L’économie US faiblit, la croissance de 3,8 % devrait baisser à 1,3 % d’ici la fin de l’année. L’inflation reste plus élevée qu’avant 2021, à 3 %, et risque de monter vu que les capitalistes comptent répercuter l’augmentation des coûts liés à la guerre tarifaire. L’économie et des millions d’emplois sont menacés par les énormes bulles spéculatives, notamment dans l’IA.

À cela, il faut ajouter le risque des dettes privées contractées auprès d’institutions financières non bancaires, bien moins régulées que les banques, qui a déjà amené des faillites comme la société de prêts subprimes Tricolor et l’équipementier automobile First Brands, détenu par un fonds d’investissement.
Mais ce n’est pas tout : une vague de licenciements a lieu, 150 000 emplois ont été supprimés en octobre, un record depuis 20 ans. Une crise financière doublée d’une crise économique se profile alors que de larges pans de la classe ouvrière sont déjà dans la misère ou presque.
Quel rôle Trump incarne-t-il dans cette période ?
Trump est imprévisible et ajoute du chaos à la crise. Mais il mène une politique favorable aux capitalistes en menant des attaques brutales contre la classe ouvrière tout en agitant le racisme, le sexisme et les LGBTphobies pour empêcher une contre-attaque de masse. Car sa politique est tellement violente et anti-ouvrière que même chez ses électeurs, il suscite de plus en plus de rejet.
C’est ce rejet massif de la politique de Trump qui explique la taille des dernières manifestations « No Kings » du 18 octobre avec 7 millions de personnes dans la rue, dans plus de 2 800 manifestations. Dans ces manifs, il y avait une recherche d’idées sur comment battre Trump. De même, les références à la Révolution américaine de 1776 étaient plus importantes.
Si ces manifestations s’opposent à la politique antisociale de Trump, elles s’opposent aussi à la politique de terreur qu’il mène avec l’ICE (les brigades de l’immigration) qui a intensifié ses rafles contre les noirs, les hispanos… qu’ils soient citoyens américains ou pas. L’ICE agit comme une milice, cagoulée, sans mandat et, de plus en plus, avec l’aide de la Garde nationale, envoyée dans les villes dirigées par les Démocrates. C’est à la fois une tentative de démonstration de force de Trump, mais il s’agit aussi de réprimer toute mobilisation contre les opérations de l’ICE.
Une radicalisation au parti Démocrate ?
La campagne radicale et l’élection du Démocrate Zohran Mamdani à la mairie de New York montre, elle aussi, qu’il y a une recherche d’alternative à Trump et à la politique du parti Démocrate. Sa campagne s’est faite sur des revendications favorables aux travailleurs, à la jeunesse et à la majorité de la population (contrôle des loyers, transports gratuits…). Elle a suscité beaucoup d’espoir au-delà de New York. Mais Mamdani est dans la lignée de figures comme Bernie Sanders, qui pensent, à tort, pouvoir changer le parti Démocrate en parti qui pourrait servir les intérêts de la majorité de la population… alors que c’est un parti fondamentalement pro-capitaliste. Le parti Démocrate reste, à ce titre, extrêmement impopulaire.
Certaines couches du parti Démocrate sentent le vent tourner et appellent à une ligne plus radicale face à Trump. La direction du parti pense qu’ils peuvent gagner les élections de mi-mandat l’année prochaine grâce à la haine contre Trump et utilisent ce prétexte pour ne pas toucher à leur programme de défense des actionnaires et des capitalistes. Si les Mamdani et autres veulent vraiment appliquer leur programme, il faudra qu’ils rompent avec les Démocrates.
Ce qu’il manque, c’est un parti qui organise massivement les travailleurs autour d’un programme réellement socialiste, c’est-à-dire qui s’attaque au pouvoir économique et politique des capitalistes. La période est marquée par l’absence de la classe ouvrière en tant que force indépendante et organisée mettant en avant ses revendications. Ça ne veut pas dire que les travailleurs sont passifs : il y a des luttes localement pour des augmentations de salaires, de meilleures conditions de travail mais aussi contre les rafles de l’ICE dans les lieux de travail. Ce qui manque c’est un tel parti, qui fasse le lien entre ces revendications, la lutte contre la politique de Trump, et la lutte pour le socialisme.
Article paru dans l’Égalité n°231, par Marie
