La loi El Khomri, c’est aucun pas en avant et 100 ans en arrière !

battons nousDepuis qu’Hollande est président, ce gouvernement «de gauche» a adopté le même discours que la droite : il faut casser nos droits, restreindre nos salaires pour diminuer le chômage et retrouver de la croissance, tout en faisant la chasse aux chômeurs, aux immigrés…

On a donc un consensus du PS au FN pour nous attaquer. Le rouleau compresseur des capitalistes s’est mis en marche avec ces différents partis qui soutiennent ce système. Le manque de réactions suffisantes des partis de gauche et des directions syndicales aux premières attaques comme la loi Macron, passée au 49.3, a donné des ailes au gouvernement.

Article paru dans l’Egalité n°177 mai-juin 2016

Même le Medef ne s’attendait pas à autant de bonnes nouvelles avant la proposition de loi El Khomri. Même la droite a mis en garde le gouvernement de ne pas aller trop vite de peur d’une mobilisation générale.

La loi travail c’est tout le pouvoir au patronat

La majorité des travailleurs et des jeunes ont compris que cette loi représentait un gigantesque retour en arrière, une contre-révolution sociale. Elle veut revenir sur ce que le mouvement ouvrier a gagné depuis plus de 100 ans. Après des dizaines de luttes sectorielles et des attaques complexes à expliquer car grignotant petit à petit nos droits, nous avons enfin quelque chose qui fait l’unité si l’on puit dire.

L’objectif est que dans chaque boite des accords d’entreprises (et dans la pratique ce seront souvent les patrons eux-mêmes), pourront décider du temps de travail, du salaire et de tous nos droits qui pourront être très différents d’une entreprise à une autre même au sein d’un même groupe ou d’une même branche d’activité. Ce sera évidemment nivelé par le bas et il n’y aura plus de garantie minimum puisque les « accords » pourront être plus défavorables que le code du travail actuel. Le code du Travail ne sera plus un seuil sous lequel les patrons ne peuvent pas nous forcer à descendre mais un plafond qu’ils nous empêcheront d’atteindre.

C’est un renversement complet et un moyen de rendre plus difficile les luttes au sein d’un même groupe industriel. C’est une formidable arme de division et de mise en concurrence des travailleurs les uns contre les autres.

La loi va permettre également que les patrons n’aient même plus besoin de justifier les licenciements économique en prétextant une réorganisation quelconque. Cela veut dire concrètement la fin du CDI car on pourra être licencié à n’importe quel moment. En plus avec le plafonnement des indemnités prudhommales, ils pourront calculer ce que ça leur coûtera et mettre de côté en prévision et même licencier les travailleurs trop combatifs, les syndicalistes etc. afin d’évincer toute résistance dans les entreprises. Cette loi est une aide pour le patronat qui s’efforce en ce moment de briser toute contestation de son pouvoir.

Les heures supplémentaires vont être encore moins rémunérées et plein de droits sont menacés comme les congés pour décès ou encore le fait que les patrons pourront changer au dernier moment la date de nos vacances etc.

Nous ne reculerons pas

En fait on se sait pas ce qu’il va rester de la réécriture du code du travail, mais l’article 1 du préambule donne une petite idée, puisqu’il soumet les droits fondamentaux au bon fonctionnement de l’entreprise. Dans l’entreprise, c’est le patron qui décide de ses intérêts fondamentaux, les travailleurs n’ont qu’à se taire.

Pour rappel le code du travail a été promulgué le 28 décembre 1910. Cela faisait suite à des années de bataille de la CGT, de luttes ouvrières, comme la grève générale de 1906 suite à la catastrophe minière de Courrières qui fit 1099 morts, qui conduiront à la création d’un ministère du travail, aux retraites et la possibilité pour les femmes de disposer de leur salaire. La combativité des travailleurs, renforcée par la présence de militants révolutionnaires dans les syndicats et au parlement avait forcé le patronat à faire des concessions.

La loi Khomri, c’est pour faire l’inverse : soumettre complètement le travailleur aux intérêts de l’exploiteur, faire comme dans certaines entreprises aux USA où il n’y a pas de garantie collective dans le contrat de travail mais des contrats signés entre un supérieur, le patron, et un subordonné, le salarié. C’est le règne de la soumission.

Bien évidemment ce contrat entre prétendus égaux peut être arrêté à n’importe quel moment selon le bon vouloir de l’une des deux parties… autant dire, surtout en période de fort chômage et de crise du capitalisme, en fonction des seuls intérêts des capitalistes.

Le code du travail est donc un compromis, un rempart partiel, qui permet l’exploitation mais sous certaines conditions, avec certaines protections pour les salariés. Le détruire à ce point c’est nous déclarer la guerre. Ils ne s’arrêteront pas là.. Il est impératif de ne pas perdre la première bataille : envoyer la loi El Khomri à la poubelle!

Par Matthias Louis