JO de Rio, l’affreux revers de la médaille

joLes belles histoires des performances des athlètes surtout celles réalisées avec peu de moyens, dans des contextes difficiles peuvent enthousiasmer. Les JO, ça peut être ce postier ou cette cheminote qui deviennent médaillés. Un petit reste de ce que devrait être le sport : accessible à tous et toutes. Mais la valse des milliards se fait sur le dos de ces sportifs, et de la population de la ville accueillant les JO.

Car en fait, les 10 milliards d’euros dépensés pour ces JO ne vont que dans les poches des bureaucrates du Comité International Olympique, des fédérations sportives et des entreprises du privé « partenaires » des JO ou des investissements. Vilà Autodromo, une favela qui se trouvait en face du futur parc olympique et ses hôtels 5 étoiles, a été détruite à 80%, et 700 familles expulsées malgré leur résistance (vidéo The Fighter – Les Jeux Olympiques de Rio détruisent la communauté de Naomy). En tout, 70 000 personnes ont été expulsées de leur maison. Les habitants de la Vilà do metro, détruite, ont été relogés… à 70 km de leur ancien quartier !

Les lignes de bus, les autoroutes, ont été faites… pour relier les quartiers riches entre eux, sans utilité pour les habitants et coupant les quartiers en deux, comme celui de Ramos.

A qui profitent ces crimes ?

Le Comité International Olympique est une vaste entreprise commerciale et ses membres vivent les JO dans une bulle autant spéculative que de consommation. Les seuls Brésiliens ordinaires qu’ils ont croisés, ce sont les serveurs des restaurants de luxe, interdits au public. Tout le transport est assuré en Nissan « Olympic », accompagné de motards de la Police militaire. Les 900 dollars par jour que gagne chaque officiel du Comité (selon le Washington Post, et cela alors que le logement, en hôtel 5 étoiles à l’année, et autres frais de déplacement sont également payés) sont dépensés dans des boutiques et services sponsors des Jeux.

Près de 5 milliards d’argent public pour les seuls jeux, sans parler des infrastructures immobilières. Mais rien ne revient au local : le CIO empoche 8,2 milliards d’euros en produits marketing et 3,5 milliards d’euros en droits TV.

Les places les moins chères étaient de 380 réais brésiliens (105 euros) alors que le salaire minimum est de 880 réais. Pas étonnant que près de 25% des billets n’aint pas trouvé preneur.

Et comble du cynisme, le Comité a puisé dans les fonds alloués aux jeux paralympiques prévus pour septembre pour boucler son fonctionnement. A tel point que ces derniers ont failli ne pas avoir lieu !

Tous les géographes et sociologues sérieux multiplient les études et les publications : les JO sont une vaste opération qui appauvrit la ville accueillante et creuse le fossé entre riches et pauvres. Cela a pesé sur la dette en Grèce après les JO de 2004, et cela va être encore pire dans une ville comme Rio marquée par la ségrégation sociale et dans un Brésil en pleine récession économique. On parle de 30 ans pour corriger les effets dévastateurs des JO.

Pendant ce temps, les athlètes de certains pays pauvres revendront leurs médailles pour survivre, souvent pour quelques centaines d’euros seulement…

AR