Les Grecs sont loin de voir le bout du tunnel !

Tsipras a beau dire que le dernier accord signé ces jours-ci avec les créanciers va sortir le pays de 8 années de galère, ce sera pour les marchés financiers, pas pour la population ! Le quotidien des travailleurs, jeunes, chômeurs, retraités n’est pas près de s’améliorer ! On va le voir dans l’entretien ci- dessous réalisé il y quelques semaines avec Eleni, lors d’une tournée de meetings sur la grève de Mai 68. Eleni Mitsous est membre du Comité exécutif du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière) et de la direction de Xekinima, l’organisation sœur de la Gauche révolutionnaire en Grèce

Pauvreté dans les rues d’Athènes – Photo Alkis Konstantinidis publiée avec l’accord de l’auteur

En janvier 2018, le parlement a voté de nouvelles mesures de casse sociale (amputation massive des retraites et assurances maladies, restriction du droit de grève… pourtant, il n’y a pas de grandes mobilisations comme en 2013 ou 2015 ?

Oui, c’est vrai. Même si des grèves ont lieu (hôpitaux, écoles, éboueurs..), la population n’en peut plus de toutes ces attaques. La combativité de masse s’est essoufflée. Il y a eu plus de 11 réformes des retraites en 10 ans avec chaque fois une baisse de celles-ci. Les pensionnés (750 000 personnes) ont perdu entre 40 et 50% de leur retraite et cela continue : pour 1000 euros de retraite, 200 euros seront enlevés. En 2019, c’est une réforme totale du système des retraites qui est prévue dans le cadre d’un memorandum avec la Troïka.

Tsipras et le gouvernement attaquent tous azimuts. Le droit de grève est réduit : un syndicat doit avoir 50% de présent-e-s lors d’une première réunion, 50% à la deuxième ! Bien sûr soi-disant parce que cela est plus démocratique. En fait, le plus difficile pour les syndicalistes est de prendre la décision de faire grève : si c’est OK, beaucoup participent à la grève. Dans le syndicat OASA (conducteurs de bus athéniens) sur 4000 membres, il n’y avait pas plus de 1000 membres à la réunion mais quand la grève a été décidée, 95% des conducteurs ont participé. C’est une vraie bataille.

Tsipras a annoncé sa stratégie de croissance pour l’avenir : il veut développer le tourisme, libérer l’énergie. Que cache ce beau discours?

En fait il vont construire 3000 maisons pour les touristes dans un endroit merveilleux dans les montagnes alors que beaucoup sont dans la rue. Depuis plusieurs mois, les banques mettent aux enchères les maisons des clients défaillants comme aux USA.

Libéraliser l’énergie, c’est tout simplement continuer les privatisations. Il veut vendre 50% des mines de lignite, clés en main : mines, bâtiments…

Ils détruisent les paysages par d’immenses forages pour chercher des hydrocarbures ou de l’or.

Toute cette politique a permis aux fascistes d’Aube Dorée d’avoir des députés et une certaine audience

Oui, mais dans la première année ils ont tué un musicien et certains sont en prison. La dynamique s’est arrêtée : de 12%, ils sont crédités de 7 %. Ils concentrent leurs attaques contre les immigrés, les anarchistes ou les militants syndicalistes.

Nous avons créé un site web, « Anti-nazi zone », où on poste tous les articles sur leurs attaques et les mobilisations antifascistes.

Nous sommes à l’initiative d’une coordination antifasciste (anarchistes, activistes, nous socialistes révolutionnaires) à Athènes. Nous organisons des marches dans le centre de la ville, sur le port. S’ils viennent dans un quartier nous y allons, organisons des fêtes politiques… On a même fait un match de basket ! Alors, ils disparaissent.

Dans cette situation difficile quelles sont vos perspectives?

Syriza a fait que les travailleurs n’ont guère plus d’espoir. Il n’y a pour l’instant pas d’alternative. Il faudra du temps pour que les ouvriers s’organisent. Ils souhaitent un parti des travailleurs qui, à la différence de Syriza, ne va pas leur mentir. En même temps, nous travaillons avec patience à continuer la construction de notre organisation révolutionnaire Xekinima, en nous investissant aussi dans un travail en direction de la jeunesse. C’est l’avenir, l’espoir. Ils ne peuvent pas vivre avec 400 euros. Il faut les aider à s’organiser mettant en avant la perspective socialiste pour renverser le capitalisme.

Propos recueillis par Marie-José Douet

Visitez le site de nos camarades : http://net.xekinima.org/