Liberté d’expression ! Non au racisme ! pas d’unité derrière les Valls-Merkel-Cameron-Sarko etc…

L’attaque et le meurtre de 12 personnes par des hommes lourdement armés dans les locaux du journal Charlie Hebdo mercredi 7 janvier est un événement dramatique que nous condamnons fermement comme une attaque lâche et barbare.

Cliquez ici pour voir notre brochure 4-pages dont le texte est ci-dessous.

Nos pensées et tout ndessin-PetarPismestrovicotre soutien vont bien sûr vers les proches des victimes : Frédéric Boisseau, agent d’entretien ; Bernard Maris, économiste ; Michel Renaud, Elsa Cayat, psychanalyste ; Mustapha Ourrad., correcteur ; Franck Brinsolaro, brigadier ; Ahmed Merabet, policier ; Wolinski, Charb’, Tignous, Cabu, Honoré (dessinateurs), les autres victimes et les blessés.

En attaquant Charlie Hebdo et des personnes comme Wolinski et Cabu, ce n’est pas n’importe qui qui a été visé. Ce sont, pour beaucoup, des journalistes connus pour leur engagement de longue date. Ils ont, de multiples manières, combattu l’intolérance, le racisme, la censure… Qu’ils meurent sous les balles de fous furieux racistes et intolérants nous révolte. En s’en prenant aussi à de simples travailleurs, ceux qui ont commis cet assassinat atroce démontrent qu’ils n’en ont rien à faire de lutter contre le racisme, ils ne défendent pas les musulmans et ne veulent surtout pas d’une société tolérante et respectueuse de chacun.

En aucun cas les musulmans en France ne vont se sentir soulagés par cet acte, bien au contraire. C’est d’ailleurs bien souvent eux qui vont payer les conséquences dans la rue, comme à chaque fois qu’un acte réactionnaire et aveugle est commis. Ces terroristes qui prétendent défendre une « religion » ne valent pas mieux que les réactionnaires islamophobes qui, du coup, vont se frotter les mains et multiplient les actes de violence à l’égard des musulmans. De fait, ces deux catégories marchent main dans la main pour développer l’intolérance et l’obscurantisme. Cet acte terroriste odieux et lâche renforce tous les courants réactionnaires qui veulent diviser les travailleurs et les jeunes sur une base religieuse ou communautaire.

Pas d’entrave à la liberté d’expression et au droit à la caricature !

Charlie était le produit d’une longue tradition de lutte contre la censure, contre le racisme et l’extrême droite ; sans pour autant épargner la gauche. Ils utilisaient la provocation et le sarcasme à l’extrême comme moyen de dénonciation du politiquement correct et de la manipulation politique et médiatique. On défend Charlie Hebdo car on pense qu’il ne doit pas y avoir d’obstacles à la liberté d’expression. Nous savons que ce droit est très vite attaqué par les classes dirigeantes. Nous avions défendu la même position pour Dieudonné alors que nous sommes en désaccord avec ce qu’il dit, qui peut aussi être considéré comme du racisme dans certains aspects, notamment ses nombreux sous-entendus anti-sémites. Quand Charlie Hebdo a publié les caricatures de Mahomet c’était d’abord pour répondre aux menaces de mort contre le journaliste danois, pour dire : oui on a le droit de ne pas croire en dieu et de critiquer les religions… Le problème c’est qu’aborder les choses de façon aussi provocante, et parfois insultante, dans un contexte de surenchère dans le racisme anti-musulman, surtout après le 11 septembre 2001, n’est pas une réponse et peut même paraître faire le jeu des racistes. Et ce fut le cas des fois notamment durant les trop longues années où Charlie a été dirigé par l’opportuniste Philipe Val (qui sera passé de l’extrême gauche dans sa jeunesse à prôner désormais des positions proches de Sarkozy). Tout en défendant le droit le plus complet à la liberté d’expression, c’est sur ces sujets là que nous gardons largement nos distances avec certains propos et dessins que pouvaient publier Charlie.

Les caricatures peuvent toujours déranger, mais elles ne tuent personne au contraire des réalités que des dessinateurs comme Cabu ou Wolinski ont dénoncé dans leur travail d’artiste. On pouvait les trouver un peu «bêtes et méchants» des fois, mais eux mêmes visaient à dénoncer la bêtise et l’oppression. Dès leurs débuts, ils se sont affrontés aux forces qui brimaient la société : l’Eglise, l’armée, les partisans du colonialisme, l’extrême droite… Ce qu’ont visé ces terroristes dans leur lâcheté, ce n’est pas les vrais islamophobes d’extrême droite, mais des défenseurs de la liberté d’expression, et de la lutte contre l’oppression et le totalitarisme. Souvent, ça n’était pas la foi qui était visée dans les dessins, mais l’utilisation qui en est faite à des fins de pouvoir ou de racisme.

Pas d’unité avec ceux qui nourrissent le racisme !

Il est quand même incroyable d’entendre tous les politiciens que Charlie critiquait et caricaturait défendre aujourd’hui ce journal. Les dessinateurs auraient bien rigolé d’ailleurs si on leur avait dit que la cathédrale Notre Dame de Paris sonnerait le glas en leur hommage pendant 15 minutes… belle prouesse pour des anticléricaux forcenés ! Ce sera leur dernière blague, dommage qu’ils ne puissent en profiter.

Mais, il y a de quoi rire jaune devant l’hypocrisie sans borne des classes dirigeantes et de leur valets des médias, et on ne doit pas oublier quelles sont les responsabilités des uns et des autres. Nous défendons de manière intransigeante la liberté d’expression, mais quand on sait que la presse est à 90% aux mains de grands groupes capitalistes qui y censurent sans hésiter souvent selon les lois de la rentabilité, ce ne sont certainement pas eux qui peuvent nous donner des leçons sur la « liberté d’expression ».

Sarko, Le Pen etc. n’ont pas leur place dans les hommages !

Alors qu’une nouvelle loi « anti terroriste » restreignant nos libertés a été votée en novembre, sous prétexte de lutte contre les filières djihadistes, prétexte toujours facile pour fliquer les gens, tout d’un coup les politiciens se préoccupent de nos libertés. Il y a deux mois, la police était déployée avec violence pour empêcher les actions pacifiques en mémoire de Rémi Fraisse, militant écologiste assassiné par la police. Alors que ce gouvernement attaque les syndicalistes, ils se préoccuperaient de la liberté d’opinion ? Alors que tous les médias à la recherche du « clash » et du « buzz » sont ouverts à des Zemmour & co et multiplient les amalgames et les insultes contre les musulmans et les immigrés, ils se redécouvrent défenseurs de la liberté d’opinion et de la tolérance ?

Même le FN veut entrer dans cette « unité nationale » et prétend défendre un journal qui luttait contre ce qui fait son fond de commerce : le racisme et l’islamophobie en particulier. Non, le FN n’a pas sa place dans des hommages aux morts de Charlie Hebdo. D’autant plus que Marine Le Pen en profite pour parler de réintroduire la peine de mort, chose contre laquelle tous les dessinateurs de Charlie ont toujours été.

Quant à la droite, ce n’est pas non plus l’hommage aux morts de Charlie qui l’intéresse. Sarkozy parle de « guerre de civilisation » comme il a parlé des « racailles » avant. Des députés de droite comme Mariani se prétendent défenseurs de la liberté d’expression alors qu’ils ont tenté de faire interdire de nombreux spectacles et même des chansons de Rap… Pas d’unité avec ces politiciens qui tentent de se servir de l’émotion actuelle pour avancer leurs idées racistes.

Et certainement pas non plus avec les chefs de gouvernement qui ont été invités par Valls : le premier ministre espagnol et héritier du franquisme, Rajoy, le premier ministre britannique Cameron qui avait animé dans sa jeunesse les jeunesses du Parti conservateur et leur campagne « pendez Mandela »…

La liberté d’expression : une arme contre les classes dirigeantes et les réactionnaires.

Alors, nous manifesterons, en hommage aux victimes, en défense de la liberté d’expression et d’opinion, et contre les politiques de régression sociales qui font le lit des fanatiques et réactionnaires de tous bords. Nous devons être le plus nombreux possible dans les jours et mois à venir à les empêcher de se refaire une virginité sur la mort de ces personnes.  Il nous faut de l’unité, mais pas cette unité de façade qui ne garantit pas nos libertés.

Le meilleur hommage que l’on puisse rendre aux victimes, c’est de renforcer la lutte contre le racisme, l’obscurantisme et toutes les politiques qui visent à diviser les travailleurs et les jeunes. Ce qui nous manque cruellement depuis des années c’est d’avoir une force politique qui défende clairement les victimes de la société capitaliste, qui soit ouverte à tous et toutes, et se donne pour objectif l’unité des travailleurs, des jeunes, des chômeurs, des retraités, quelles que soient les origines, les cultures… Une force politique qui appelle à lutter autant contre les attaques du gouvernement et du patronat que contre le racisme et l’intolérance. La gauche nous a trahi de multiples façons ces dernières années, en acceptant de placer son action dans le cadre du capitalisme, en abandonnant la lutte antiraciste et en soutenant pour certains les guerres (au Proche et moyen Orient, au Mali…). Ce même gouvernement nous parle du « danger djihadiste » ici, alors qu’il soutient la Turquie qui aide Daesh en Syrie, qui s’allie avec le Qatar ou l’Arabie Saoudite dont les régimes ultra-réactionnaires soutiennent eux aussi des groupes terroristes…

Le gouvernement actuel, dirigé par le PS, porte aussi une responsabilité dans l’atmosphère délétère de ces derniers mois. Il suit sans sourciller les pas des politiques de casse sociale et démocratique engagées par son prédécesseur, Sarkozy. Les événements ne doivent pas nous faire oublier les déclarations de Macron, pour qui le seul objectif que doit avoir un jeune est de devenir milliardaire, ce qui veut dire s’enrichir sur le dos des travailleurs et de la majorité de la population. Ils ne doivent pas nous faire oublier non plus les milliers de licenciements, la politique ultra libérale en faveur des plus riches et le chômage, qui nous touchent tous d’où qu’on vienne. La mobilisation en hommage aux morts de Charlie ne doit pas nous faire mettre de côté la nécessité d’une lutte d’ensemble contre la politique de ce gouvernement au service des riches et des banquiers.

Pour l’unité des travailleurs et de la population contre le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme !

L’édition du Monde de jeudi 8 janvier titrait « Le 11 septembre français » … fidèle au sensationnalisme qui caractérise désormais les médias. Mais le fait qu’ils osent cette comparaison est lourde de sens sur l’ambiance que l’on devra subir dans les semaines à venir. On peut s’attendre à ce qu’un espace plus grand existe pour les forces de droite et d’extrême droite. C’est à nous de nous organiser sur des bases de lutte contre le racisme et contre le capitalisme pour contrer cela. On peut s’attendre à ce que cet attentat soit utilisé par les classes dirigeantes (pas seulement en France) pour imposer des mesures drastiques contre les immigrés (ou ceux qui ont l’air de l’être…), les militants et nous tous, sous prétexte d’unité nationale et de lutte contre le terrorisme. Le plan Vigipirate a déjà été mis au niveau maximum en Île de France, ce qui prévoit entre autre l’interdiction des grands rassemblements, et va renforcer encore les contrôles au faciès notamment parmi la population d’origine maghrébine.

Le climat d’islamophobie entretenu est de plus en plus fort. Ceci amène certains musulmans en France à se sentir fort justement sous attaque. Nous dénonçons toute forme de racisme, d’islamophobie, d’antisémitisme, de sexisme… Et nous luttons pour un monde solidaire, fraternel, et tolérant. Rien de comparable avec ces illuminés qui se prennent pour des justiciers (mais craignent, semble-t-il, des gens armés d’un simple crayon). Les terroristes, à l’image des seigneurs de guerre qui violent et pillent des populations sans défense en Afrique et au Moyen Orient, n’ont que faire de la lutte des peuples de ces régions, que ce soit en Palestine, en Syrie, en Irak, lors des révolutions en Tunisie, en Egypte, ou des mouvements de masse au Burkina, au Sénégal…pas plus que de celles des gens ordinaires, musulmans ou pas, en France. La « religion » de ces terroristes est un trafic juteux et rentable comme celui des armes, tout comme le trafic d’êtres humains est un business pour des groupes comme Boko Haram ou Daesh, qui d’ailleurs massacrent en premier lieu des musulmans par milliers au Nigeria, au Cameroun, en Irak ou en Syrie. Dans le même temps, si, en Europe, des jeunes se radicalisent au point de perdre toute notion humaine et de devenir terroriste, ce n’est pas sans rapport avec la politique des impérialistes qui bombardent certains pays depuis des années, et ont semé le chaos et la guerre pour des centaines de millions de personnes de part le monde.

Mais face à cela, ce n’est pas le terrorisme individuel qui changera les choses, au contraire, il renforce la classe dominante et enferme les populations dans la peur. Et la réponse n’est pas le repli sur soi, l’enfermement dans les communautés, qui est certainement voulu autant par l’extrême droite traditionnelle française que par certains groupes religieux. C’est au contraire un mouvement de masse tolérant, combatif et démocratique qu’il faut !

Tous ensemble, reprendre l’initiative !

Les syndicats, les organisations du mouvement ouvrier, les associations doivent appeler à se rassembler et à rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo sur leurs propres bases : pour l’unité des travailleurs, des jeunes et de la grande majorité de la population quelque soit son origine ou ses croyances, pour la liberté d’expression, contre tous les réactionnaires et les terroristes intégristes, contre les politiques racistes et impérialistes des gouvernements en France qui accroissent les divisions sectaires, l’intolérance et l’obscurantisme.

Contre le racisme, et contre les politiques qui mettent dans la précarité des millions de personnes, il faut une mobilisation unie et massive ! C’est sur ces bases que nous participerons au soutien aux journalistes et employés de Charlie Hebdo et que nous continuerons de lutter contre les politiques de régression sociale du gouvernement dans les semaines et mois à venir.

Nous sommes pour une société tolérante et démocratique, où chacun puisse vivre comme il l’entend, selon la culture, la philosophie, la religion qu’il souhaite. Une telle société démocratique est possible, elle demande qu’on lutte tous ensemble pour détruire les racines de l’oppression et de la division : le capitalisme, sa loi du profit et l’exploitation des travailleurs et des richesses naturelles au bénéfice d’une petite minorité de super riches. C’est en retirant des mains des capitalistes les principaux moyens de productions et d’échange, et en organisant l’économie de manière démocratique, sous propriété publique et sous la gestion et le contrôle des travailleurs et de la population qu’on peut mettre fin aux inégalités, aux guerres et à l’injustice. C’est cette perspective d’une société socialiste et démocratique que nous défendons, en opposition complète à la barbarie sans fin que nous impose le capitalisme. Rejoignez nous