Seattle : prestation de serment historique d’une vraie socialiste.

Kshama Sawant lors de son discours d'investiture le 8 janvier 2014.
Kshama Sawant lors de son discours d’investiture le 8 janvier 2014.

Ci dessous le discours donnée lors de la prestation de serment de Kshama Sawant (camarade du CWI élue au conseil municipale de Seattle aux Etats-Unis) qui a eu lieu le 8 janvier 2014.
vous pouvez aller voir cette vidéo – le reportage montre l’enjeu (même s’il n’y a pas le discours)
http://www.king5.com/news/politics/Socialist-Kshama-Sawant-sworn-in–238989561.html
Une victoire à populariser !

« Chers frères et soeurs,

Merci pour votre présence aujourd’hui.

Cette ville a fait la fortune des super-riches et des grandes entreprises qui dominent le paysage de Seattle. Parallèlement, les conditions de vie des travailleurs, des chômeurs et des pauvres sont de jour en jour dev

enues plus difficile. Les coûts du logement, de l’enseignement et des soins de santé sont montés en flèches jusqu’à devenir inaccessibles.

Cette situation n’est pas spécifique à Seattle. Honteusement, concernant ce domaine, le pays le plus riche de l’histoire humaine comprend cinquante millions de personnes – une sur six – vivant dans la pauvreté. Partout dans le monde, des milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable ainsi qu’aux infrastructures sanitaires de base et des enfants meurent chaque jour de malnutrition.

Telle est la réalité du capitalisme international. C’est le produit du gigantesque casino de la spéculation créé par les bandits de grand chemin de Wall Street. Dans ce système, le marché est Dieu et tout est sacrifié sur l’autel du profit. Le capitalisme a échoué pour les 99%.

Malgré les récentes discussions portant sur la croissance économique, la reprise n’a été favorable qu’aux plus riches, les 1%, tandis que le reste d’entre nous tombent loin derrière.

Couverture du journal de Socialist Alternative (CIO-USA)
Couverture du journal de Socialist Alternative (CIO-USA)

Dans notre pays, les politiciens Démocrates et Républicains servent en premier lieu les intérêts des grandes entreprises. Un Congrès complètement dysfonctionnel ne parvient à se mettre d’accord que sur une chose – l’augmentation régulière des leurs salaires déjà pléthoriques – tout en permettant en même temps que le salaire minimum fédéral stagne et diminue sans cesse à cause de l’inflation. Nous avons devant nous ce spectacle obscène de dirigeants d’entreprises qui gagnent en moyenne sept mille dollars de l’heure, tandis que les travailleurs les moins bien payés sont qualifiés de présomptueux lorsqu’ils revendiquent tout juste quinze dollars de l’heure.

Pour commencer à changer tout cela, nous avons besoin de mouvements de masse organisés des travailleurs et des jeunes, en s’appuyant sur leur propre force indépendante. C’est ainsi que nous avons gagné le droit de nous syndiquer, obtenu les droits civiques ou encore les droits des LGBT.

Encore une fois, tout au long de la longueur et de la largeur de ce pays, les travailleurs se mobilisent pour une vie décente et digne pour eux-mêmes et leurs enfants. Regardez le mouvement des travailleurs des fast food, les campagnes des travailleurs de Walmart et l’activisme héroïque pour stopper la construction du pipeline Keystone XL!

Ici, dans la proche ville de SeaTac, nous venons d’assister à la formidable campagne victorieuse pour obtenir l’imposition d’un salaire minimum de quinze dollars de l’heure. Dans le même temps, dans le comté de Lorain, en Ohio, vingt-quatre candidats se sont présentés, non pas comme Démocrates ou Républicains, mais comme  »Independant Labor » (indépendants du monde du travail) et ont été élus aux conseils communaux.

Je ferai de mon mieux pour représenter les démunis et les exclus, les pauvres et les opprimés – en luttant pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure, pour des logements abordables, pour taxer les super-riches et pour une expansion massive du transport en commun et de l’enseignement. Mais ma voix ne sera entendue par ceux qui sont au pouvoir que si les travailleurs eux-mêmes crient leurs revendications sur les toits et s’organisent en masse.

Mes collègues de Socialist Alternative et moi-même nous tiendrons au coude-à-coude avec tous ceux qui veulent se battre pour un monde meilleur. Mais les travailleurs ont besoin d’un nouveau parti politique, d’une organisation de masse de la classe ouvrière, dirigée par eux-mêmes et ne devant rendre de compte qu’à eux-mêmes. Un parti qui luttera et mènera campagne pour leurs intérêts en défendant avec hardeur des alternatives contre ce système en crise.

Ici, à Seattle, les politologues se demandent à mon sujet : fera-t-elle des compromis ? Peut-elle travailler avec d’autres ? Bien entendu, j’aurai à rencontrer et à discuter avec des représentants de l’establishment. Mais quand je le ferai, je mettrai sur table les besoins et les aspirations de la classe ouvrière, peu importe qui sera assis en face de moi. Et permettez-moi de clarifier une chose : il n’y aura pas de tractation secrète avec des entreprises ou leurs serviteurs politiques. Il n’y aura pas d’arrangement pourri qui desservirait ceux que je représente.

Je porte l’insigne du socialiste avec honneur. Je remercie les presque cent mille électeurs qui ont voté pour moi et les centaines d’entre vous qui ont travaillé sans relâche dans cette campagne, je vous remercie. Continuons.

L’élection d’une socialiste au Conseil d’une grande ville dans le coeur du capitalisme mondial a fait des vagues dans le monde entier. Nous le savons pour avoir reçu des messages de soutien d’Europe, d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Ceux qui luttent pour un changement nous ont dit qu’ils ont été inspirés par notre victoire.

Je fais appel à tous ceux qui sont prêts à résister à l’agenda des grandes entreprises – que ce soit à Seattle ou à l’échelle nationale – pour s’organiser. Joignez-vous à nous dans la construction d’un mouvement de masse pour la justice économique et sociale, pour un changement démocratique et socialiste, de sorte que les ressources de la société puissent être exploitées, non pas pour satisfaire la cupidité d’une petite minorité, mais pour le bénéfice de tous les peuples. Solidarité. »