Construire la grève contre le CPE : comment faire ?

Des universités bloquées par des grèves, une coordination nationale étudiante qui se construit peu à peu (des étudiants de 32 universités participaient fin février), une plate-forme revendicative qui rejette aussi bien le CPE que la loi dite « égalité des chances »… Le mouvement contre le CPE se construit peu à peu. Il lui faut se renforcer, éviter l’isolement, et connaître les obstacle qui peuvent se faire jour.

Article paru dans l’Egalité n°118

Le CPE ne pourra être stoppé que par une grève commune des travailleurs et des jeunes. Ce ne seront ni les actions isolées, ni une mobilisation limitée à la jeunesse qui suffiront. Cela veut dire tenir compte des échecs des mobilisations de l’année 2005 et du caractère démoralisateur qu’ils ont pu avoir. Ainsi, beaucoup de jeunes se demandent si manifester et faire grève va avoir une utilité.

Il faut donc d’une part continuer d’expliquer ce qu’est le CPE pour donner des arguments à tous, mais également expliquer comment le combattre comment se mobiliser. Les manifestations ne servent qu’à montrer notre nombre et notre détermination. Elles doivent avoir des slogans combatifs et permettant de rassembler les jeunes, les travailleurs… et de continuer à appeler l’ensemble des secteurs à participer à la lutte.

Sur tous les lieux où c’est possible, des comités de mobilisation doivent se former pour rassembler ceux et celles qui veulent organiser la lutte et préparer les dates de manifestation et de grève. Ce genre de comité peut aussi bien sortir du matériel d’explication, des pétitions, mais aussi multiplier les interventions en direction des entreprises, sur les lieux publics etc. pour mobiliser l’ensemble des jeunes, des travailleurs, des chômeurs, etc.

La grève de la jeunesse doit servir à construire une grève de tous

Beaucoup de syndicats locaux, et même certaines fédérations syndicales sont pour une véritable grève contre le CPE et les autres attaques du gouvernement. Les secteurs déjà mobilisés doivent essayer d’entrer en contact avec ces syndicats, pour organiser des initiatives communes, des assemblées générales pour discuter des revendications et des moyens d’action.

La grève qui s’est développée dans la jeunesse permet de montrer la direction dans laquelle il faut aller. Les étudiants de Rennes ont réussi à donner une impulsion. Ils ont été suivis par d’autres universités, des IUT, des lycées.

Pour la première fois au même moment depuis longtemps, des Universités parisiennes comme Jussieu, Nanterre, Villetaneuse, Tolbiac,… réunissent des assemblées générales qui discutent de la lutte et tentent d’organiser la grève. Celles-ci dépassent souvent les 500 participants ce qui pour un début de mobilisation est largement positif.

Une coordination nationale étudiante tente de se constituer qui a appelé à « faire du 7 mars une grève interprofessionnelle réussie et le début d’un mouvement d’ampleur ». C’est dans cette direction qu’il faut aller mais il faut expliquer comment on peut construire une telle grève interprofessionnelle. Les Universités en grève doivent non seulement continuer la grève sur les facs mais également essayer de travailler avec les syndicats de travailleurs qui veulent aller dans ce sens. Il faut également mettre en avant ce qui nous rassemble tous : le retrait du CPE et l’abrogation du CNE, le refus de la loi dite « égalité des chances ». Il est important que les autres revendications défendues par certaines universités comme Rennes ou Toulouse (rejet de la réforme LMD, amnistie des lycéens qui ont participé au mouvement contre la loi Fillon, des personnes poursuivies suite à la révolte des quartiers populaires en novembre 2005…) ne soient pas abandonnées mais nous devons avant tout mettre en avant ce qui peut nous rassembler tous.

Tous et toutes dans la lutte, Tous et toutes en grève

Le refus de la plupart des organisations de jeunesse d’appeler réellement à la grève, tout comme plusieurs directions syndicales ou celles des principaux partis de « gauche », montre les obstacles qui s’opposent à nous. Les organisations du collectif « stop cpe » sont de plus en plus réticentes à soutenir la coordination nationale étudiante…

Les leçons du mouvement sur le loi Fillon ne doivent pas être oubliées. Les organisations de jeunesse et les directions des syndicats de l’Education ont refusé de soutenir réellement la grève. Certains ont essayé des blocages et des occupations pour pallier à l’absence de mouvement de masse. Autant les blocages peuvent être une action efficace autant ils ne servent à rien si ce n’est pas dans la perspective d’amplifier le mouvement. Face à l’immobilisme des dirigeants syndicaux, il faut surtout comprendre que ce qui manque, c’est une véritable alternative à ceux-ci. Il faut alors se doter de structures qui permettent de réellement organiser la lutte à une échelle de masse, indépendamment des bureaucraties syndicales.

Il faut donc former des comités de mobilisation sur chaque secteur pour préparer la grève, en se tournant vers les travailleurs y compris en essayant de travailler avec les syndicats. Organisons des assemblées générales pour permettre à tous de discuter des attaques du gouvernement et des moyens de les combattre. Chaque fois, il faut essayer de mettre en place des coordinations locales composées de représentants élus en assemblée générale. En construisant la lutte de manière massive, combative et démocratique, unissant les jeunes et les travailleurs dans la grève, on peut construire le mouvement d’ensemble qui stoppera Villepin-Sarkozy. Partout où ils sont, sur les lycées, les facs, les entreprises, les militants de la Gauche révolutionnaire veulent agir pour construire cette grève commune des jeunes et des travailleurs.