Russie 2018 : un pouvoir pas si fort que ça

« Poutine a sa cote de popularité la plus basse depuis la crise économique de 2011 en Russie. »

La coupe du monde de foot qui s’est déroulée en Russie cette année est finie et elle n’a pas fait illusion. Le pouvoir a essayé de se servir de la coupe du monde pour faire passer des lois anti-sociales discrètement.

Par exemple après la victoire de la Russie face à l’Arabie Saoudite le 14 juin, Poutine a augmenté l’âge de retraite de + 8 ans pour les femmes et + 5 pour les hommes. Avec ces augmentations, l’âge de la retraite va correspondre à l’espérance de vie en Russie ! Un syndicat a lancé une pétition contre cette loi, qui a récolté 2,5 millions de signatures en moins d’un mois.

De plus, le revenu réel de la population russe diminue pour la quatrième année consécutive. Et ceci dans le même temps où la TVA passe de 18 à 20 %, aggravant encore le problème précédent. Toutes ces mesures anti-sociales ne passent pas pour la population, le soutien à Poutine a baissé de 14 % dans les sondages après l’annonce concernant les réformes (le 15 juin dernier).

Poutine a sa cote de popularité la plus basse depuis la crise économique de 2011 en Russie.

Le régime plus faible qu’il n’y paraît

Le prestige relatif acquis après les interventions militaires en Géorgie, en Crimée et en Syrie ne seras pas éternel. La large réélection de Poutine le 18 mars dernier est due à un clientélisme, une propagande malhonnête et une répression contre ceux qui ne votent pas pour lui.

Le pouvoir russe n’est pas aussi puissant et hégémonique qu’il voudrait bien le faire croire. Poutine nomme des officiers de police à la tête des gouvernements provinciaux qui n’ont souvent aucun rapport avec la population locale. Ces officiers ne sont là que pour réprimer les populations locales.

Poutine a fait fermer des usines dans les villes qui accueillaient la coupe du monde, cela avait entraîné des manifestations et grèves d’ouvriers, soutenues par des piquets « solitaires » (seule forme de manifestation légale). Néanmoins, face à d’énormes manifestations de dizaines de milliers de personnes face à cette loi lors de la Coupe du Monde (hors des villes accueillant le mondial), les autorités russes ont préféré attendre que le calme revienne.

Si Poutine augmente l’âge de la retraite, c’est pour essayer d’augmenter encore la concurrence entre les travailleurs, de faire ainsi baisser les salaires et « d’attirer des investisseurs étrangers », selon la formule consacrée. En effet, l’économie russe est en déclin, les sanctions économiques internationales ont diminué le PIB de 1,5 %.

Un espace pour la gauche

Ces mesures anti-sociales, la répression et les crises économiques effritent l’image de Poutine et du capitalisme en Russie. Il existe un réel espace pour qu’une nouvelle force politique de gauche se développe et mette en avant une réelle alternative pour le respect des minorités culturelles, religieuses, des LGBT… et pour de meilleures conditions de vie dans toute la fédération de Russie. Pour des pensions de retraite décentes, au moins au niveau du revenu moyen russe, qui devrait lui aussi être augmenté. Et pour un âge de départ en retraite qui permette de ne pas mourir au travail !

Pour assurer des conditions de vie décentes à toutes et tous, c’est tout le système qui doit être dégagé et remplacé par une société authentiquement socialiste, où l’économie, les services publics, sont aux mains des travailleurs et de la population et gérés démocratiquement par eux pour satisfaire les besoins de toutes et tous ! Pour le pouvoir entre les mains des travailleurs et non pas des oligarques !

 

Par P-E Martin