Où va la France… Insoumise?

P3 Fi referendum manifMacron poursuit sa contre-révolution sociale et parmi la jeunesse et les travailleurs qui en subissent les conséquences, l’envie d’en découdre reste très forte. Les gilets jaunes et les nombreuses grèves en sont l’expression. Bien que dénonçant et s’opposant à toutes ces politiques, la France Insoumise (FI) peine à retrouver l’enthousiasme qu’elle a suscité lors de la campagne présidentielle de 2017. Pourquoi ? Peut-elle encore corriger le tir et comment ?

Le besoin d’un fonctionnement démocratique avec de vrais débats

La question « parti ou mouvement » a été tranchée par Mélenchon sans que les termes n’aient été définis et sans que l’on puisse en débattre au sein de la FI. Comme si le simple fait de se dire « mouvement » suffisait à assurer une démocratie. Il n’en est évidemment rien et de nombreux insoumis ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis d’un fonctionnement opaque et en réalité très vertical. Le fait de contribuer et voter via Internet ne permet pas le débat, la confrontation d’idées, la clarification et encore moins le contrôle sur la ligne politique défendue par les élus et les figures médiatiques. La multiplication des espaces et des pôles découlant de l’assemblée de juin ne répond pas suffisamment à ce besoin de démocratie et de clarté. Aujourd’hui, les groupes d’action (GA) n’ont pas de rôle politique et de ce fait, leur force vive se tarit. Les GA devraient être les racines de la FI, impliquer les insoumis dans des discussions sur le programme, les revendications à porter, les campagnes… et être décisionnaires ! C’est seulement ainsi que la FI pourra se vanter d’être une force démocratique, à l’image de la société nouvelle qu’elle veut construire.

Pour un programme politique lié aux luttes

À la naissance du mouvement, les discussions autour du programme ont impliqué de nombreux insoumis, enthousiasmés de participer à définir ce pour quoi nous nous battons. L’Avenir En Commun (AEC) qui en a découlé est un programme de campagne présidentielle. Souvent, il est brandi comme un recueil de recettes auquel on se réfère sans plus y toucher. Mais un programme politique ne peut pas être figé. Il doit être vivant, à l’image des périodes qu’il traverse, des gens qui le portent, avec l’objectif de répondre aux besoins et intérêts soulevés par les luttes en cours.

La multitude de livrets thématiques n’aide pas à convaincre, elle a plutôt tendance à enfermer dans des détails, faisant oublier que le fond du problème est le capitalisme et que c’est à lui que l’on doit s’attaquer !

Développer une force politique anticapitaliste combative

On peut discuter des points de faiblesses de l’AEC (nous le faisons régulièrement.) mais la question principale est de faire en sorte que les travailleurs et les jeunes en lutte s’emparent du programme de la FI, qu’ils puissent le lier à leurs revendications et que celui-ci leur ouvre de réelles perspectives pour dégager et remplacer Macron ! Malgré une base militante très active, la FI vivote de campagne en campagne. Pour la rentrée par exemple, l’accent est mis sur la campagne ADP et le lancement de la campagne pour les municipales. Il y a bien sûr un appel à soutenir les diverses grèves en cours et à participer à la bataille pour les retraites, mais c’est en étant à leur remorque. C’est bien en-dessous du niveau de colère et des attentes !

Pour se développer, la FI doit être force de proposition et mettre en discussion un plan pour stopper Macron dès aujourd’hui. Ce qu’il nous faut, c’est une force politique audacieuse, qui soit un outil pour organiser les travailleurs et les jeunes en lutte, leur permettre de discuter, leur donner confiance dans leur capacité à changer la société en portant un programme authentiquement socialiste.

Par Rachel