Municipales 1er tour : LREM sans soutien, le dégagisme présent

89766428_132665694961834_3246616438185656320_oLe premier tour des municipales a eu lieu dimanche, dans le contexte d’aggravation de l’épidémie de coronavirus. Le gouvernement a décidé de maintenir ces élections car il pensait que la panique qu’il a encouragée la semaine dernière jouerait en sa faveur. Mais même avec toutes ces manœuvres, cela n’a pas marché. À Paris, les candidats LREM de l’ancienne Ministre de la casse de la Santé publique Agnès Buzyn n’ont réussi à faire que 17%. Même chose à Lyon où Collomb et les autres candidats En Marche n’ont pas fait plus de 15%. Au Havre, malgré les apparences, Edouard Philippe s’est pris une vraie défaite, avec la perte de près de 8900 voix et un vote qui est passé de 52% en 2014 à 43,6% cette année. Rennes, Rouen, Besançon, Mulhouse… dans toutes ces villes et bien d’autres, les macronistes ont fait des scores médiocres, entre 10 et 15%. Encore une fois, LREM a confirmé qu’il n’a pas de soutien dans la population.

Participation au plus bas

Mais c’est également une très faible participation, de 45%, qui a marqué le scrutin, un record (elle avait été de 64 % en 2014). De fait, ce premier tour reflète la situation de manière déformée. Sibeth N’Diaye, la porte-parole du gouvernement, a encore brillé par sa bêtise en qualifiant ces élections de « moment démocratique qui s’est bien passé ». Mais ces élections, alors que le gouvernement même exhortait les gens à rester chez eux et interdisait les manifestations, ont été menées sous la pression de la peur et la panique. Côté démocratie, Macron fait une fois de plus la preuve que c’est quand ça les arrange.

Au final, dans de nombreuses villes et communes, c’est l’équipe sortante qui a remporté la majorité des voix : Paris, Lille (mais avec moins d’un tiers des suffrages exprimés), Toulouse, Nantes… Cela est notamment dû à la notoriété du maire sortant, et au fait que ses équipes tiennent tous les appareils et disposent souvent de gros moyens pour faire leurs campagnes. Mais par ailleurs, c’est très habituel dans les municipales. Dans 20 600 communes sur 35 000, le maire réélu au premier tour. Pour l’heure, avec le report du second tour, la question de devoir refaire le premier tour ou pas reste en suspens ; le gouvernement proposera cette semaine une loi pour trancher.

Malheureusement, cela a pu profiter à certains maires RN/FN (Fréjus, Beaucaire, Hénin-Beaumont, le Pontet, Hayange) ainsi qu’à Ménard à Béziers qui ont été réélus au premier tour (mais on ne parle là que d’une demi-douzaine de mairies, à mettre en contraste par exemple avec les 133 villes où le maire PCF a été réélu au 1er tour). Louis Aliot a pu arriver en tête à Perpignan avec 36,5% des voix et ira donc au second tour. Mais ailleurs, le RN non seulement ne gagne aucune nouvelle ville, mais il enregistre plusieurs échecs. Chenu (député) a été battu dès le premier tour à Denain. Dans de nombreuses villes, le RN n’a pas présenté de liste pour limiter la casse (430 contre 600 en 2014) et n’a pas évité les scandales : à Strasbourg, l’ex candidat avait caché des condamnations pour injures racistes et a dû se retirer. Leur campagne qui comptait sur la tête de Marine Le Pen n’a pas fait l’effet escompté ! Les résultats du RN ont été très mauvais dans la majorité des grandes villes comme par exemple Paris où ils n’ont fait que 1%.

Le « dégagisme » bien présent

Au vu des circonstances, ce premier tour n’a pas permis de traduire pleinement la colère qui existe contre Macron, la droite et tous ceux, du PS au FN/RN, qui soutiennent et mettent en place dans les communes les politiques d’austérité et les privatisations. Néanmoins le « dégagisme » a pu se faire ressentir dans certaines villes comme par exemple à Marseille où la successeur de Gaudin a été battue par la candidate du PS avec un petit pourcent d’avance. À Strasbourg, le maire sortant qui se présentait sous étiquette LREM n’a eu que 20% des voix contre 28% pour le candidat EELV ! Même situation à Bordeaux, où Philippe Poutou du NPA, soutenu par la France insoumise se maintient au second tour avec 11,8%. Ou encore à Lyon avec la très satisfaisante trempe que s’est pris Collomb, CRS-en-chef de Hollande.

Dans les campagnes sur le terrain, les listes qui parlaient de rejeter la politique de Macron et des « Macron-compatibles », y compris en dénonçant les alliances avec la vieille gauche, qui maintiennent le PS artificiellement en vie, ont connu un très bon écho. Parfois, au vu des circonstances, cela ne s’est pas automatiquement traduit partout par un fort vote pour la liste. A Paris, par exemple, seule Danielle Simonnet, candidate « Décidons Paris » (soutenu par la France Insoumise) passe les 10% dans le 20ème arrondissement. Mais cet écho montre une fois de plus la nécessité d’une nouvelle force politique, vivante et démocratique, de lutte, pour organiser les travailleurs et la population autour d’un programme combatif.

Succès pour « Décidons Petit-Quevilly »

Au Petit-Quevilly, près de Rouen, notre camarade Leïla Messaoudi menait la nouvelle liste « Décidons Petit-Quevilly », soutenue par la France insoumise. Basée sur une campagne combative, la liste a réussi à remporter 8,5% des voix et à voir notre camarade élue ; la maire Goujon ayant été élue dès le 1er tour. Notre campagne a également contribué à faire baisser le score du RN, de 34 à 23% et deux sièges en moins sur les six qu’ils avaient. Car pour contrer leur politique « tout-sécuritaire », nous avons fait campagne sur le retour des services publics, pour une commune qui répond au besoin des travailleurs et des jeunes. Notre élue au conseil municipal les combattra d’arrache-pied tout au long de la prochaine mandature comme elle l’a toujours fait, aux côtés de toute l’équipe de « Décidons Petit-Quevilly ». Comme l’a dit la déclaration publiée le soir du vote : « On remercie les colistières et colistiers, avec les soutiens et celles et ceux qui ont milité. Merci à toutes les personnes qui ont porté leurs voix sur notre liste ! Un collectif militant est né à Petit Quevilly, comptez sur nous pour continuer le combat. »

Le second tour n’aura probablement lieu qu’en juin, mais c’est déjà un vrai échec pour Macron. La colère ne va pas s’arrêter avec le confinement et les campagnes devront être de nouveau l’occasion de réunir et de renforcer ces nouveaux « collectifs militants » qui ont fleuri partout à travers le pays, et qui devront être les bourgeons d’une nouvelle force, d’un nouveau parti de lutte et de masse au service des intérêts des travailleurs et de la population.

Par Cécile Rimboud