Macron recule (un peu), faisons-le tomber, lui et sa politique

Alors qu’au lendemain du 17 novembre Macron et son ministre Philippe passaient leur temps à dire « nous maintenons le cap », il aura quand même reculé. Certes pas beaucoup. Sur certaines taxes sur le pétrole et un bonus pour le SMIC, mais en gros financé par l’argent public, donc par nous-mêmes ! À aucun moment, ce ne sont les riches qui sont mis à contribution, alors que cette demande est au cœur du mouvement des gilets jaunes.

Le mouvement, parti de travailleurs qui ont peu participé aux récentes luttes, est venu contester l’ensemble des injustices de cette société. Les bas salaires, les retraites trop faibles, les jeunes qui ne trouvent que de l’intérim et des contrats précaires… mais aussi le sentiment que tout est décidé par une poignée de larbins des riches, sans jamais écouter la population, et avec un seul critère : quelle rentabilité pour les plus riches, comment faire les poches des travailleurs et des retraités. Car la suppression de cotisations sociales (faussement appelées « charges »), la destruction de services publics et de milliers d’emplois dans ceux-ci, c’est autant de parties de notre salaire collectif qui nous sont volées.

Pour les jeunes, la question de leur avenir et de leur éducation est exactement en phase avec le mouvement des gilets jaunes. Le refus de la sélection à l’Université qui prive des dizaines de milliers de jeunes d’études supérieures, de la réforme du bac qui va renforcer les inégalités entre les lycées, de la réforme du Bac Pro qui casse l’enseignement professionnel… c’est le refus d’une éducation que Macron veut réserver à une élite.

Lutte des classes

On peut comprendre qu’au début du mouvement, il ait pu exister une certaine méfiance de la part de syndicats et d’organisations de gauche. Mais il est sidérant d’avoir vu toute une gauche à la condescendance consternante vis-à-vis de travailleurs surexploités reprendre tous les gros titres des médias capitalistes pour en faire une campagne contre les gilets jaunes. Oui il y a eu des actes racistes, homophobes, dans quelques endroits parmi les milliers de barrages organisés. Oui l’extrême droite a essayé de s’accaparer le mouvement, voire pèse encore dans certains endroits, mais c’est logique quand un mouvement est aussi large. Et ce n’est pas en insultant les gens qu’on les fait progresser.

Il n’est pas sérieux de la part des syndicats de ne pas avoir invité leurs militants à participer au mouvement ou à s’y intéresser. Fort heureusement, Mélenchon et la France insoumise ont soutenu le mouvement, et beaucoup de militants syndicaux sont venus, ont discuté, on pu voir que l’extrême droite est minoritaire. Quand des centaines de milliers de travailleurs relèvent la tête et se révoltent, on n’attend pas un carton d’invitation ou un tapis rouge, on y va sans forcément s’y dissoudre, mais on essaye de le faire progresser dans le bon sens. Tout en restant prudents, les militant-e-s de la Gauche révolutionnaire sont venu-e-s dès le premier jour sur les ronds-points et les actions, faisant partie de ce mouvement qui dénonce l’injustice sociale et fiscale.

Besoin d’une grève générale

C’est l’ensemble des revendications des jeunes, des travailleurs, des retraités, qui sont aujourd’hui popularisées par les gilets jaunes. Car ce qui domine, c’est l’accroissement des inégalités dans la société, la voracité des capitalistes qui ne cherchent qu’à faire du profit avec l’aide des lois et mesures du gouvernement. C’est cela qui domine tous les conflits sociaux en France et dans le monde, encore plus depuis le début de la crise en 2008. C’est l’offensive de la classe capitaliste contre les travailleurs qui pousse à la lutte, c’est donc contre les capitalistes que se tourne la lutte, avec Macron comme cible centrale.

Les gilets jaunes eux-mêmes sont venus dans de nombreux endroits discuter avec les syndicats pour trouver des actions communes. Mais il faut plus, il faut que les syndicats appellent à la lutte et à la grève, il faut des appels clairs de la part de la CGT, Solidaires, etc. à une journée de grève totale et générale.

Un gouvernement des travailleurs et de la majorité de la population

En soulevant la question du référendum et du referendum d’initiative populaire, les gilets jaunes posent une véritable question de fond : la politique dans le pays ne peut pas être dans les mains de politiciens qui, comme ceux de la droite, d’En Marche, ou du PS, ne sont contrôlés que par les lobbies financiers et jamais par la population.

Des obligations de référendum, cela serait un premier pas, mais on ne sera pas en démocratie tant que les gouvernements seront ceux des riches, ni tant qu’on sera obligés de travailler pour des capitalistes qui font leur profit en nous exploitant.

Le mouvement manque encore de structures, d’assemblées générales de discussion. Il faut plus de comités de lutte, d’assemblées générales, qui discutent et décident, contrôlent les porte-paroles. C’est ainsi qu’on pourrait discuter à la fois de comment faire avancer la lutte mais aussi de quel gouvernement nous pourrions mettre en place, contrôlé par la base, par les travailleurs et la majorité de la population en lutte.

Pour la révolution

Macron et les capitalistes vont vouloir continuer, mais la révolte est en marche. Notre mouvement est venu rappeler que rien ne change sans lutte de masse, et qu’une révolution est nécessaire… et possible. Par millions, nous sommes en train de dire qu’on ne veut plus de cette société injuste et anti-démocratique qui ne fonctionne que pour les riches, les banquiers, les actionnaires…

Il ne s’agit pas seulement d’avoir une plus grosse part du gâteau, mais que chacun ait le gâteau dont il a besoin. Et pour cela il faut que la pâtisserie, l’économie en fait, soit aux mains des travailleurs et de la population. Il ne suffira pas de taxer les grands groupes industriels et commerciaux, il faudra les mettre en propriété publique, les nationaliser, sous la gestion et le contrôle des travailleurs et de la population, pour ainsi planifier démocratiquement et écologiquement l’économie pour satisfaire les besoins de toutes et tous et non les profits d’une poignée.

C’est en luttant pour un tel renversement du capitalisme et son remplacement par le socialisme qu’une révolution permettra de vraiment changer les choses, et construire une société réellement démocratique, fraternelle et tolérante, débarrassée des guerres, de la misère, du racisme, du sexisme…

C’est pour cela que lutte la Gauche Révolutionnaire, en construisant un parti pour une révolution socialiste, tout en participant à tout ce qui fait avancer la lutte contre Macron et sa politique au service des ultra-riches. Rejoins-nous !

 

Par Alex Rouillard