France insoumise: avancer vers une nouvelle force contre le capitalisme

Rassemblement-place-Bastille-Paris-lappel-France-Insoumise-samedi-5-2018_0_729_486Militants et militantes très présents  dans les mobilisations, députés actifs face au gouvernement à l’Assemblée nationale: la France insoumise est devenue la principale force politique nationale à gauche du PS d’opposition à la politique de Macron. Cela montre que la FI répond en partie au besoin d’un nombre important de jeunes, de travailleurs, des salariés issus des classes moyennes de plus en plus dégoûtés par la vie que lui font Macron et le capitalisme.

Article publié dans l’Egalité 189

Un rôle plus déterminant

La France insoumise compte plusieurs dizaines de milliers de membres sympathisants via internet, et des milliers de membres actifs dans des groupes d’action. Elle devrait pouvoir jouer un rôle beaucoup plus crucial en France. La FI est la seule force qui attire la sympathie parfois active de couches larges dans la population. Le renversement du capitalisme est au cœur des envies et aspirations des insoumis, mais il n’est pas suffisamment au cœur du projet de la France insoumise qui pourtant serait une grande occasion de se rapproprier le projet du socialisme démocratique. Pour affronter la période, que ce soit la lutte contre Macron ou bien les futures élections européennes, la question est centrale.

Le mouvement de la France insoumise remplit un espace, de manière confuse, celui de la nouvelle force politique qui manque aux travailleurs et aux jeunes. Mais il lui manque un programme suffisamment ferme et clair et des structures réellement démocratique permettant de le discuter et de décider collectivement, localement comme nationalement.

Si on prend l’exemple de Syriza en Grèce, on voit que cette alliance électorale de gauche a remporté les élections dans une période de crise majeure avec un soutien massif de la population qui avait effectué des dizaines de journées de grève générale. Mais Tsipras et son parti n’ont pas résisté aux capitalistes plus que quelques jours. C’est avant tout du à la faiblesse du programme de Syriza, qui n’était pas clairement anticapitaliste et se focalisait uniquement sur les élections, au lieu de les lier aux luttes des travailleurs. Syriza est devenue la courroie de transmission des politiques qu’elle combattait quelques années avant et ses militants sincères sont dévastés.

Il faut une nouvelle force politique de masse et de lutte

On ne peut se contenter d’attendre des élections européennes qui sont lointaines (2019) et qui ne changeront rien. Il faut dès maintenant s’organiser, avoir un outil pour discuter des moyens de lutter, des revendications, du programme pour soutenir les mobilisations et se débarrasser de Macron. On manque d’une voix unie face au déchaînement des politiciens et médias au service du capitalisme, et on ne peut se contenter de répéter ce que disent les personnalités en vue de la FI, d’autant que certaines fois, les positions de Mélenchon ne sont pas partagées par une partie importante du mouvement.

De fait, le mouvement semble avoir actuellement atteint une certaine limite: le manque de discussion internes, d’espaces démocratiques de décision fait que beaucoup regardent la France insoumise mais n’y voient pas un outil utile à construire. L’assemblée dite « représentative » réunie le 7 avril n’a pas décidé grand chose mis à part de participer à la manifestation du 5 mai et d’établir une plateforme pour les élections européennes. C’est insuffisant quand il faudrait former les militants et discuter de propositions à faire à l’échelle nationale dans les luttes et les mobilisations.

Le « chacun fait ce qu’il veut dans la France insoumise tant qu’il n’empiète pas le terrain militant d’un autre insoumis» ne permettra pas aux Insoumis de construire un outil suffisamment solide face aux capitalistes qui eux ont leurs partis et leurs outils pour nous attaquer.

En Espagne, la question du pouvoir s’est p osée et a amené Podemos aux portes du gouvernement. En l’absence de véritable force politique de masse, d’un parti capable de mobiliser, d’appeler l es travailleurs, les jeunes et la population à se saisir de l’occasion d’en finir avec le gouvernement de corrompus, Podemos a dû laisser le pouvoir aux mêmes qui en avaient été chassés par la mobilisation dans les rues et dans les urnes. On ne peut pas se contenter d’un mouvement large aux contours flous surtout quand la période politique se tend. La France insoumise doit pouvoir y répondre collectivement. Un parti large et inclusif où chacun pourrait militer à son rythme est tout à faitpossible, et ce ne sont pas les sujets qui manquent !

Par Leïla Messaoudi