Révolte en Équateur

Manifestants-Quito-8-octobre-2019-veille-grande-manifestation-contre-hausse-sprix-carburant-decidee-gouvernement_0_729_485Face aux manifestations massives en Équateur, le gouvernement de Lenín Moreno a été poussé à déclarer un « état d’exception » dans tout le pays – une mesure répressive juste en-dessous de l’état d’urgence. Aujourd’hui, le gouvernement de Lenín Moreno a été contraint de fuir et d’abandonner les bâtiments du gouvernement, à Quito, la capitale, et de déménager dans la ville de Guayaquil.

Les travailleurs, notamment ceux des transports, les organisations indigènes et les étudiants ont appelé à des mobilisations de masse pour arrêter le « paquetazo » néolibéral que Moreno a tenté d’imposer. Cet ensemble de mesures causerait une augmentation du prix des carburants et une série de « réformes » (des attaques) sur les droits des travailleurs et les conditions de travail. Une grande manifestation de populations indigènes et de travailleurs ruraux se déroule depuis mardi dans la capitale.

Les attaques du gouvernement n’ont laissé au peuple équatorien d’autre choix que de descendre dans la rue, de se soulever avec des manifestations de masse. Le gouvernement a décrété un « état d’exception » pendant 60 jours, afin d’augmenter les niveaux de répression contre le peuple et de tenter de maintenir le contrôle social et politique. Il espérait ainsi empêcher les protestations, qui ne cessent de s’intensifier et pourraient annoncer la chute du gouvernement. Cette mesure ne fait que refléter le degré de désespoir ressenti par le gouvernement.

Le décret 883, signé par Moreno le 1er octobre, supprime les subventions publiques sur les produits de base. L’atteinte la plus grave concerne le droit du travail, avec une attaque qui, entre autres, réduirait de 20 % les salaires des travailleurs du secteur public. Les jours fériés seraient réduits de 50 %, passant de 30 jours à 15 par an ! Ce « paquetazo » d’austérité brutale a été exigé de Lenín Moreno par le FMI. Une fois de plus, le FMI a agi comme l’agent économique de l’impérialisme et a obligé un autre gouvernement à se suicider politiquement, comme ce fut le cas avec Macri, en Argentine.

C’est pourquoi la principale fédération syndicale, l’Union General de Trabajadores del Ecuador (UGTE), a déclenché une grève nationale qui a eu lieu le 3 octobre. Il y a eu une réponse massive de la population qui n’a pas attendu. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre le gouvernement néolibéral de Lenín Moreno. Les protestations ne sont pas seulement contre l’augmentation du prix de l’essence mais contre l’ensemble du « paquetazo » néolibéral qu’ils veulent imposer. Après s’être confrontés à la police et à l’armée, certains soldats se sont même joints aux manifestations. [Une grève générale a par la suite été appelée par les principaux syndicat et organisations indigènes pour le 9 octobre -NDT]

Encore une fois, un autre gouvernement néolibéral de droite est entré en crise parce qu’il essaie de faire payer aux travailleurs et aux plus pauvres la crise créée par les patrons et les plus riches dans la société. Les masses envoient une réponse puissante en rejetant ces politiques.

La crise se développe à travers l’Amérique latine

En Haïti, en ce moment, il y a une révolte généralisée qui exige la démission du président. Au Pérou, il y a une crise politique généralisée qui a entraîné la suspension du Congrès par le Président et on ne sait pas comment cela va évoluer. Après de très mauvais résultats lors des élections primaires, le président Macri en Argentine, est à quelques jours d’une défaite cuisante, dû à la catastrophe économique et à une pauvreté terrible qui explose à travers le pays. Macri n’a pas réussi à renverser la situation et il est probable que le candidat de l’opposition, Fernández, l’emportera au premier tour.

Pratiquement tous les gouvernements de droite en Amérique Latine sont confrontés à une crise profonde. Le Brésil et le Chili complètent le tableau.

Tout le pronostic avancé il y a quelques années sur le « virage à droite » qui devait se poursuivre sur l’ensemble du continent, a été totalement renversé. Gouverner aujourd’hui est devenu un cauchemar pour tous les gouvernements néolibéraux de droite.

La classe ouvrière d’Amérique latine n’est pas prête à continuer de payer les pots cassés des gouvernements de la droite néolibérale. La prochaine période s’ouvre sur de grandes luttes de la classe ouvrière à travers le continent, comme on peut déjà le voir.

Cela ouvrira d’énormes possibilités dans la majorité des pays d’Amérique latine pour construire une alternative socialiste révolutionnaire. C’est la seule façon de mettre fin au cauchemar capitaliste et de construire une société socialiste démocratique des travailleurs et des pauvres du continent.

Celso Calfullan, Socialismo Revolucionario (organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire au Chili). Article paru sur socialistworld.net