Marxisme et Ecologie

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Bien avant que les députés EELV n’en fassent la découverte soudaine, les travailleurs subissaient déjà la pollution, jusque dans leurs poumons

Les politiciens prétendument écologistes surfent sur un réel problème qui est celui d’une dégradation rapide de certains milieux naturels ou humains. Se posant en moralistes des temps modernes, leurs élus participent néanmoins aux institutions du capitalisme. On a même vu David Cormand, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts se positionner contre toute idée de planification de l’économie car cela renverrait à un modèle centralisateur. Il est évidemment plus facile de faire des discours de morale et de préconiser des taxes que de prendre réellement le chemin d’une lutte pour exproprier les multinationales pour réorganiser l’économie.

Article publié dans l’Egalité 197

Ainsi, la loi fondamentale du capitalisme, celle du profit maximum et le plus rapide possible, n’est pas attaquée, et les capitalistes peuvent continuer de se servir de l’écologie comme argument de vente. Mais surtout, le problème n’est pas nouveau. Dans leurs travaux, Marx et Engels ont pointé que la recherche du profit propre au capitalisme épuisait les deux sources de richesse de la société « le travail humain et la Nature ». Et Engels rappelait que le développement du capitalisme pouvait amener à une illusion (d’ailleurs reprise par la plupart des courants écologistes), celle que l’homme serait au-dessus ou étranger à la Nature.

Dans Dialectique de la Nature, il précise: « Les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui est en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons (…), que nous sommes en son sein. » Pendant des décennies, les travailleurs ont été surexploités dans des conditions de pollution extrême : dans la chimie, les mines, la métallurgie… Des millions de travailleurs et travailleuses sont morts prématurément de maladies liées aux gaz, aux particules, aux poussières… Sans parler des rivières mortes par les déversements de déchets industriels. Alors que les produits « bio » sont à la mode, il y a peu de politiciens écologistes pour dénoncer les conditions de travail des récolteuses de noix de cajou, de Cacao, de fruits et légumes…

La lutte pour un environnement sain fait partie intégrante de la lutte des travailleurs contre leur exploitation. C’est justement ce que Marx et Engels ont montré et que tous les courants staliniens ou sociaux-démocrates se sont empressés d’oublier en limitant la plupart du temps les revendications à des questions de salaire. L’analyse marxiste de la société capitaliste est un tout. Elle relie les choses entre elles : l’exploitation des travailleurs et celle de la Nature, la surexploitation des richesses naturelles et la domination impérialiste de quelques pays capitalistes dominants, les guerres et les répressions qui en découlent.

Seul le marxisme permet une méthode qui permet de comprendre les problèmes pour en déduire la solution : la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique est une lutte pour faire cesser l’exploitation de l’homme par l’homme et la destruction de la Nature. C’est une lutte de classe, entre les travailleurs et les couches de la population qui leurs sont liées, et les capitalistes. Une lutte pour en finir avec la loi du profit, seule cause d’un mode de production qui, recherchant le profit maximum et immédiat, ignore toute précaution environnementale.

La lutte pour le socialisme est une lutte écologiste. A partir du moment où les travailleurs contrôlent leurs entreprises, que celles-ci sont en propriété publique et que la production est planifiée démocratiquement en fonction des besoins et des ressources, le respect de l’environnement sera une évidence, les travailleurs n’ayant aucune envie d’habiter dans une zone polluée. Pour être réellement écologiste, il faut se battre pour la révolution socialiste !

Par Alex Rouillard