Grève générale au Brésil, la lutte ne fait que commencer

2019-06-14t222455z_1719345191_rc115ee67670_rtrmadp_3_brazil-politics-strike_0Ça fait que 6 mois que Jair Bolsonaro est président du Brésil et il doit faire face à des mouvements de contestation de grande ampleur contre sa politique. Ce vendredi 14 juin a été une journée de grève générale suivie selon les syndicats par 40 millions de travailleurs avec des manifestations dans une centaine de ville. La mobilisation appelée par plusieurs grandes centrales syndicales a été très suivie chez les cheminots, personnels d’aéroports, conducteurs de bus, profs, postiers et ouvriers du pétrole. La grève a été aussi très suivie chez les chauffeurs routiers qui ont bloqué des grands axes. C’est la troisième grosse journée de lutte contre ce gouvernement, après les mobilisations du 15 et du 30 mai.

Fronde contre Bolsonaro au service de la bourgeoise

Le gouvernement d’extrême droite a pour projet une réforme des retraites qui repousse l’âge de départ à 65 ans pour les hommes et 62 pour les femmes avec 40 annuités de travail, et la fin des régimes spéciaux (sauf pour les militaires étrangement…). Par la suite, l’objectif est d’abandonner la retraite par répartition pour des fonds de pension aux mains des capitalistes.

Ces derniers mois d’autres mobilisations ont débuté dans les milieux universitaires. Le gouvernement veut imposer une baisse de 30% du budget de l’enseignement supérieur et la recherche. Bolsonaro mène une guerre idéologique contre les enseignements qui peuvent former l’esprit. Les filières philosophiques sont menacées de fermer, qualifiées de « fabriques marxistes ». Sans compter les discriminations et oppressions envers les femmes, les populations noires ou les LGBT, les violences dans le pays qui ne baissent pas, la précarité et la pauvreté généralisées… un cocktail explosif qui peut être l’engrais d’une lutte de masse contre Bolsonaro et contre le capitalisme.

Une situation instable

Le gouvernement est plongé dans une instabilité forte, il a un soutien très faible dans la population et a chuté de 15 % dans les sondages depuis le début du mouvement étudiant. Son électorat était pour une large partie des retraités qui aujourd’hui se prend les attaques. Bolsonaro essaye un subterfuge pour s’en sortir, il s’attaque à son ministre de l’Économie à l’origine du projet de loi alors que c’était une garantie qu’il avait donné lui-même à la bourgeoisie lors de sa campagne présidentielle. En 6 mois, Bolsonaro a dû se séparer de trois de ses ministres, il n’arrive pas à créer une stabilité politique avec les différentes forces autour de lui.

En plus de toutes ces attaques, des révélations récentes ont confirmé la partialité du juge Jorge Moro (désormais ministre de la Justice de Bolsonaro) qui a manipulé le dossier de l’ex-président Lula du Parti des Travailleurs, toujours en prison, et qui a été ainsi empêché de se présenter à la présidentielle.

Pour contrer les forces rejetant le capitalisme, la bourgeoisie n’a pas de parti fiable pour maintenir son pouvoir, elle fait donc appel à des aventuriers réactionnaires, comme Bolsonaro ou comme Trump, mais l’instabilité s’amplifie.

La lutte doit s’amplifier

Des universités bloquées et trois journées de mobilisations massives sont les bases d’un mouvement de tous les travailleurs et des jeunes pour contrer les projets de Bolsonaro et des capitalistes. La lutte doit continuer, en allant chercher encore plus de travailleurs et de jeunes pour les y rallier. En même temps il faut structurer la lutte, s’organiser pour renverser Bolsonaro et le capitalisme pour une société égalitaire et démocratique débarrassée de l’exploitation : le socialisme.

La Gauche Révolutionnaire apporte son soutien aux travailleurs et travailleuses et aux jeunes en lutte au Brésil

Par Yohann Bis