La faillite du nouvel ordre mondial

Bush et compagnie nous préparent la « première » guerre du XXIème siècle, pourtant ni en Afrique, ni au Moyen Orient ou ailleurs les guerres ne se sont arrêtées au 31 décembre 2 000. Le « nouvel ordre mondial » voulu par Bush père à l’issue de la guerre du Golfe en 91 sera-t-il parachevé par le fils ?

Article paru dans l’Egalité n°90

Il y a 10 ans, l’URSS s’écroulait, les armées occidentales sous l’égide de l’ONU et la direction des USA, « libéraient » le Koweit tout en laissant l’Irak à genoux, pleurant ses 300 000 morts, subissant Saddam Hussein et un embargo de l’ONU terrible qui a fait plus d’un million de morts depuis 1991. A la tête du Koweit est revenu le prince qu’avait chassé les armées irakiennes, et ce régime dictatorial a pu continuer sa sur-exploitation des travailleurs koweiti et des immigrés palestiniens, afghans et autres. qui travaillent dans les champs de pétrole au profit des grandes familles du Koweit et des multinationales occidentales.

Le nouvel ordre mondial, c’était surtout l’irruption de l’impérialisme américain dans tous les endroits où l’influence soviétique disparaissait et où les impérialistes de second rang (France et Grande Bretagne notamment) n’avaient pas les moyens de se réimplanter.

Le premier pays visé fut la Somalie et ce fut un échec complet, doublé d’une horreur pour les populations civiles locales que les soldats américains et européens, sous couvert de l’ONU toujours, ont attaqué  » parce qu’elles se solidarisaient des bandes rebelles « .

Les USA devinrent plus prudents mais l’instabilité de part le monde s’accroissant, le recours à la force armée fut quasiment à chaque fois nécessaire. Depuis l’expérience somalienne, les frappes aériennes étaient privilégiées. Le problème n’était pas que les généraux US craignaient de perdre des soldats mais qu’ils craignaient l’impact que cela pouvait avoir dans la population américaine, notamment depuis la défaite au Vietnam. Alors en Yougoslavie, au Soudan et ailleurs ce sont les frappes aériennes, l’enfer venu du ciel, que le gouvernement des Etats Unis déversa sur les populations.

L’assurance avec laquelle les dirigeants des USA disent aujourd’hui que les représailles seront longues et coûteuses humainement y compris pour les USA montre à quel point ils cherchent à se servir de la tragédie du World Trade Center pour passer cet obstacle intérieur.

Le Nouvel Ordre mondial de Bush père a amplifié l’instabilité de part le monde

Ce nouvel ordre coïncide avec ce qu’on appelle la mondialisation, c’est à dire une concurrence accrue entre les multinationales, qui se traduit par la casse de nombreux acquis des travailleurs, la dégradation continue des conditions de travail, et une vie de misère pour un nombre croissant de gens, partout dans le monde. Le désarroi dans lequel la chute de l’Union soviétique a plongé de nombreux mouvements populaires, généralement dominés par les staliniens et donc peu préparés à cette chute, a permis à de nombreux mouvements populistes et réactionnaires de récupérer le mécontentement des masses. Ceci combiné au fait que pendant la période de la « guerre froide », les impérialistes, USA en tête, se sont systématiquement appuyés sur ceux qui s’opposaient à une propriété collective des moyens de production. C’est ainsi que dans le monde arabe ou musulman, les fondamentalistes religieux ont bénéficié du soutient des impérialistes et de leurs relais. En Palestine, le Hamas a directement été aidé par l’état d’Israël et l’Arabie Saoudite pour contrer l’influence d’organisation comme le FDLP et le FPLP. En Afghanistan, tous les groupes islamistes ont eu droit au soutien des impérialistes. Ce qui fait dire à l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, par rapport à cette opération :  » Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les Talibans ou la chute de l’empire soviétique ? « . On ne peut être plus clair. Les impérialistes n’ont pas seulement joué avec le feu, il l’ont attisé et l’attiseront encore à chaque fois qu’ils en auront besoin.

Le talon de fer capitaliste

La première étape de la constitution de l’impérialisme américain a été la conquête de l’empire intérieur et le génocide de la population qui y vivait. Ensuite le terme « l’Amérique aux Américains » s’est appliqué également pour l’Amérique Centrale puis pour l’Amérique du Sud. En 1898, l’explosion accidentelle du cuirassé « Maine » donne le prétexte à la « Splendid little war » qui permettra aux Etats Unis de prendre Cuba, et de chasser définitivement l’Espagne des Amériques et de s’implanter dans le Pacifique, aux Philippines notamment. L’explosion du  » Maine  » était un accident, mais les journaux bourgeois américains, s’empressèrent de parler d’acte de guerre, et de pousser à une guerre contre l’Espagne. Pearl Harbour en 1941 fut utilisé, voire provoqué, pour les même raisons. Le cynisme des dirigeants est à chaque fois de se poser la question, « comment allons-nous tirer avantage de cela pour amplifier notre politique impérialiste ? ».

La misère dans laquelle le nouvel ordre mondial a plongé de nombreux pays a favorisé les actions désespérées. En Palestine ou à New York, des gens sont prêts à mourir pour une place au paradis, un peu d’argent pour leur famille et surtout parce qu’ils ne voient pas d’autre moyen de lutter. Une telle tactique ne règle pas les problèmes et permet aux Etats de justifier l’arsenal répressif tant intérieur qu’extérieur. Mais en même temps, cela montre à quelles extrémités en sont réduits des peuples entiers. Cela montre que le capitalisme est un système d’oppression, basé sur l’injustice, l’exploitation. Cela montre également que ce système est incapable de régler les problèmes qu’il engendre. Tout ce qu’il réussit à faire, c’est reporter de quelques années les problèmes en réprimant dans le sang les aspirations des jeunes et des travailleurs du monde entier.