Turquie : les populations dans la tourmente

Francois-Hollande-and-Recep-Tayyip-ErdoganLes récentes vagues d’attentats qui secouent la Turquie sont les signes terrifiants d’une situation devenue extrêmement tendue dans le pays. Et l’atmosphère politique prépare chaque jour davantage le terrain à ce type d’attaques terroristes. Immédiatement après les attentats à l’aéroport d’Istanbul le 28 juin dernier, le gouvernement de l’AKP (parti au pouvoir d’Erdoğan) a bloqué temporairement l’ensemble des réseaux sociaux, comme il l’a fait après chaque attentat, et les enquêtes des médias ont été empêchées ou censurées.Chacune des récentes attaques terroristes a été utilisée pour limiter les droits démocratiques et renforcer davantage les pouvoirs du président Erdoğan et de l’appareil d’État.

Article paru dans l’Egalité n°178 juillet-aout 2016

Contrecoup de la politique d’Erdogan

Et le gouvernement déclare un jour de deuil national après les attentats de l’aéroport d’Istanbul. Officiellement Daesh ne reconnaît pas ces attentats. Cela peut sembler bizarre car tout le monde sait qu’ils en sont les instigateurs. Le problème pour Daesh, c’est sa relation avec la Turquie d’Erdoğan. Cibler la Turquie par des attaques terroristes, c’est le chien qui mord la main qui le nourrit !

Le gouvernement de l’AKP a soi-disant soutenu une résistance armée modérée en Syrie pendant des années. En réalité, la Turquie a été l’autoroute qui a permis à Daesh de renforcer ses bases à l’arrière. De manière ironique, l’aéroport Atatürk d’Istanbul, touché par l’attaque du 29 juin, est celui par lequel un nombre considérable de recrues étrangères ont transité pour se rendre dans les zones sous contrôle de Daesh. Ce n’est que très récemment que des mesures ont été prises pour réduire ce flux. Ceci explique peut être ce retournement de Daesh contre la Turquie. Mais ce sont des gens ordinaires qui paient le prix de ce jeu cynique.

Ces deux dernières années, les groupes terroristes radicaux ont développé des bases à travers la Turquie. L’instabilité causée par les guerres en Irak et en Syrie et l’apport en armement par les impérialistes et les puissances régionales du Moyen Orient dans tous ces pays ont facilité l’accès aux armes lourdes, automatiques et aux explosifs. De plus, le gouvernement de l’AKP réprime les opposants politiques, notamment le parti HDP, qui défend entre autres les droits des Kurdes. Les villes kurdes sont détruites et les civils massacrés au nom « d’opérations militaires contre le [parti kurde] PKK ». Tout ceci nourrit l’instabilité politique et une polarisation croissante dans la société qui crée un terreau plus fertile au terrorisme.

Responsabilité des gouvernements «occidentaux»

La montée du terrorisme en Turquie est en grande partie le contrecoup de la politique du gouvernement turc. Mais plus largement, la politique des impérialistes dans la région a créé une situation explosive. Et l’Union européenne est le soutien principal d’Erdoğan – d’où la stratégie visant à bloquer les réfugiés en Turquie.

Pourtant des preuves existent concernant l’exploitation d’enfants syriens dans des usines turques ! Et la Turquie a fermé ses frontières avec la Syrie à plusieurs reprises, laissant des camps de réfugiés en Syrie sans moyens et sous la menace constante de la guerre. Que faire si la Turquie glisse davantage vers une guerre civile incontrôlable ? Que faire si la Turquie devient une nouvelle Syrie ou un nouveau Pakistan ?

En Turquie, les syndicats, le HDP et la Gauche doivent s’unir et mobiliser pour un mouvement de masse unifié des travailleurs et des jeunes contre le terrorisme, pour la justice sociale et les droits politiques, contre la dévastation militaire contre les Kurdes dans le Sud Est du pays. C’est la seule voie contre Erdoğan, le terrorisme et les impérialistes. C’est celle que nous devons soutenir et renforcer en France !