On n’est pas chômeur pour se faire plaisir !

manifestation-c3a0-paris-le-12-2014-6Ces dernières semaines les chômeurs (et un peu aussi les agents de Pôle emploi) ont pris cher ! De Christophe Castaner (Porte-parole du gouvernement) à Laurent Wauquiez, ils sont décrits comme des feignasses et des fraudeurs profitant d’un système trop généreux, dont ils usent et abusent !

Ces attaques contre les chômeurs sont récurrentes à chaque fois que la convention UNEDIC est renégociée ou que l’on veut renforcer le contrôle et la chasse aux prétendus « fraudeurs ». Et de ce point de vue, les mois à venir sont lourds de menaces pour le régime d’indemnisation du chômage et la pression mise sur les chômeurs.

La nouvelle convention chômage qui s’applique dès le 1er novembre vise à baisser les allocations, en particulier pour les personnes travaillant régulièrement avec des emplois de courte durée.

Mais les changements à venir sont plus fondamentaux : d’une part, il y a la suppression des cotisations chômage qui est un premier pas vers la casse du régime d’indemnisation du chômage actuel. Nous avons un système solidaire et par répartition, financé par le salaire socialisé, au profit d’un système individualisé et uniforme (indemnisation forfaitaire d’un faible montant), dont la gestion peut être privatisée rapidement. D’autre part, il y a le processus larvé de privatisation/régionalisation de Pôle emploi. L’un comme l’autre permettront de faire du chômage un marché permettant aux assurances et aux banques ainsi qu’aux officines de gestion des chômeurs de faire des profits.

Le rôle fondamental de toutes ces réformes, comme les précédentes depuis des décennies, c’est bien d’accroître la « mobilité » professionnelle afin de répondre exclusivement aux besoins de main d’œuvre du patronat et de faire une pression à la baisse sur les salaires en obligeant les chômeurs à vendre leur force de travail moins cher – en les obligeant à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel prix.

La gestion du chômage a donc une répercussion sur l’ensemble des salariés. La défense des chômeurs et des précaires doit être un combat de toute la classe ouvrière et de ses organisations.

Chômeurs profiteurs et fraudeurs : remettons les pendules à l’heure !

Seuls 52 % des chômeurs inscrits à Pôle emploi sont indemnisés. Donc 48 % des chômeurs inscrits ne sont pas indemnisés.

En 2016, 83,5 % au titre de l’allocation de retour à l’emploi (ARE) ou de l’allocation retour à l’emploi-formation (AREF) et 14,5 % en allocation de solidarité spécifique (ASS).

Le montant de l’ASS c’est environ 490 euros par mois. Le montant moyen net de l’ARE est de 1010 euros en 2016. Le montant médian était de 970 euros. Ce qui représente en moyenne environ 71% du salaire perçu.

68 % des chômeurs inscrits n’utilisent pas la totalité de leurs droits.

La Fraude à l’allocation chômage représente selon Pôle emploi entre 0,2 et 0.35% de la totalité des sommes versées aux chômeurs, soit environ 100 millions d’euros. En comparaison, la fraude patronale aux cotisations sociales était estimée à plus de 20 milliards d’euros par la Cour des comptes.

Yann Venier