Ukraine jusqu’à la guerre civile?

637719-armed-men-sit-on-an-armoured-personnel-carrier-with-a-russian-flag-on-it-in-slavianskAprès la chute des régimes staliniens bureaucratiques, le capitalisme a été réinstauré sauvagement et les castes oligarchiques se sont partagé les richesses sur le dos des travailleurs. La situation s’est davantage dégradée depuis la crise de 2008. S’ajoutent à cela la corruption et les restrictions des libertés, provoquant une colère énorme contre le pouvoir de Ianoukovitch. Lorsque les négociations ont été interrompues avec l’UE, le mouvement a éclaté. Côte à côte, on a trouvé des travailleurs qui voulaient changer le système en place avec leurs revendications sociales et une partie de la bourgeoisie ukrainienne favorable aux impérialistes occidentaux. Ce mouvement a été repris en main par des milices pro-occidentales mais aussi des fascistes et nationalistes du parti Svoboda et du Secteur droite.

Le rôle de Svoboda

Svoboda (parti de la “liberté’’) est un vrai parti fasciste qui avait 37 sièges dans l’ancien Parlement. Il possède des milices armées. Aujourd’hui il a plusieurs ministres dans le nouveau gouvernement et est soutenu par l’UE (donc la France) contre la Russie. Il est à l’initiative de mesures telles que l’interdiction du parti “communiste”, la restriction de la langue russe et la chasse aux militants syndicalistes et de gauche dans certaines villes. Svoboda a un certain espace en raison de la défiance vis-à-vis des partis de gauche, qui apparaissent comme pro-russes. Le parti communiste (32 sièges dans l’ancien Parlement), favorable à l’entrée dans l’union douanière russe, s’est largement détaché des travailleurs et n’est pas intervenu pour renverser Ianoukovitch.

L’annexion de la Crimée par la Russie

Poutine a su profiter de la situation pour rentrer en Crimée. Le référendum a plébiscité sans grande surprise un rattachement à la Russie. La Crimée est composée de 90 % de russophones. Elle est liée à la Russie et avait été donnée à l’Ukraine par Kroutchev en échange du maintien des bases militaires russes. Les accords avec l’UE ou le FMI se feront en contrepartie de ventes de services publics, d’austérité, de reculs des droits et du niveau de vie pour les travailleurs, comme cela s’est passé en Grèce. Cette crainte qu’en s’alliant à l’UE il y ait un recul des droits est très forte dans le sud et l’est de l’Ukraine, industrielle et russophone. Rien d’étonnant que pour préserver leurs maigres acquis une partie des travailleurs ait choisi de rejoindre la Russie. Nous sommes pour l’autodétermination des peuples, c’est-à-dire qu’ils puissent choisir leur destin. Les récentes mesures anti-russes du gouvernement en Ukraine limitant l’usage du russe, qui était l’une des deux langues officielles, ont joué en faveur de la Russie. Nous ne sommes pas naïfs et savons bien que Poutine a mis les moyens par la présence de son armée pour assurer le succès du vote. Mais quelle hypocrisie des dirigeants européens et notamment de Fabius, qui a déclaré ne pas reconnaître le droit à la Crimée de faire un referendum pour changer les frontières. Ils dénoncent la fraude et la pression russe lors de ce référendum alors même qu’ils n’hésitent pas à intervenir militairement en Libye ou en Centrafrique pour imposer leurs vues. Quoi qu’il en soit pour les travailleurs de Crimée il est peu probable que le sort s’améliore en passant sous le giron de Poutine lorsqu’on connaît l’état de l’économie russe et la répression qu’il mène contre les militants ouvriers. Poutine ne s’arretera probablement pas à la crimée. Déjà il a dit vouloir défendre les russes d’ukraine . Le gouvernement ukrainien a envoyé l’armée pour réprimer les récentes occupations pro-russes des lieux de pouvoir dans l’est de l’ukraine ce qui fait craindre une guerre civile. Des tensions grandissent là où l’instabilité politique importante se conjugue à une misère croissante comme en Bosnie.

Le mouvement ouvrier doit reprendre la tête de la lutte

Les travailleurs ukrainiens vont devoir résister à la politique capitaliste du nouveau gouvernement mais aussi aux fascistes qui veulent abattre toute résistance du mouvement ouvrier. Que ça soit avec l’UE ou la Russie, il n’y a rien à attendre de bon. La gauche anti-système a fait l’erreur de ne pas considérer le soulèvement de Maïdan comme leur lutte.
Pourtant c’est aux travailleurs de reprendre la tête du mouvement pour les droits démocratiques pour imposer les revendications sociales en refusant les divisions selon l’origine. Comme dans beaucoup de pays se pose la question d’un parti de masse des travailleurs qui lutte pour un mouvement unifié qui permette de s’emparer du pouvoir et de nationaliser les principaux secteurs de l’économie sous le contrôle des travailleurs. Seule une économie planifiée et gérée démocratiquement pourra répondre aux besoins de la population ukrainienne et la sortir de la crise.