Tunisie : Liberté d’expression en danger !

Deux rappeurs ont été condamnés pour avoir dénoncé la brutalité de la police – SOLIDARITÉ !

Deux jeunes rappeurs tunisiens engagés ont récemment été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir écrit et chanté des textes critiquant la police ainsi que la corruption, le népotisme et la violence enracinés en son sein. L’un d’eux, « Weld El 15 », avait déjà été condamné en juin à deux ans de prison pour un de ses textes (‘‘El Boulicia Kleb’’ – ‘‘Les policiers sont des chiens’’), mais avait été libéré en juillet suite à l’indignation et aux actions de protestations que cela avait entraîné.

Précédemment déjà, alors que Klay BBJ était au Maroc, en février 2013, sa mère avait reçu la ‘‘visite’’ de deux policiers en civil qui lui avaient livré l’avertissement suivant : ‘‘Klay doit arrêter de faire des chansons qui parlent de politique.’’

Le 22 août, les deux rappeurs ont été arrêtés alors qu’ils se produisaient sur scène à un festival à Hammamet. Weld El 15 a été violemment battu par la police face à la foule et, après sa libération, a dû se rendre à l’hôpital à cause de ses sérieuses blessures. Klay BBJ a quant à lui été tabassé durant sa garde à vue. Tous deux ont été relâchés après que leurs cartes d’identité aient été confisquées par la police. Une vidéo de la descente de police durant le concert peut être vue sur le lien suivant.

Le 29 août, ils ont été inculpés et jugés par contumace pour avoir ‘‘agressé un agent de police en service’’, pour avoir ‘‘attaqué la morale publique’’ et pour ‘‘calomnies’’. Tous deux ont reçu un total de 21 mois d’emprisonnement. Ils n’avaient même pas été informés des charges qui pesaient sur eux ni du jour de leur jugement !

Il s’agit d’un exemple très illustratif de la vague croissante de répression et de menaces qui s’est abattue sur un très large éventail d’opposants de gauche, d’artistes, de journalistes, d’intellectuels, de syndicalistes, etc., au cours de cette dernière période, de la part du parti d’Ennahda, le parti au pouvoir, et de ses sbires, de la police, des groupes salafistes et d’autres encore.

Il s’agit aussi du cadre dans lequel il faut considérer la grève nationale organisée le 3 septembre dernier par le Syndicat national des journalistes tunisiens des stations de radio appartenant à l’Etat, qui se sont opposés à la nominations arbitraires de responsables à la solde d’Ennahda à la tête de ces médias et qui ont défendu la liberté de la presse contre la censure policière.

Envoyez de toute urgence des lettres de protestation (exemple ci-desous) au ministère de la Justice tunisien afin d’exiger l’abandon des charges retenues contre Weld El 15 et Klay BBJ et pour défendre les droits fondamentaux d’expression contre les méthodes autoritaires du gouvernement de l’Etat tunisien et de la police : mju@ministeres.tn. Envoyez une copie de vos mails à cwi@worldsoc.co.uk.

  • Abandon de toutes les charges retenues contre Weld El 15 et Klay BBJ!

  • Pour la liberté de la presse, pour la liberté d’expression, pour le respect de tous les droits démocratiques !

  • Non aux menaces et aux attaques contre les opposants au régime d’Ennahda – Non à la brutalité policière!

Modèle de lettre de protestation :

À l’attention de M. le ministre de la Justice de TunisieNous venons d’apprendre les lourdes peines de 21 mois de prison prononcées récemment contre les deux rappeurs Weld El 15 et Klay BBJ. Nous avons également été informés du fait qu’ils n’étaient même pas au courant de leur jugement ni du jour où celui-ci a eu lieu.

Ces deux artistes ne faisaient qu’exercer leur liberté d’expression la plus basique en condamnant la brutalité de la police, la corruption et le népotisme de la société Tunisienne.

– Nous condamnons avec force les violences policières perpétrées contre ces deux artistes.

– Nous demandons l’abandon complet et immédiat de toutes les charges qui pèsent contre Weld El 15 et Klay BBj.

– Nous défendons la liberté d’expression et de presse et la garantie de droits démocratiques pour tous et toutes.

– Nous demandons l’arrêt des menaces et des attaques contre les opposants au régime d’Ennahda.

Soyez assuré que notre solidarité internationale ne faiblira pas tant que la répression continuera à sévir.