Relations diplomatiques rétablies avec les USA… Où va Cuba ?

Délégation d’entreprise au défilé du 1er Mai 2015 dans la ville de Holguin, Cuba. L’attachement aux acquis de la révolution reste encore fort mais les avantages que s’octroie la bureaucratie sur le dos de la population empêche la construction d’une société véritable socialiste et démocratique
Délégation d’entreprise au défilé du 1er Mai 2015 dans la ville
de Holguin, Cuba.
L’attachement aux acquis de la révolution reste encore fort
mais les avantages que s’octroie la bureaucratie sur le dos de
la population empêche la construction d’une société véritable
socialiste et démocratique

Depuis décembre 2014 et la poignée de mains entre Raul Castro et Obama, le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays a été un peu plus formalisé avec les drapeaux hissés sur les ambassades à Washington et à La Havane. C’est un changement dans la politique des USA vis-à-vis de Cuba, mais aussi de celle du régime cubain vers une restauration du capitalisme, processus qui s’est développé depuis plusieurs années.

Après la victoire de la Révolution cubaine en 1959, les USA ont imposé un embargo strict en 1961 pour renverser le régime et restaurer le capitalisme. Ils n’y sont pas parvenus. L’économie planifiée reste encore largement intacte bien que fragilisée par les mesures d’une bureaucratie qui a usurpé le pouvoir aux travailleurs.

Cuba est confronté à une crise économique, la plus grave depuis celle de la chute de l’URSS. Pourtant le régime a survécu, dans la difficulté certes, mais a montré la force de la révolution de 1959. Le retour au capitalisme serait un revers pour tous les travailleurs. Pour défendre ses intérêts et en réponse à la dégradation des conditions de vie qui fait monter la colère, une partie de la bureaucratie cubaine souhaite abandonner l’économie planifiée et se tourner vers l’économie « de marché ».

L’argument du blocus ne suffit pas

En 2011 le gouvernement cubain a annoncé des mesures de « modernisation » économique: proposition de détruire 500.000 emplois dans les secteurs de l’État, création de licences de travailleurs indépendants. Le secteur privé a augmenté, employant 20% des travailleurs au lieu de 6% en 1988. La chute du prix du nickel, principale ressource de Cuba, aggrave la crise. Le gouvernement Obama maintient le blocus mais a très rapidement retiré l’île de la liste des pays terroristes, ce qui lui permet…d’emprunter au FMI. Il faut dire que le gouvernement est à la recherche de 2,5 milliards d’investissements étrangers. Alors les capitalistes et leurs gouvernements se bousculent sur l’île. Hollande est venu en mai dernier avec 25 gros patrons dirigeants de groupes et a gagné quelques contrats notamment dans la Santé, d’autres suivront. 85.000 chambres d’hôtel vont être construites en prévision notamment des touristes américains autorisés à se rendre sur l’île. Les affaires reprennent pour les capitalistes…

La bureaucratie toujours aux affaires

Il est possible que bien que prenant de nouvelles mesures capitalistes, l’État conserve un rôle central ou puissant dans l’économie. Ce serait alors alors un régime hybride, où des progrès significatifs vers la restauration capitaliste sont faits, mais où l’État et le régime bureaucratique se maintiennent. Mais il y un écart très grand entre l’ancienne génération qui se reconnaît dans la révolution et les 73% de la population nés après. La jeunesse notamment, face à la répression bureaucratique, aux restrictions de voyage, à la pénurie notamment de logements… a un engagement moindre envers la révolution et peut être tentée par le capitalisme surtout en l’absence d’une alternative socialiste démocratique.

Voici des exemples de mesures démocratiques à prendre vite:
– levée des restrictions de voyage
– droit de se réunir en groupes pour tous les travailleurs
et les jeunes
– ouverture de la presse et des médias au
contrôle des travailleurs et des jeunes
– accès internet libre et gratuit

La solution à l’impasse actuelle n’est pas d’aller vers la restauration du capitalisme mais bien de défendre l’économie planifiée et d’imposer une gestion démocratique à l’échelle locale et nationale par les travailleurs et les jeunes.

Par Marie-José Douet