Sortir du Glyphosate un choix de société

hulot-glyphosateUne longue histoire : utilisé dans les années 60 comme détergeant puis dans les années 70 comme puissant herbicide, le glyphosate ne peut entrer en agriculture car il tue tout sur son passage !
Mais fin des années 90 avec le développement des O.G.M., des variétés de plantes résistantes à ces herbicides (maïs, soja…) sont mises au point. Des enjeux économiques monstrueux : pour Monsanto, premier producteur mondial d’herbicides, les enjeux financiers sont stratosphériques : l’essentiel de son business (13,5 milliards de dollars en 2016) est lié au glyphosate, soit par la vente directe de désherbants, dont le plus fameux est le Roundup, soit par la vente de semences génétiquement modifiées résistantes aux herbicides !

L’alliance Monsanto-Bayer géant allemand de chimie et de pharmacie a amplifié le phénomène. Des politiciens sous contrôle : associations, cabinets de consultants, d’avocats… Le fabricant du Roundup a tissé un important réseau d’influences. La loi biodiversité (2016) qui interdisait les néonicotinoïdes laisse la possibilité au gouvernement d’accorder des dérogations. Quant à l’interdiction du glyphosate d’ici à trois ans elle ne figure pas non plus dans la future loi agriculture et alimentation !

Une matière active dans l’évolution du « modèle agricole » : le glyphosate a induit et amplifié l’agrandissement des surfaces cultivées par travailleur ; par exemple nettoyer après moisson plus de 100 hectares chaque jour par « déchaumage chimique » permet d’économiser sur le temps de travail, les salaires, les cotisations sociales… et d’augmenter de fait sa surface de production ! Cette évolution s’inscrit en totale cohérence avec l’industrie agroalimentaire basée sur l’exploitation de grandes quantités de matières premières à faible coût !

Une transformation économique et politique profonde : l’interdiction du glyphosate ne doit être qu’une première étape d’un projet global de sortie des pesticides (et non le remplacement du glyphosate par un herbicide non toxique – qui y croit ? – à 10 euros par hectare) !

Projet où le sol n’est plus considéré comme un support de culture lucrative mais un milieu vivant, où les grandes entreprises ne dominent plus l’humain mais sont en propriété publique et gérées par lui, collectivement. Car là où souffle le capitalisme, les abeilles meurent !… ou font du miel au glyphosate.

Par Christine