Retraites : prenons dans les profits des grands patrons !

Une crise en chasse une autre... et ce sont toujours les travailleurs qui trinquent. Ras le bol de payer leur crise! Dessin : http://blog.fanch-bd.com
Une crise en chasse une autre… et ce sont toujours les travailleurs qui trinquent. Ras le bol de payer leur crise! Dessin : http://blog.fanch-bd.com

On pouvait s’en douter, l’économie ne redresserait pas, tout le monde le disait sauf le gouvernement. Et pour cause, cela lui fourni désormais le prétexte qui fallait pour justifier de nous faire payer encore et cette fois-ci, ce sera sur les retraites.

A la fin-mai, la Commission européenne recommandait à la France différentes « réformes » ultra-libérales en matière économique et sociale : ouverture à la concurrence, assurance-chômage, niveau du Smic, et surtout retraites. Evidemment, le gouvernement est d’accord avec ça. Mais en cette période de vive contestation de l’Union européenne dans toute l’Europe (et en souvenir aussi du vote majoritaire pour le « Non » au traité constitutionnel européen à 55% en 2005), il fallait finasser. Hollande a donc « brandi la souveraineté de la France face aux demandes de Bruxelles », comme titrait Le Monde, pour ensuite s’aligner sur les « recommandations » du rapport de Yolande Moreau et celui de la Cour des Comptes qui vont dans le même sens que la bureaucratie européenne… Sur le fond, ça ne change rien, ce seront toujours les travailleurs, les chômeurs, les retraités, qui vont devront trinquer.

Démographie, que de crimes on commet en ton nom !

Sans préciser encore les modalités de leurs attaques, Hollande et Ayrault ont déjà repris les justifications prétendument démographiques que Sarkozy, Fillon et Woerth employaient en 2010 pour reporter l’âge du départ et augmenter le nombre d’annuités nécessaires selon la bonne vieille méthode qu’on peut faire tout dire à des chiffres.

Les tranches d’âge nées au moment du baby boom arrivent à l’âge de la retraite et pour ne rien arranger, on vit plus longtemps ! Si le premier point est vrai, le second est plus contestable : c’est surtout l’espérance de vie à la naissance qui a augmenté du fait de la baisse de la mortalité infantile et, de plus, l’espérance de vie en bonne santé, malgré les progrès médicaux, reste en dessous de 70 ans, surtout chez les ouvriers. Et les statistiques démographiques nous fournissent bien d’autres renseignements, notamment sur le chômage. Il y a plus de 3 millions de chômeurs complets et près de 2 autres millions de précaires et de temps partiels imposés. Si les travailleurs doivent attendre 2 ans de plus pour avoir droit à une retraite à taux plein, de deux choses l’une : soit ils sont déjà au chômage (parce que les mêmes patrons qui veulent reculer l’âge de la retraite ne se gênent pas pour virer les vieux) et ils y resteront 2 ans de plus, soit ils sont encore au boulot et c’est un jeune qui attendra 2 ans de plus son premier emploi !

Le rapport entre les actifs et les inactifs restera le même mais, c’est vrai, plus tard on part à la retraite et moins long est le temps pendant lequel on touche celle-ci…

Déficits, que de crimes on commet en ton nom !

Le budget des retraites a énormément augmenté depuis que les travailleurs y ont droit et notamment depuis que l’âge d’accès a été ramené à 60 ans. Mais comme la productivité a encore augmenté beaucoup plus vite, leur financement n’a jamais appauvri le pays. La part des profits dans le PIB a elle aussi grandi et c’est bien là qu’il faudrait chercher pour payer les retraites sans réduire leur montant. De même, si le chômage n’était pas maintenu aux alentours de 10% par l’absence d’embauche dans le secteur public ou par le refus de combattre les licenciements , les cotisations suffiraient à supprimer tous les déficits sociaux, maladie, accidents du travail, retraite, famille et, bien sûr, chômage. Sans parler des scandaleuses exonérations de charges sur les bas salaires ! Pourquoi nos experts en démographie ne nous parlent-ils jamais de ces chiffres-là ?

L’heure n’est donc absolument pas à retarder le départ en retraite, mais au contraire à revenir à la situation d’avant 1993, quand travailleurs du public et du privé pouvaient partir à la retraite après 37,5 annuités de travail. L’offensive du PS joue aussi sur la division entre les catégories de travailleurs.

La différence avec la méthode Sarkozy, c’est que pour satisfaire la CFDT, friande des grandes négociations, le pouvoir a promis la « concertation » la plus large ce qui va donner un prétexte à ne pas s’opposer de manière frontale à de nombreux dirigeants syndicaux. Ce n’est pas gagné d’avance car la participation de toutes les confédérations à la Conférence Sociale des 20 et 21 juin sans rapport de force et surtout sans dire par avance qu’il est hors de question que les travailleurs et les retraités payent un centime n’est as à la hauteur de l’enjeu. Alors que des milliers de travailleurs se battent en ce moment dans des dizaines d’entreprises, contre des fermetures, ou contre l’aggravation de leurs conditions de vie et de travail, c’est le même vent de révolte qu’en Egyp te, au Brésil ou en Turquie qui doit nous inspirer et porter jusqu’à septembre. A défaut de grève préventive en juin, il faut préparer dès maintenant celle qui s’impose à la rentrée quand Hollande abattra ses cartes, une journée de grève massive, déterminée, capable de stopper l’économie et de dire : non, ce n’est pas à nous de payer pour que les grands patrons et les riches continuent d’amasser leurs milliards. Pur les retraites, qu’on prenne dans les profits, dans les dizaines de milliards d’euros d’aide que reçoivent les patrons !