Quelle alternative politique construire à gauche du PS ?

Construire une opposition de gauche... un vrai casse-tête !  AFP PHOTO JOEL SAGET
Construire une opposition de gauche… un vrai casse-tête !
AFP PHOTO JOEL SAGET

Malgré la crise et le carnage social qu’elle engendre, le PS au pouvoir, contrairement à ce qu’il a laissé croire dans sa campagne électorale de 2012, mène une politique antisociale au service du patronat. Les deniers mois ont confirmé la totale trahison de Hollande qui a mené une politique d’austérité masquée mais bien réelle. Où en sont les forces à gauche du PS et constituent-elles une alternative ?

Le NPA dans l’impasse.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste tenait son 2ème congrès début février, quatre ans après sa fondation. Ce projet politique, s’adressant aux travailleurs et aux jeunes, ainsi qu’à tous ceux qui voulaient s’organiser pour lutter et en finir avec le capitalisme, avait attiré 9000 personnes venant d’horizons différents.

La Gauche révolutionnaire, défendant depuis des années la nécessité de nouveaux partis de masse des travailleurs et des jeunes, a participé au processus de création, tout en proposant ses analyses pour permettre de débattre de l’orientation et de la construction de ce parti.

Quatre ans après, le NPA ne compte plus que 2500 adhérents. Les luttes internes, les questions électorales et autres alliances sont devenues centrales dans les débats. Le manque de programme et de clarification politique, ainsi que le non-développement de la perspective socialiste ont donné le sentiment à beaucoup que ce parti n’offrirait pas l’alternative politique pour s’organiser et lutter contre le capitalisme. C’est sur ce bilan que nous avons quitté début 2012 cette organisation.

Le 2ème congrès, qui vient de se tenir après le départ de la Gauche anticapitaliste pour le Front de gauche début juillet 2012 sur des bases opportunistes, ne donne pas de nouvelles perspectives à ce parti malgré une plateforme proposant sa refondation. La majorité, obtenant 51% des voix (mais en réalité majorité tactique depuis le début du fait d’alliances avec l’aile droite, puis l’aile gauche), ne tire pas le bilan de l’effondrement du NPA, et propose de nouveau des alliances au sommet avec le FdG sans s’adresser à la base, tactique qui a échoué à chaque tentative faute d’un programme à proposer.

Quelle alternative pour organiser la résistance ?

Malgré cet échec, les travailleurs ont toujours besoin de s’unifier et de s’organiser pour résister tous ensemble contre l’austérité et ses conséquences, ainsi que d’avoir des perspectives politiques pour dépasser le capitalisme. L’abstention croissante aux élections surtout des classes populaires montre le rejet des institutions.

Face à l’austérité, nous devons organiser la riposte à gauche du PS la plus large possible, reposant sur les luttes actuelles des travailleurs contre les licenciements ou pour des augmentations de salaire, pour l’emploi, contre l’austérité, sur un programme résolument tourné vers les luttes et non les élections. La campagne anti austérité du Front de gauche peut être une initiative rassemblant tous ceux qui veulent lutter. Si c’est une vraie campagne de lutte, alors tous devraient pouvoir s’y joindre. Il est possible de mobiliser tous ensemble sur des revendications simples, contre les conséquences du système capitaliste, même si pour le moment l’alternative proposée n’est pas la même.

Nous pensons qu’il faut une vraie campagne qui allie des réunions publiques, des manifs, et des propositions de grèves, et préparer ainsi une vraie journée nationale de grève dans tous les secteurs et préparer un mouvement d’ensemble qui stoppe l’austérité. En construisant cela, il serait possible de discuter de l’alternative politique à la gauche du PS et d’un gouvernement qui défende réellement les intérêts des travailleurs et des travailleuses contre les capitalistes.

Si aujourd’hui, les capitalistes et les gouvernements à leur service imposent l’austérité, c’est bien parce qu’ils n’ont pas face à eux une opposition résolue et organisée qui lutte contre ces attaques. Nous devons construire cet outil de lutte à gauche du PS, tous ensemble, pour nous défendre et porter la perspective d’une autre société, socialiste.

 Par Mathieu Sauvan

Paru dans l’Égalité n° 160 (mai-Juin 2013)