Hautes- Alpes : No THT ! RTE dégage !

ManifnonTHT

Tels sont les slogans repris par les manifestants et notamment les militants du collectif no-THT 05 contre le projet de lignes à très haute tension (THT) qui doit traverser la vallée de la Haute Durance (Hautes Alpes).

 

Au château de la Robéyère à Embrun le 24 avril dernier, RTE (Réseau de Transport d’Electricité), filiale d’EDF, lançait le projet de reconstruire intégralement le réseau haute tension de la vallée de la Haute-Durance. Une centaine de convives écoutait sagement les avantages et bénéfices d’une telle entreprise, tandis qu’à l’extérieur 200 opposants au projet donnaient de la voix.

 

Les travaux prévoient de remplacer l’actuelle ligne de 150 000 volts qui relie Gap à la Haute-Maurienne (Savoie) par 2 lignes aériennes de 225 000 volts, d’enterrer quelques lignes actuelles de 63 000 volts et d’en construire 4 nouvelles. La mise en service complète est prévue pour 2020. Et RTE prévient… ou menace : « si rien est fait à l’horizon 2016, les risques de coupures d’électricité augmenteront en fréquence ou en durée ».

Pour faire passer la pilule RTE promet qu’à terme 100 km de lignes aériennes auront disparu du paysage, que des zones alpestres seront créées sous les pilonnes à partir d’espèces locales et que les lisières de forêts seront aussi recréées à partir d’espèces locales.

Et c’est sans compter sur les retombées économiques et sur l’emploi !

Mais la pilule ne passe pas !

Toutes ces mesurettes environnementales sont peu cher payées lorsque l’on sait que le projet va empiéter sur toute la partie du sud du parc des Ecrins, que des captages d’eau vont être impactés et que le passage des lignes se fait à grand coup de déforestation.

La partie économique n’est guère plus convaincante. Les 230 millions d’euros de dépenses publiques iront principalement aux grands groupes Eiffage, Bouygues ou Ineo. Quant à l’emploi local… (?)

Surtout, le projet présenté est l’arbre qui cache la forêt. Sous couvert de reconstruction du réseau électrique, RTE projette de vendre de l’électricité à ENEL, principale société productrice d’électricité en Italie. En effet, il ne s’agit pas d’une interconnexion transfrontalière classique mais d’une ligne ne fonctionnant que dans le sens France-Italie.

Ce projet d’une capacité de 800 mégawatts est démesuré pour la région. D’autant plus que Embrun et Briançon sont 2 territoires ou la consommation d’électricité est plus faible que la production. Ce sur dimensionnement n’a en fait qu’un seul but : vendre aux grands industriels d’Italie de l’électricité produite par les centrales nucléaires du sud de la France.

Bref il ne s’agit ni plus ni moins d’un projet basé sur le business. D’ailleurs les fameux pylônes de la ligne de 150 000 volts reliant la vallée de la Haute-Durance au Galibier vers la Savoie et dont RTE se targue de vouloir démonter devraient rester en place ! Son état de décrépitude avancé qui justifiait à lui seul la mise en place du projet n’est plus d’actualité. La ligne continuera d’être utilisée en l’état.

 

Les opposants au projet ne désarment pas… malgré la répression!

 

Le 31 juillet dernier les collectifs no-THT 05 faisaient une opération « péage gratuit » à la Saulce sur l’A51. L’objectif premier était de sensibiliser les usagers de l’autoroute sur les conséquences nuisibles de ce projet imposé, et de toucher symboliquement VINCI AUTOROUTE au portefeuille, alors qu’une de ses filiales (Charles Queyras TP) participe à la destruction très lucrative des montagnes.

Plutôt bon enfant, l’opération s’est rapidement corsée avec l’apparition du PSIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie). Sans aucune tentative de discussion, ni aucune sommation, 3 militants ont été plaqués au sol et immobilisés par des clés de bras et des étranglements, sous le regard médusé des automobilistes circulant au milieu de la mêlée !?!!

Ce peloton est coutumier du fait puisqu’en mars dernier lors d’une violente charge nocturne, il provoquait la chute d’une militante qui occupait le toit des locaux de RTE à Saint Crépin. Résultat des courses : fracture d’une vertèbre et du coude.

 

Un débouché politique est nécessaire

 

Si les militants des collectifs no-THT 05 dénoncent le capitalisme comme responsable de ce type de projet et qu’ils font le parallèle avec des projets comme celui de Notre Dame des Landes, peu de perspectives politiques ressortent de ces luttes courageuses. D’autant plus que les directions syndicales d’EDF ou RTE restent très discrètes à ce sujet. Le lien avec les nuits debout s’était rapidement opéré mais là encore les soutiens et débouchés politiques sont encore faibles.

 

Là encore l’absence d’un parti qui soutient et fédère ces luttes se fait cruellement sentir. Plus que jamais un tel parti devient nécessaire dans cette période d’attaques sociales, de répression, de saccage de zones naturelles à des fins commerciales et spéculatives. La Gauche révolutionnaire milite pour la construction d’un tel parti. Un parti qui déciderait ici de rompre clairement avec les intérêts capitalistes et de soutenir une organisation de la production d’électricité en fonction des seuls besoins des travailleurs d’EDF et RTE et des habitants de la Haute Durance.

 

 

Sylvain Bled. Facteur à Briançon.