Réponse au discours d’Obama sur l’Etat de l’Union

7kshamaKshama Sawant, Socialist Alternative (CIO aux USA), Conseil Municipal de Seattle
Jeudi 28 janvier 2014
Ce soir, le président Obama a parlé de l’aggravation des inégalités.
Mais c’est un témoignage de sa propre présidence. Une présidence qui a trahi les espoirs de dizaines de millions de personnes qui ont voté pour lui par désir de changement fondamental, loin des politiques corporatistes et des guerres.
La pauvreté est à un niveau record : 95 % des gains de productivité dus à la soi-disant reprise sont allés aux 1% les plus riches.
L’insistance du président sur l’inégalité des revenus était un aveu de l’échec de sa propre politique.
Un aveu contraint par des rassemblements, manifestations, grèves dans les fast-foods et par les travailleurs précaires exigeant un salaire minimum de 15 $ de l’heure. Un aveu contraint par l’indignation causée par l’approfondissement du fossé entre les très riches et ceux d’entre nous qui œuvrent pour créer cette richesse dans la société.
Alors que les criminels de Wall Street sont renfloués par l’Etat, de courageux dénonciateurs comme Edward Snowden sont traqués et les actes anticonstitutionnels qu’il a révélés continuent.
Obama est le Président qui utilise les applications pour smartphone – les jeux comme Angry Birds – pour espionner des dizaines de millions de gens ordinaires dans une violation complètement flagrante des droits constitutionnels fondamentaux.
Le président proclame mettre fin à deux guerres, alors qu’il continue à intensifier une campagne brutale de guerres de drones dans plusieurs pays, tuant des centaines de civils innocents, sans oublier le sort des soldats revenant avec des problèmes médicaux à vie ou la une baisse des prestations sociale aux anciens combattants.
Obama est le président dont le site web piraté est le symbole de l’espoir brisé de millions qui ont cru à ses promesses de système de santé universel.
 « Le changement climatique est un fait, » dit Obama.
Voici un autre fait : le changement climatique devient de pire en pire sous sa présidence. Il y a eu une augmentation massive de pratiques incroyablement destructrices telles que l’utilisation du charbon et de la fracturation hydraulique.
L’arrêt de la construction du pipeline géant de Keystone, désastreux pour l’environnement, a été rendue possible non pas grâce à Obama ou au Congrès, mais grâce aux milliers de gens courageux qui se sont organisés et qui sont entrés en action directe.
Obama crie : « réparons notre système d’immigration ». Il est le président sous lequel les expulsions ont atteint un nombre record.
Mes frères et sœurs, ces problèmes ne sont pas nouveaux. Et ils ne sont pas accidentels.
Les travailleurs sont confrontés, depuis près de quatre décennies, à la stagnation des salaires et à des inégalités de revenu toujours plus grandes.
Quatre décennies, avec quatre présidents républicains et trois présidents démocrates. Quatre décennies qui montrent qu’aucun de ces deux partis ne peut résoudre ces problèmes et que fondamentalement, les deux représentent les mêmes intérêts, les intérêts des grandes entreprises super-riches.
Nous avancerons uniquement sur la base d’un changement systémique fondamental. Nous avons besoin de rompre avec les politiques de Wall Street et l’Amérique des entreprises. Nous avons besoin d’une rupture avec le capitalisme. Le capitalisme a trahi les « 99 % ».
Les deux partis se plient au libéralisme et servent loyalement les intérêts de leurs maîtres, les patrons des entreprises ; la seule différence étant jusqu’à quel point.
Le système politique est complètement dysfonctionnel et brisé. Il se noie dans l’argent corporatiste. Les travailleurs, les jeunes, les personnes de couleur, femmes, personnes âgées, handicapés, immigrés ; les « 99 % », n’ont de voix ou de représentation.
Nous avons besoin de notre propre parti politique. Indépendant des grandes entreprises et indépendant des partis des grandes entreprises.
Certains disent que c’est impossible.
Mais regardez l’exemple de ma campagne pour la Mairie de Seattle. Je me suis ouvertement présentée comme socialiste. Je n’ai pas accepté un sou de l’argent des grandes entreprises. Ma campagne a collecté 140 000 $ venant des dons de travailleurs ordinaires. Je me suis présentée comme une alternative indépendante de la classe ouvrière face à l’establishment capitaliste.
Je me suis présentée sur une plate-forme soutenant un salaire minimum de 15 $ de l’heure, une taxe sur les super riches pour payer l’éducation et les transports en commun, et pour des logements abordables et le contrôle des loyers.
Je n’accepte pas le salaire moyen actuel d’un travailleur ; tandis que les politiciens à Seattle et au Congrès sont totalement coupés de nos vies.
Nous avons construit une campagne populaire de plus de 450 personnes. Avec près de 100 000 votes, c’était la première fois depuis des décennies qu’un socialiste indépendant a été élu dans une grande ville américaine.
Les Américains sont avides de changement. Et ce n’est pas qu’à Seattle. Un récent sondage a montré que 60 % des Américains veulent un troisième parti.
Parlons de salaire minimum. Obama a dit : « personne avec un travail à plein temps ne devrait avoir à élever une famille dans la pauvreté ».
 Et sa solution ? Augmenter le salaire minimum à 10,10 $ sur 3 ans.
Je me réjouis absolument de tous les progrès qui peuvent être faits sur l’augmentation du salaire minimum. Et c’est scandaleux la manière dont le parti républicain fait obstacle.
Mais soyons honnêtes : 10,10 $/ heure sur trois ans, ou 20 000 $ par an – si vous êtes assez chanceux pour avoir un emploi à temps plein – ce n’est pas assez pour les familles de travailleurs pour sortir de la pauvreté.
Les travailleurs des fast-foods et de Wal-Mart ont fait grève et construit de puissantes manifestations dans des villes partout dans le pays l’an dernier pour revendiquer 15 $ de l’heure. Et c’est la seule raison pour laquelle les politiciens parlent maintenant d’augmenter le salaire minimum.
Regardez l’exemple de l’initiative de 15 $ de l’heure à SeaTac. Une initiative pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure a été proposée au vote – et a gagné !
L’épicentre de la lutte en 2014 est la lutte pour les quinze dollars de l’heure. Je vous encourage à faire partie de cette lutte.
Renseignez-vous et inscrivez-vous pour participer sur 15Now.org.
« Faisons de cette année une année d’action, » a dit Obama.
De mon point de vue, nous avons besoin que les travailleurs et les pauvres entrent en action pour des salaires plus élevés et un salaire minimum de 15 $ de l’heure. Nous avons besoin d’action de jeunes en lutte contre les frais de scolarité et contre la dette qui les prend à la gorge pour le reste de leur vie. Nous avons besoin d’action des propriétaires de maisons contre l’épidémie de saisies. Par des syndicalistes contre les lois antisyndicales et pour les droits des travailleurs.
Organisez-vous !
Soyez actif dans votre syndicat. Soyez actif dans un mouvement local. Rejoignez la lutte pour la défense de l’environnement. Rejoignez-moi et mon organisation, Socialist Alternative, pour défier les grandes entreprises et lutter contre le capitalisme.
Solidarité !