Le RN, la justice et les moyens de combattre l’extrême droite

La semaine politique en France a été dominée par la condamnation de Marine Le Pen à 4 ans de prison dont deux ans fermes sous bracelet électronique et cinq d’interdiction de se présenter aux élections. Huit autres eurodéputés du RN, dont le vice-président Louis Aliot, sont aussi condamnés pour le détournement de 4,1 millions d’euros –rien que ça !- de fonds publics, ayant fait « prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour le parti ». 

 Que le RN utilise depuis toujours l’argent public pour faire vivre son parti, ce n’est pas nouveau. De nombreuses affaires ont déjà abouti à des condamnations les concernant. La condamnation de Le Pen est par contre une première. On ne peut que se féliciter que leurs magouilles soient condamnées. Mais ces condamnations n’éliminent pas le RN de la scène politique.
 
 Ce qui questionne ce sont les conséquences politiques de ces condamnations. Rien n’est moins sûr que la mise à l’écart de Le Pen tienne. Elle a obtenu un procès en appel express, à l’été 2026, avant la présidentielle. Mais la perspective que ni elle, ni Macron, ne puissent se présenter, rebat les cartes des partis bourgeois que sont Renaissance, Les Républicains et le RN ainsi que celles du PS.

Le RN est secoué mais veut profiter du moment

Le RN est bien entendu secoué par les condamnations de ses dirigeants et l’amende de 2 millions qu’il doit payer en plus. Les finances de ce parti ont toujours été très fluctuantes et dépendent des subventions aux partis politiques mais aussi d’emprunts… Des capitalistes ont financé le RN, comme le cimentier Lambert et le fondateur de la chaine de parfums Marionnaud. Les récents succès électoraux leur apportent des financements. Sa subvention publique devrait avoisiner les 20 millions d’euros cette année, soit un quadruplement depuis 2022. Mais leur instabilité financière révèle la nature de ce parti, une organisation sans vraie base militante, avec des riches, des arrivistes et des parvenus aux commandes. Et quand certains partent, ils prennent une partie de la caisse !
 
 Ils se placent en victimes du système et contestent évidemment les peines. Leur appel à manifester le dimanche 6 avril pour dénoncer la condamnation du RN et de sa dirigeante a été un échec en termes de mobilisation. Peu de gens se sont déplacés au rassemblement, ce qui montre la faiblesse de la structure politique qu’est le RN. Pour autant, à une échelle large, une grande partie des électeurs du RN, lors de sondages, confirment qu’ils renouvelleront leur vote pour ce parti. 
 
Il est clair qu’une condamnation judiciaire, même exemplaire, ne stoppera pas le vote d’une partie des couches populaires pour le RN. Et l’attitude de Bayrou se déclarant interrogatif après l’annonce de l’inéligibilité de Le Pen en dit long. Le RN est « l’opposant » utile pour Macron et la droite. D’abord, Bayrou, qui n’a pas la majorité à l’assemblée, s’appuie régulièrement sur le RN pour faire passer ses lois antisociales contre les travailleurs, son budget d’austérité contre les services publics et bien sûr ses lois racistes. Puis dans la perspective de l’élection présidentielle dans deux ans, Le Pen était à nouveau la candidate préférée pour permettre une nouvelle victoire du camp macroniste et de la droite.

Pour des manifestations massives contre le RN et l’extrême droite ! 

Face au RN qui se victimise, une partie importante des jeunes et des militants veut sortir dans la rue. Des organisations de jeunesse, la France insoumise et EELV avaient appelé à un contre rassemblement à Paris en même temps que celui du RN le dimanche 6 avril dernier. Il ne faut pas les laisser occuper l’espace politique. Il faut s’organiser ensemble pour lutter contre la propagande du RN et contre son programme et sa politique. 

La GR milite pour un appel à une mobilisation massive dans la rue, car c’est là que le vrai rapport de force se fait. Seule une mobilisation de masse dans l’unité des jeunes aux côtés des travailleurs sera efficace pour faire reculer le RN avec un appel clair à lutter contre la casse de nos droits, contre le démantèlement des services publics, pour de vrais salaires, de vrais logements pour toutes et tous. C’est toute cette politique au service des capitalistes, raciste, discriminante qui fait le lit douillet du RN… 

Sur quelles bases ?

Des mobilisations sont appelées dans certaines villes et à Paris le 12 avril au nom de la défense de l’état de droit. Ces mobilisations sont relayées par le PS et d’autres forces. Ils prétendent lutter contre le RN mais mènent des politiques similaires à celles de Macron permettant précisément la progression de l’extrême droite. La Gauche Révolutionnaire veut discuter avec toutes celles et ceux qui veulent battre le RN et se battre contre les politiques qui leur permettent de se développer électoralement. Nous irons à ces rassemblements là où ils ont lieu mais ne nous joignons pas à l’appel au nom de la défense de « l’état de droit ». 

De quoi parle-t-on avec l’état de droit ? Celui qui s’attaque continuellement aux militants syndicaux, politiques ou associatifs ? Celui qui traite toutes les contestations par la répression policière ? Celui qui permet de détruire tous les services publics ? Ce n’est pas sérieux que la CGT en particulier signe cet appel. L’État français, est au service de la bourgeoisie. Les droits des travailleurs au boulot, les droits démocratiques, le droit de vote, d’expression ont été conquis par des luttes de masse depuis la Révolution française. Mais ils sont chaque fois que possible remis en cause par des gouvernements au service des capitalistes toujours plus autoritaires. Ce n’est que lorsque ça les intéresse, que leur pouvoir est menacé, qu’ils utilisent l’argument de la défense de la démocratie pour tenter de nous faire croire, qu’eux et nous, aurions des valeurs et des intérêts communs. Ils s’en servent pour leurs intérêts pas pour ceux des travailleurs et des jeunes. 

Luttons pour dégager le RN et Macron !

Les mobilisations dynamiques antiraciste et antisexiste des 22 et 8 mars derniers, montrent le potentiel qu’il y a, y compris dans la jeunesse, pour se mobiliser massivement tellement ces politiques nous dégoûtent. Les organisations du mouvement ouvrier, notamment les syndicats comme la CGT devraient impulser ce genre de mobilisation plutôt que de signer un appel comme celui du 12 avril qui prétend mobiliser contre le RN seulement sur des bases morales. Lutter contre la politique du RN, implique aussi de lutter contre la politique de Macron qui défend fondamentalement les mêmes intérêts et qui sert de marche pied à l’extrême-droite. L’un ne va pas sans l’autre. 
  • Préparons dès maintenant la mobilisation du 1er mai contre Macron et le RN, contre le racisme et toutes les discriminations et contre la guerre
  • Du boulot et un logement = pas de racisme !
  • Luttons pour zéro licenciements
  • Pour de vrais emplois, de vrais salaires et un logement décent et abordable pour toutes et tous !
  • Pour une vraie date de journée de grève interprofessionnelle militante en mai préparant 3 jours de grève consécutifs dans la foulée contre Macron Bayrou et les capitalistes 

Le financement des partis, l’indépendance politique et la révocabilité des élu.es : une question essentielle !

Actuellement, la très grande majorité des partis bourgeois et les syndicats ont des finances qui reposent sur le financement public et les subventions. A l’inverse, les organisations et partis des travailleurs et des jeunes devraient avoir pour objectif l’indépendance politique des travailleurs et des jeunes, la possibilité de produire le matériel que l’on veut, quand on veut, sans rendre de compte à d’autres personnes qu’aux travailleurs et aux jeunes ainsi qu’aux militants de notre parti. Ceci implique que les finances ne dépendent pas des subventions de l’état ou de quelconque financement extérieur. C’est ainsi que la Gauche révolutionnaire fonctionne, uniquement grâce à l’activité militante, aux dons et aux cotisations de ses membres.
 
 En France, comme dans d’autres pays, à la Gauche révolutionnaireCIO, nous nous battons pour que les élu.es soient payés au salaire moyen d’un travailleur qualifié et que les élu.es reversent les sommes qu’ils perçoivent au soutien aux luttes des travailleur.ses et ce, de manière publique. Nous sommes pour la révocabilité des élu.es qui doivent rendre des comptes sur leurs positionnements régulièrement – et pas seulement tous les 5 ou 6 ans !