Hommage aux travailleurs de Zhanaozen, massacrés le 16 décembre 2011 au Kazakhstan !

kazakCe 16 décembre marque le troisième anniversaire de la fusillade brutale par les forces de l’État de travailleurs du pétrole et de leurs familles qui avaient été en grève pendant sept mois dans l’ouest du Kazakhstan à Zhanaozen. Ce qui a commencé comme une grève s’est transformé en un mouvement de masse impliquant des retraités, des jeunes chômeurs, les parents et amis des grévistes, en partie en raison de la conviction qu’avaient les grévistes qu’ils se battaient pour tous. Ils ont ainsi mis comme l’un des leurs revendications des hausses de salaire pour les enseignants et les médecins de la région en raison de leurs bas salaires et du coût élevé de la vie.

La grève avait débuté en mai 2011. Après la destruction du campement des manifestants en juillet, ils ont commencé une manifestation permanente sur la place centrale de la ville. C’était organisé et discipliné. Des travailleurs du pétrole provenant d’autres sites et entreprises ont apporté leur solidarité par la collecte régulière sur leurs salaires d’argent pour aider les grévistes. Même si les deux entreprises concernées, « Ozenmunaigaz » et « Karazhanbasmunai » ont essayé de licencier la main-d’œuvre et de la remplacer par de nouveaux travailleurs, la production a chuté de façon spectaculaire. Les profits des propriétaires, y compris ceux membres de la famille régnante ont été durement touchés.

Le point le plus important est qu’il y a eu un bond spectaculaire dans la conscience politique de ces travailleurs qui sont passés par les sept mois et demi de cette école de la lutte de classe à bien des égards similaires à ce qui est arrivé à la classe ouvrière de Russie après la première révolution russe 1905. La grève a rapidement dépassé les limites de la lutte économique lorsque les travailleurs ont appuyé la nationalisation des compagnies pétrolières sous le contrôle des travailleurs. En novembre, les grévistes ont mis en place un comité de travailleurs unifiés sur l’ensemble de la région, qui a appelé au boycott des élections législatives en raison de leur manque de confiance dans les partis politiques actuels et ont appelé à la mise en place d’une unification nationale des combats syndicaux et à la création de leur propre parti politique.

Ces appels ont abouti à un appel à une grève générale pour obtenir la démission de Nazarbaïev, qui devait être le 16 décembre 2011. La clique au pouvoir ne pouvait pas tolérer cela. Nazarbaiev et ses sbires ont décidé d’empêcher le mouvement de se développer en une grève nationale. Ils ont décidé de noyer la lutte de Zhanaozen dans le sang. Au moins 70 personnes ont été tuées lorsque la police a ouvert le feu sur la manifestation pacifique et sans armes. Pendant deux semaines, toute la ville a subi la terreur avec des arrestations massives, des tortures et des disparitions. 37 manifestants les plus actifs ont été mis à l’arrêt et condamnés à des peines de prison allant jusqu’à sept ans.

Pendant cinq jours après la fusillade, une grève générale a fait rage dans la région, avec des réunions de protestation dans les champs de pétrole eux-mêmes. L’année suivante, deux courtes grèves politiques ont été organisées pour réclamer la libération des travailleurs du pétrole emprisonnés. Dans les trois années qui ont suivi la grève, il ya eu plus de 20 grandes grèves dans la région Mangystau. En mai, suite à la grève une grève tout aussi dramatique a eu lieu à la société « Kazakhmys » qui a gagné une augmentation de salaire de 100% pour les travailleurs.

Le Mouvement Socialiste Kazakhstan et le syndicat appel « Zhanartu » se battent pour:
*  Enquête complète et indépendante sur le nombre réel de victimes parmi les travailleurs et leurs partisans, sur les cas de torture et les noms des personnes impliquées et sur les faits autour de l’organisation de l’attaque de la manifestation pacifique par les autorités locales et les gestionnaires de l’entreprise
* La libération immédiate de ceux qui sont encore en prison sans inculpation et la réhabilitation des personnes jugées et emprisonnées
*  La liberté complète pour les activités et les grèves syndicales et l’établissement de véritables syndicats démocratiques et de combat à travers le pays;
*  La nationalisation de l’industrie et des ressources naturelles sous le contrôle des comités démocratiques des travailleurs;
* La création d’un parti pour représenter les intérêts de la classe ouvrière.

Ainur Kurmano, Mouvement socialiste Kazakhstan