité de faire des formations diminue aussi.

Par Yann Venier