Les mobilisations continuent de prendre de l’ampleur parmi les éleveurs. De nombreux blocages de routes ont lieu, surtout dans le sud de la France. La mobilisation est forte aussi dans le nord, avec une manif hier à Bruxelles contre le traité de libre-échange UE-Mercosur.
Depuis quelques semaines, on entend partout parler de la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC). Késaco ? La DNC est transmise par les mouches aux élevages bovins. Le gouvernement, au service des plus grosses fermes, n’a d’autre réponse que les abattages totaux dès la présence d’un cas. Les abattages se font sur place, dans les fermes, les mouches sont attirées. Et la contagion recommence.
Depuis juillet 2025, les éleveurs de la Confédération Paysanne alertent Annie Genevard, ministre de l’agriculture, sur la nécessité d’une vaccination massive nationale et d’abattages partiels. Seule La France Insoumise parmi les forces politiques nationales soutient cette revendication, en plus de l’arrêt des abattages totaux. Les scientifiques de l’EFSA affirment à juste titre que la vaccination est primordiale. Le soutien à la mobilisation grandit contre cette politique qui laisse les petits éleveurs sans rien. Par exemple les travailleurs en grève de la sous-traitance chez GLS à Fleury-Mérogis (91) ont fait passer des messages de solidarité à la lutte des éleveurs ; le SNETAP-FSU, syndicat de profs dans les lycées agricoles, soutient les éleveurs en difficulté et des lycéens ont également rejoint les points de mobilisation…
La lutte des classes est dans le pré

Il est évident qu’une campagne nationale de vaccination, couplé à un abattage très ciblé et une mise en quarantaine des bêtes potentiellement malades, est la solution. Et les petits éleveurs affectés doivent être compensés de manière juste, pour pouvoir se reconstituer un cheptel. La FNSEA dit à qui veut l’entendre qu’ils « soutiennent » les éleveurs, alors qu’ils sont pour l’abattage indiscriminé et donc la ruine de petits éleveurs. Eh bien ces grands patrons n’ont qu’à payer ! Ils ont les moyens : rien qu’Arnaud Rousseau, le millionnaire chef de cette organisation patronale, touche à lui seul des centaines de milliers d’euros par an d’argent public et dirige, entre autres, la multinationale Avril (Isio4, Lesieur, Matines, Puget, etc.) qui a fait 7,7 milliards de chiffre en 2024.
Depuis le début de l’épidémie, 3300 bovins ont été abattus, soit 0,02 % du cheptel français. À chaque fois, cela creuse un peu plus l’inégalité entre les paysans et les industriels agroalimentaires. Car les éleveurs paysans élèvent et sélectionnent sur des décennies un troupeau pour obtenir de la viande de qualité, avec un RSA et 70 heures de travail par semaine. Les paysans ont intérêt à s’allier avec les travailleurs. Ils subissent tous l’exploitation capitaliste.
Pendant ce temps, le Parlement Européen vote l’accord UE/Mercosur, main dans la main avec la FNSEA/JA, qui creuse encore plus la concurrence entre les fermes et le fossé des inégalités entre agriculteurs. Cet accord est un boulevard pour produire au rabais et importer, massivement, au détriment des conditions de travail, du bien-être animal et de l’environnement. Cela revient à faire venir depuis l’autre bout du monde, avec toutes ces conséquences nocives, une production qu’on peut très bien faire ici, juste parce que cela profite à quelques grandes multinationales. Et si le gouvernement français fait mine de s’y opposer, c’est sous la pression de la lutte et pour protéger notamment les capitalistes de l’agro-industrie qui perdraient des parts de marché face à une concurrence plus rude.
Le bien-être animal, avoir des conditions de vie et de travail décentes pour les paysans et ouvriers agricoles, faire de l’alimentation un droit, tout cela est incompatible avec le mode de production capitaliste, car il n’y a qu’une seule logique : celle du profit. C’est pour cela qu’en soutenant les mobilisations actuelles contre l’abattage massif et contre le traité UE-Mercosur, à la Gauche révolutionnaire nous défendons la nécessité d’une société et d’une économie socialiste, où ce ne sont plus les capitalistes qui possèdent et décident tout mais les travailleurs et la population, grâce à la mise en propriété publique des principaux secteurs de l’économie, dont la grande distribution. C’est seulement ainsi qu’on pourra planifier la production pour satisfaire les besoins de tous, y compris en matière d’alimentation, de santé et d’environnement.
Par Pauline Isambert
