Réponse à ceux qui refusent que le mouvement altermondialisation « fasse de la politique »

Larzac , août 2003 : 200 000 personnes sont présentes pour écouter José Bové à sa sortie de prison. Le mouvement altermondialiste a pris un poids croissant alors que se sont développés le mouvement anti-guerre au début de cette année et les luttes sociales en Europe.

Article paru dans l’Egalité n°104

L’étendue de ces mouvements et la résistance des jeunes et des posent de nouveaux objectifs au mouvement altermondialiste. Des slogans comme  » d’autres mondes sont possibles  » sont les emblèmes du mouvement et montrent la recherche d’une alternative au capitalisme. Pouvoir répondre sur les moyens de réellement faire gagner les luttes contre l’occupation de l’Irak ou lutter contre les privatisations, c’est crucial et hautement politique.

Le mouvement altermondialiste est devant un double problème : continuer à dénoncer les horreurs et aberrations du système capitaliste et avancer une stratégie pour y mettre fin.

La perspective est floue et affaiblit le mouvement. Cette situation ne peut pas durer éternellement. José Bové ou Nikonoff, président d´ATTAC affichent d’ailleurs leurs difficultés à gérer ces enjeux actuels. José Bové refuse que le mouvement altermondialiste fasse de la politique. Nikonoff surenchérit et dénonce le risque d’assimilation à l’extrême gauche si le mouvement est trop radical. Selon eux, ce serait rompre le consensus au sein du mouvement, risquer la récupération politique et l’éclatement.

Récupération politique ?

Les craintes de récupération existent chez de nombreux militants. L’absence de possibilité de discuter et de décider au sein du mouvement les renforce. Mais nous ne partageons pas l’idée des dirigeants de maintenir le flou pour  » sauver  » l’homogénéité du mouvement. Pour l’instant, sont majoritaires ceux qui rejettent la présence de partis politiques par peur d’utilisation du mouvement altermondialiste.

Cette tactique d’évitement sert, de fait, souvent la soupe aux grosses forces comme le PS, qui piochent quelques idées un peu radicales pour leurs campagnes électorales et continuent au pouvoir en Europe leur politique en faveur du patronat. Pour nous, c’est une erreur de refuser le rôle de politisation qu’a le mouvement. Nous avons besoin de toutes nos forces pour contrecarrer et riposter face aux partis qui organisent les réformes libérales et antisociales. De nouveaux partis des travailleurs doivent se développer pour unifier les luttes, combattre le capitalisme et en finir. Le mouvement devrait pouvoir en débattre en même temps que de l’alternative au capitalisme.

Il est temps pour l’alternative socialiste !

La diversité du mouvement altermondialiste a ouvert les yeux de millions de gens sur la violence du système actuel et de ses dirigeants. La multiplication des attaques contre les conditions de vie et de travail montre que le capitalisme ne peut désormais que détruire un peu plus l’environnement, les liens sociaux…

C’est le moment pour le mouvement anti mondialisation de se battre pour une véritable alternative, une société dans laquelle les besoins de tous seront placés au cœur du système, et les ressources utilisées et organisées démocratiquement. C’est le socialisme.

Par Leïla Messaoudi