Stop au carnage dans les hôpitaux !

14332972_1092699087445309_7604920070185573137_nSi l’été a été marqué par des attentats sur lesquels la caste politique a vite fait de faire un maximum de récupération, il a été aussi marqué par d’autres événements non moins tragiques en France : le suicide de cinq infirmiers en trois mois, dont trois salariés de la fonction publique. Tous les cas ont été liés à l’évolution des conditions et de la charge de travail. C’est une manifestation douloureuse et révoltante de la catastrophe qui a cours dans les hôpitaux et la Santé.

Article publié dans l’Egalité numéro 179

Les attaques continuent

Cet épuisement est le résultat d’une politique : faire des «économies» sur le dos des travailleurs – et des usagers. En 2015, 3 milliards retirés au budget des hôpitaux d’ici fin 2017, 100.000 lits supprimés en dix ans et en prévision 16.000 de plus et 22.000 postes sucrés. C’est dans le cadre de la loi Touraine, qu’il est prévu de fusionner des hôpitaux au sein de Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), que dénoncent les professionnels, afin de faire des « économies d’échelle ». Cela va entraîner une dégradation des conditions de travail pour les personnels. Mais aussi une nouvelle dégradation de l’offre de soin sur les territoires et l’obligation pour les patients de faire des trajets de plus en plus longs pour trouver le service hospitalier qui puisse prendre en charge leur pathologie.

C’est une politique extrêmement dangereuse qui a déjà conduit à la première baisse de l’espérance de vie en 2015 et à une augmentation des erreurs liées aux soins (à l’AP-HP, les incidents dits graves sont passés de 21 en 2013 à 75 en 2015!)… un délégué CGT d’un service de gériatrie dans le 91 nous disait : « les gens sont à bout, ils pleurent en service, c’est incroyable ». À l’Ehpad de Coublevie (38), il y a une aide-soignante pour 40 patients !

La cynique Marisol Touraine et l’abject Valls ont eu beau verser des larmes de crocodile sur une pauvre vitre brisée de l’hôpital Necker après la manifestation du 14 juin… Touraine a attendu le 4 septembre pour « réagir » sur les événements tragiques qui ont eu lieu cet été ! Et quelle réaction ! Elle a déclaré annoncer un « plan » en automne, sûrement un autre round bidon de réunions de « prévention des risques phycho sociaux »… pour dire aux personnels d’arrêter de se plaindre s’ils manquent de monde, s’ils sont rappelés sur leurs repos, enchaînent les heures… Alors même que, comble de l’absurde, il y a un fort chômage notamment parmi les infirmiers.

C’est une politique désastreuse à tout point de vue, que personne ne remet en cause, du PS à LR en passant par le FN. Le FN, dans son opportunisme le plus complet, est bien en peine de trouver des formules pour dire qu’ils ne sont surtout pas contre les plans de suppression de postes… au contraire, ils sont pour une « politique drastique d’économies intelligentes » (??) et pour que l’hôpital dégage « des profits »… et défendent également la tarification à l’activité, alors même qu’elle est dénoncée comme une « course à l’acte » par la Coordination nationale infirmière et engendre un véritable trafic pour codifier les actes médicaux effectués (au détriment même du secret médical car des dossiers entiers sont sous-traités par des boîtes privées !). Ne parlons pas des travailleurs et des syndicalistes qui se battent contre les réorganisations dévastatrices, pour des embauches, etc. Selon Le Pen, ils seraient même « complices des choix politiques » (mais ça, elle le disait avant le grand mouvement à l’AP-HP en 2015 et avant celui contre la loi « Travail »…).

La mobilisation se poursuit

Dès la rentrée, le 1er septembre, des grèves avaient lieu par exemple à l’hôpital St Louis à Paris. Mais là-bas, 70% du personnel a été assigné ! Les syndicats ont déposé un recours au tribunal administratif pour assignation abusive. Le 13 septembre, c’est à l’AP-HP dans le 91 qu’une journée de mobilisation est prévue. Le 30 août, les personnels du centre de psychiatrie de Sotteville à côté de Rouen ont commencé une grève contre la réorganisation d’équipes soi-disant en sureffectif (info sur cette grève). Le 5, c’était à l’hôpital de Voiron que la grève commençait, et la réorganisation du temps de travail (OTT) à l’AP-HP ainsi que les réorganisations dues au Groupements hospitaliers ainsi que les suppressions de poste vont continuer à créer de l’agitation. Autant pour le personnel que pour les patients, ça ne peut plus durer. Le grand mouvement contre la loi « Travail » au printemps a montré que plus personne n’était seul à ne plus en pouvoir des politiques de Valls-Hollande et compagnie. Le 15 septembre, les appels à la grève dans les hôpitaux seront nombreux et c’est cela qu’il faut faire : se battre tous ensemble. Il n’y a pas d’autre façon pour obtenir des moyens pour l’hôpital et la Santé, particulièrement à l’heure où c’est la course à qui va faire le plus d’économies. Un tel mouvement rencontrera un large soutien dans la population car c’est toute une politique qui est remise en cause.

Par Cécile Rimboud