Face à la précarité, les femmes sont déterminées à lutter

clinique grands chenes
Les travailleuses sont nombreuses à lutter face à l’exploitation accrue organisée par les capitalistes. Ici, à Bordeaux, la grève à la Clinique des Grands Chênes en décembre dernier

Les améliorations de droits et de conditions de vie qu’ont connues les femmes en Europe ces dernières décennies ne sont pas tombées du ciel. Elles résultent d’une part de l’évolution du rôle des femmes dans la production et d’autre part, de leur implication dans la lutte des classes. Pour autant, ces acquis restent partiels, instables et particulièrement menacés en temps de crise comme aujourd’hui.

Quelqu’un a parlé d’égalité hommes-femmes ?

Parmi tous les subterfuges utilisés par Hollande pour laisser croire qu’il reste une part de progrès dans sa politique libérale, il y a les beaux discours sur l’égalité réelle entre hommes et femmes. De beaux discours qui dissimulent une sombre réalité et surtout l’absence de solutions concrètes. L’austérité et la précarité croissantes touchent fortement les femmes et remettent directement en question tout un tas d’améliorations obtenues ces dernières décennies. C’est le cas par exemple avec les fermetures de petites maternités ou les baisses de budget alloué aux plannings familiaux qui limitent l’accès aux moyens de contraception, aux possibilités d’avorter…

Quant à l’égalité salariale, elle n’a jamais été atteinte. Dans le privé, la rémunération annuelle des femmes est encore inférieure de 24 % à celle des hommes (tous temps de travail confondus). Et alors que le gouvernement raconte que c’est une de ses premières préoccupations, on voit que même parmi les fonctionnaires, les femmes gagnent en moyenne 10,3% de moins par mois que les hommes. Alors qu’ils commencent par montrer l’exemple si cela leur tient tant à cœur !

De plus, qui dit salaire inférieur, dit aussi pension de retraite moins importante en fin de carrière. En moyenne, les femmes touchent une retraite inférieure de 31 % à celle des hommes. Comme si nos besoins étaient d’un tiers moins importants ! La réalité c’est qu’aucun pays capitaliste n’a été capable de mettre fin à l’oppression des femmes.

La combativité des femmes travailleuses

Les femmes font partie des couches de travailleurs les plus pauvres et, tout comme les hommes, elles se battent activement pour la défense de leurs emplois et l’amélioration de leurs conditions, avec beaucoup de fougue et de courage. Deux exemples sur les derniers mois parmi beaucoup d’autres :

Les travailleuses de la biscuiterie Jeannette de Caen qui ont refusé la liquidation judiciaire de leur usine, qui l’ont occupée durant des semaines et ont sauvé leur outil de travail pour reprendre la production de madeleines en octobre 2015.

Les femmes de chambre des hôtels Campanile dans le Rhône qui après 2 mois de lutte avec 100% de grévistes contre leur nouveau prestataire qui exigeait une disponibilité 24h/24 et 7 jours/7 ont réussi à obtenir le paiement de leurs heures de grève ainsi que des avancées telles que le paiement de l’ensemble des heures travaillées, 2 jours de repos consécutifs (au lieu d’un), la prise en charge de l’entretien des tenues de travail, etc…

Ces femmes qui dénoncent leurs conditions, se battent pour leurs emplois, sont partie intégrante de la lutte de classe. Elles y jouent un rôle crucial car la classe ouvrière doit être unie et rejeter toute tentative de division en ses rangs, d’où qu’elle vienne.

En finir avec le capitalisme pour en finir avec l’oppression des femmes

L’oppression des femmes, comme toutes les formes d’oppression, repose sur la division de la société en classes. Elle ne doit pas être réduite à un conflit entre hommes et femmes et encore moins à quelque chose qui relèverait de la «nature humaine». L’oppression prend source dans la peur, la cupidité, l’égoïsme et la convoitise qui sont des comportements créés par les conditions matérielles précaires dans lesquelles nous vivons.

Le système capitaliste repose sur cette insécurité alors que toutes les conditions humaines et matérielles existent pour répondre aux besoins de chacun. La levée de l’oppression des femmes dépend de l’abolition du système capitaliste mais l’héritage psychologique de la barbarie de classe ne sera véritablement éliminé que lorsque nous vivrons dans des conditions sociales permettant des rapports véritablement humains entre hommes et femmes, libérés de toute dépendance humiliante. Toutes les formes d’oppression disparaîtront lorsque nous aurons établi une nouvelle société, une société socialiste fondée sur un plan de production harmonieux et démocratique impliquant toute la population pour atteindre la sécurité et le bien-être matériel de chacun (emploi, éducation, logement pour tous…).

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se battre aujourd’hui pour des améliorations immédiates des conditions des femmes, bien au contraire. Mais il faut avoir conscience que ce sont des pas en avant et que sans les prémisses d’une société socialiste, tous les discours sur la nécessité de changer le caractère ou la psychologie des gens ne mèneront à rien. C’est unie que la classe ouvrière parviendra à renverser le capitalisme, à combattre la pauvreté et les discriminations et à assurer l’émancipation de tous et toutes.

 

Par Rachel Mahé