Non à la mode ! Laissez les femmes s’habiller comme elles l’entendent

20160106_dolce7L’annonce de certaines marques de mode de développer une gamme de vêtements dits «pudiques» à destination des femmes musulmanes a été l’occasion une fois de plus d’un déchaînement de propos racistes de tous bords. Les médias bourgeois et la classe politique ont profité de ce qui n’est qu’un coup marketing pour cibler les musulmans en utilisant l’approche facile de «la défense des droits des femmes» d’une part et le risque terroriste d’autre part.

Article paru dans l’Egalité n°177 mai-juin 2016

Quand la ministre de la famille s’émeut : «Je crois que ces femmes sont pour beaucoup d’entre elles des militantes de l’islam politique. Je les aborde comme des militantes, c’est-à-dire que je les affronte sur le plan des idées et je dénonce le projet de société qu’elles portent. Je crois qu’il peut y avoir des femmes qui portent un foulard par foi et qu’il y a des femmes qui veulent l’imposer à tout le monde parce qu’elles en font une règle publique.» Elle dit en somme que derrière chaque foulard se cacherait une terroriste en puissance.

Sous prétexte de féminisme c’est en fait un racisme (à peine voilé, lui) qui est exprimé. Selon E.Badinter «une partie de la gauche est imprégnée de l’idée que toutes les cultures et traditions se valent et que nous n’avons rien à leur imposer». Alors, toutes les cultures ne se valent pas ? Se battre pour une société tolérante où chacun et chacune peut se vêtir comme il l’entend, où toutes les cultures sont respectées à égalité, c’est être un «islamo-gauchiste» ?

Et que dire des déclarations comme celle de Pierre Bergé, qui se dit scandalisé par cette mode islamique, et estime qu’il faut «apprendre aux femmes à se dévêtir» (sic !). Une fois de plus le corps des femmes et leur façon de le couvrir est sujet à débat. Mini-jupe ou foulard ? Allumeuse ou terroriste ? Les femmes sont sommées de choisir leur camp. Et les «féministes» officielles, comme E.Badinter, ont elles oublié les luttes des femmes, dont elles se réclament, pour le contrôle de leur corps ?

Nous ne sommes pas des objets !

Sommer les femmes d’être décentes, sexy (mais pas trop… surtout après 40 ans !), décontractées (mais pas trop…) soignées, chics, à la mode… c’est accepter et leur imposer un rôle de femme objet. Quel que soit l’impératif, qu’il soit «moral» ou issu de l’idéologie mercantile du capitalisme, il n’en reste pas moins une contrainte imposée aux femmes, quelles qu’elles soient !

De plus c’est quoi la mode ? C’est à la fois une norme à laquelle on nous demande de nous conformer, mais c’est aussi une opération marketing et publicitaire permanente et à échelle mondiale pour faire tourner l’industrie textile et les marques. Enfin et surtout c’est une marque extérieure de votre appartenance sociale.

Alors, non à la mode ! Non aux diktats qui prétendent savoir pour les femmes ce qui est décent et acceptable ! Non à cette société dont le seul objectif est la poursuite du profit ! Avec ou sans voile, les femmes ne sont pas des objets !

Virginie Prégny