La campagne de Mélenchon, un succès et un potentiel pour changer cette société !

Manif-LoiTravail-Lyon-17mars16Énorme ! plus de 7 millions de voix, avec un jeune sur 3 qui a voté pour Mélenchon, il s’en est fallu de peu que le candidat de la France insoumise soit au deuxième tour. Les 19,6% recueillis par sa candidature montrent le potentiel énorme qui existe aujourd’hui pour construire une nouvelle force politique, de masse et de lutte, contre les attaques que mènera le prochain gouvernement.

Les dizaines de milliers de participants aux meetings de campagne de Mélenchon (après les plus de 100 000 manifestants à la marche sur la Bastille du 18 mars dernier), sont déjà la grande victoire de cette campagne. Des milliers de personnes se sont transformées en militants : distribution de tracts, affiches, organisation de discussions… Une véritable (re-)mobilisation, qui fait écho à celle du printemps 2016 contre la loi « travail » d’El Khomri. Et ce sont bien pour les mêmes raisons : assez de ce monde où seuls les super riches ont tous les droits, où des millions de personnes vivent dans la pauvreté, alors que les 40 premières multinationales affichent 75,5 milliards de profits en 2016.

L’écho reçu par la campagne de Mélenchon dans les entreprises, dans les quartiers populaires, dans la jeunesse, a été fort. Aux cris de « résistance ! résistance ! », l’enthousiasme était massif, joyeux et plein de possibilités pour l’avenir. Et Mélenchon a raison quand il dit « qu’il va falloir s’y mettre tous » et ne pas reposer sur la seule élection.

Le scénario des chiens de garde du capitalisme déjoué

Pour les grands média et toute la caste politicienne au service du capitalisme, le scénario était écrit depuis des mois. Au deuxième tour, il faudrait soutenir « n’importe qui » face à Marine Le Pen.

Le Pen est un épouvantail bien pratique, et les grands médias (dont 95% sont la propriété de multinationales) se frottaient les mains : opposer Le Pen à Fillon ou Macron, c’est s’assurer que l’un ou l’autre candidat qui a la faveur du grand patronat, des banques, et des groupes d’actionnaires, sera élu sans problème. On les a même entendu dire que Fillon ou Macron seraient des « modérés ». Mais ce sont des fanatiques de l’ultralibéralisme. Et ils sont plus que violents : suppression de centaines de milliers d’emplois dans les services publics pour les deux, suppression de la limite légale du temps de travail pour Fillon, suppression du code du travail pour Macron. Sans parler des cadeaux fiscaux aux riches.

Le Pen : le pire pour les travailleurs et les jeunes !

Le Front National avec sa propagande raciste, ses mesures visant à restreindre les libertés, son opposition aux luttes syndicales, représente le pire. Il est donc logique qu’une écrasante majorité de la population ne veuille pas d’eux. Par démagogie électorale, Le Pen a mis en avant quelques revendications sociales, ce qui a pu attirer des électeurs dégoûtés de la corruption généralisée de nombreux politiciens, du chômage, et de tant de problèmes sociaux.

Mais, en fait, elle n’a des mots durs que contre les victimes ou les plus faciles à attaquer : les migrants, les musulmans… Elle ne s’attaque jamais aux super riches ni aux capitalistes car sa politique c’est justement de les protéger en faisant croire que ce serait les migrants qui seraient responsables du chômage ou de la misère. Non, ce sont bien les capitalistes qui ferment les usines.

Le Pen espérait pouvoir être la seule à se prévaloir d’une prétendue défense du « peuple ». La campagne de Mélenchon a permis de la démasquer, et cela a permis de la faire descendre dans les intentions de vote.

Le duel Macron-Le Pen est un faux choix, on ne peut pas en rester là !

C’est ce scénario à trois candidats qui défendent le capitalisme que la candidature de Mélenchon a permis de remettre en cause. Alors les journalistes, la presse soidisant économique (qui ne fait que répéter ce que disent les conseillers financiers des banques et des groupes d’actionnaires), les équipes de campagne de Fillon-Macron-Le Pen, se sont déchaînés. « Un désastre économique » titrait même le Figaro. Un désastre pour les profits des multinationales, peut-être, mais ce serait tout juste un premier pas pour reprendre ce que les requins capitalistes volent aux travailleurs et à la population depuis des années.

Pas seulement par certaines des mesures revendiquées (de l’abrogation de la loi « travail à la hausse des salaires en passant par la retraite à 60 ans) qui remettent en cause les politiques au service des super-riches. Mais aussi parce qu’avec une possible présence de Mélenchon au second tour, cela aurait créé une remise en cause à une échelle de masse des politiques d’austérité, en France et en Europe.

Sans parler de l’encouragement que cette campagne peut donner aux luttes de masse des travailleurs. Les millions de voix qu’a rassemblées Mélenchon montrent que nous sommes une force, et que nous pouvons organiser la résistance contre la politique d’un Macron et affronter les attaques voulues par les banques et les multinationales.

Ce n’est pas pour rien si ce sont des revendications simples mais vitales qui reçoivent des tonnerres d’applaudissement dans les meetings : cantine gratuite dans les écoles, éducation et santé gratuites, égalité salariale intégrale entre femmes et hommes, mode de production et organisation démocratique de la production pour ne plus endommager l’environnement etc.

Notre camp a commencé à reprendre confiance

Ce sont en partie les qualités de Mélenchon et les points de son programme ainsi que le fonctionnement assez libre et ouvert de la campagne qui ont permis cela. Qualité d’orateur, capacité à mettre en avant l’intérêt de la majorité de la population contre la minorité de super riches parasites.

Régulièrement, ses meetings permettaient une dénonciation de l’exploitation, des morts au travail, de la destruction de l’environnement. Et souvent, c’était en apportant des axes pour changer cela. En gros, Mélenchon propose, d’une manière encore très floue, une alternative aux politiques actuelles. Le programme ne s’en prend pas suffisamment aux causes des problèmes sociaux et économiques : la possession par la classe capitaliste de l’écrasante majorité des moyens de productions, de la finance et de la distribution.

Et on ne peut pas parler de démocratie si tous les matins on est obligé d’aller travailler pour remplir les poches d’un capitaliste. De même, on ne peut pas penser pouvoir lutter contre l’évasion fiscale si on ne prend pas en main l’ensemble du secteur financier (banques, assurances…) par la nationalisation, sous le contrôle et la gestion démocratique et transparente des travailleurs et de la population. C’est dans ce sens-là qu’il faudra aller, ce qui nécessitera de renverser le capitalisme, pour en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme et construire le socialisme démocratique. Et cela, c’est ce que la Gauche révolutionnaire entend proposer tant auprès des insoumis que de toutes celles et ceux qui veulent en finir avec la monstruosité du système capitaliste.

Par Alex Rouillard