Le Moyen-Orient et l’Afrique ravagés par les impérialistes.

B0MpQsUCEAAnCmmDe nombreux massacres et actes de folie perpétrés au nom du prétendu « État islamique » (communément appelé Daesh) se sont produits depuis l’été 2014. Ceux qui pouvaient penser que les guerres menées au Moyen-Orient et en Afrique resteraient sagement dans ces régions ne sont plus très nombreux. Et le degré de barbarie revendiqué par Daesh (décapitations, massacres d’enfants, esclavage sexuel et trafics de femmes) laisse à peine imaginer le terrible calvaire pour les populations. Mais cette barbarie est le produit des guerres que les impérialistes ont menées et du chaos que cela a provoqué.

En 2003, les USA et leurs alliés ont envahi l’Irak au prétexte que le pays regorgeait d’armes de « destruction massive ». C’était bien évidemment faux. La vraie raison était le pétrole, mais pas seulement. Il s’agissait de rétablir au cœur même du Moyen-Orient un régime soumis aux intérêts des multinationales américaines, et aussi d’évincer les concurrents russes, français, etc. La propagande officielle disait que le renversement de Saddam Hussein entraînerait une vague démocratique en Irak et dans la région.

Nous disions déjà à l’époque que ce serait le contraire : la démocratie ne se construit pas sous la botte d’une armée d’occupation. D’autre part, nous disions également que les USA ne réussiraient pas et qu’ils seraient obligés de quitter l’Irak, laissant une situation pire encore que sous Saddam Hussein avec une potentielle guerre civile entre anciens du régime, courants fondamentalistes musulmans, chiites comme sunnites… d’autant plus que l’armée américaine et ces différentes forces politiques se sont accordées pour écraser tout ce qui pouvait rester de mouvement ouvrier en Irak et notamment les syndicats. Chaque intervention impérialiste dans le monde est faite avec les mêmes mensonges et méthodes et entraîne les mêmes résultats.

L’occupation américaine était déjà en soi une barbarie. Que cette barbarie en ait entraîné une autre est hélas logique même si Daesh va au-delà de ce qu’on pouvait imaginer à l’époque.

Daesh et l’impérialisme sont jumeaux.

Là où les impérialistes réussissaient à mettre en place une dictature à leur botte, leurs interventions créent, pour le moment, des situations de chaos total avec le règne de bandes armées qui s’enrichissent grâce aux pillages et aux trafics. Si au départ, ils ont pu capter la colère contre les conditions de misère faites par les gouvernements valets de l’impérialisme de leurs pays, Daesh, Boko Haram, ou des groupes comme Aqmi dans le Nord du Mali ne sont en fait que des trafiquants de drogue et d’armes qui ont élargi leur marché au pétrole, aux êtres humains ou à la religion. Ils sont le reflet même des méthodes des impérialistes. En ce sens, Daesh n’est pas une fabrication de quelconque service secret ni un groupe né du fanatisme religieux. Les chefs du mouvement vivent dans le luxe comme des dirigeants de cartels de la drogue. Les jeunes qu’ils attirent viennent, pour beaucoup, pour la promesse d’une vie de luxe, ou pour le moins sans soucis matériels. Même si un noyau dur croit encore au combat religieux, le mode de vie de Daesh qui consiste à s’enrichir grâce à la multiplication des trafics et des pillages, à exécuter toute opposition au motif qu’elle serait contraire à la religion, fait que les populations civiles musulmanes sont les premières victimes. Ce régime n’a aucune base réelle dans la société et se désagrégera au gré des conflits d’intérêts entre factions. Mais une telle désagrégation ne signifiera pas la fin du problème mais bien la possibilité que de nouveaux groupes apparaissent et s’affrontent.

Si les médias focalisent sur Daesh, c’est aussi parce que les impérialistes, obnubilés par la sécurisation de l’approvisionnement en gaz et en pétrole, cherchent des alliés parmi les autres groupes pourtant eux aussi fondamentalistes.

Les situations de guerre civile peuvent à tout moment s’exporter en Europe. Il en va ainsi pour la Libye, ou des régions d’Afrique… En Syrie, les manœuvres de la France, des USA et les liens obscurs avec l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie ont favorisé l’émergence de groupes fondamentalistes comme la branche d’Al Qaïda en Syrie, le Front al Nosra dont est d’ailleurs issu Daesh. Pour les peuples de la région, quel choix entre la dictature des gangsters de Daesh, celle d’Al Nosra ou celle du régime syrien de Bachar el Assad ou encore celles des régimes à la solde des impérialistes? Quatre formes de dictatures qui se valent toutes. Quant à la Turquie, sa complaisance avec Daesh est indéniable. Par un heureux hasard, la zone contrôlée par Daesh s’arrêtait toujours miraculeusement à la frontière turque.

La lutte anti-impérialiste est au cœur de la lutte contre le capitalisme.

Toutes ces connivences se font sur le dos des peuples, que ce soit dans les pays directement concernés, ou au sein des pays impérialistes. Le terrorisme et les politiques impérialistes se nourrissent mutuellement. De même que les politiques antisociales et la mise en place de régime dictatoriaux : le soutien de la droite, du FN et du PS aux régimes qui sont souvent les pires dictatures est en fait un soutien aux politiques des multinationales dans leur course à la recherche d’une main d’œuvre peu payée et muselée.

On ne peut être anticapitaliste si on n’est pas contre toute intervention militaire, même sous prétexte humanitaire ou « démocratique », car derrière toute intervention se cache le pillage des ressources du pays en question qui permettent de fait aux multinationales de dicter encore plus leurs lois aux travailleurs. Il manque aujourd’hui une véritable politique anti-impérialiste, contre les guerres et les interventions militaires, de la part des organisations de gauche et des syndicats. Il y a notamment besoin de soutenir plus souvent les grèves et les luttes de masse qui sont nombreuses autant en Afrique qu’au Moyen-Orient ou ailleurs.

Et également, notre soutien peut aller à ceux qui luttent, parfois les armes à la main, s’ils défendent une société réellement progressiste. Comme les unités de défense du peuple (les YPG) dans le Nord de la Syrie, contre Daesh et qui luttent pour une société égalitaire et mettent en place des mesures allant dans ce sens dans les zones qu’elles contrôlent. C’est certainement assez imprécis, mais c’est une telle différence avec les autres forces dans la région que c’en est révolutionnaire. Mais il faut aussi réaffirmer que Daesh n’est qu’une face de la médaille. Aucune confiance dans l’impérialisme US, français ou autre, qui écraseront toujours les mouvements de libération si les intérêts économiques des multinationales l’exigent.

Alex