Europe, une reprise… de la crise ?

photoPar Olaf van Aken

Après 5 ans de crise profonde en Europe, notamment dans les pays du Sud de l’Europe, les perspectives pour 2014 ne s’annoncent guère mieux. Cette crise économique dans la Zone euro a eu pour conséquence un chômage de masse, une pauvreté de masse et une politique d’austérité violente contre les travailleurs et les populations dans leur ensemble. Un pays comme la Grèce qui sera à la présidence de l’Union européenne pour le premier semestre 2014 (quel cynisme!) a été entièrement ravagé par la crise et le diktat de la Troïka (FMI, Commission européenne, BCE).

Quelles sont les perspectives pour 2014 ? Yaura- t-il une reprise de l’économie ? La crise financière
sera-t-elle terminée ?
La Zone euro est officiellement sortie de la récession au troisième trimestre 2013, mais les pronostics de croissance pour 2014 montrent plus une stagnation qu’une véritable croissance malgré les annonces d’une reprise certes timide des
experts bourgeois. Selon l’INSEE, la croissance dans la Zone euro serait de 0,3 % pour les deux premiers trimestres (0,2 % en France). Selon l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) la destruction des emplois continuera en 2014. Le chômage de masse, la baisse des salaires (la plus forte depuis 1945) et l’austérité budgétaire vont peser lourdement sur la demande et certainement compromettre une croissance réelle de l’économie. Comme disait un des responsables de l’OFCE à juste titre : «Parler de reprise quand il manque toujours des millions d’emplois
détruits durant la crise, c’est indécent.»

Chômage et pauvreté de masse s’installent durablement

Le dernier rapport d’octobre 2013 de la Croix rouge décrit les perspectives ainsi: «L’Europe plonge dans une longue période de pauvreté grandissante, chômage de masse, exclusion sociale, plus grande inégalité et désespoir collectif à cause des politiques d’austérité appliquées en réponse à la crise des dettes et la crise financière.» Selon ce rapport 120 millions Européens vivent dans la pauvreté ou au seuil de celle-ci. Des millions de personnes sont obligées de chercher de la nourriture quotidiennement auprès des institutions caritatives. Des couches importantes de la classe moyenne tombent dans la pauvreté, même en Allemagne, pays le plus puissant de la Zone euro: 5,5 millions de personnes appartenant à la classe moyenne il y a dix ans font aujourd’hui partie des salariés sous-payés. L’Allemagne qui a d’ailleurs le nombre le plus élevé des salariés sous-payés dans la Zone euro : 22 % sur l’ensemble de tous les salariés. Le chômage en Europe est devenu très massif depuis 2008: entre 33 et 60 % chez les jeunes et chez les travailleurs entre 50 et 64 ans il a doublé entre 2008 et 2012. La Zone euro est une des régions les plus fragiles au niveau économique à l’échelle mondiale. Rien de substantiel n’a changé depuis 2008 qui pourrait permettre à la Zone euro de «repartir sur
de bonnes bases». Au contraire, les conditions pour un approfondissement et/ou un prolongement de la crise actuelle et/ou pour un éclatement de la Zone euro s’accumulent à nouveau : faible demande à cause du chômage de masse, des bas salaires et de la politique d’austérité, entrée en crise du Japon et instabilité grandissante de la Chine, resserrement monétaire possible de la FED (banque centrale américaine), spéculation intense sur des produits financiers dérivés (aujourd’hui au niveau de l’avant–crise en 2007), surendettement des pays de la Zone euro et risque de faillite de
certains, pénurie de crédit notamment pour l’économie «réelle» (crédit crunch), grandes banques européennes «pourries» et très fragiles à cause de leur implication dans la spéculation. Tout reste très explosif et l’éclatement d’une nouvelle crise financière d’ampleur n’est pas exclu. A lui seul l’exemple de la Grèce montre qu’il est urgent de mettre fin à ce système capitaliste totalement pervers. Après avoir complètement détruit et jeté au moins 40 ans en arrière ce pays,
les instances capitalistes vont autoriser la Grèce prochainement à retourner sur les marchés financiers. Autrement dit: ce pays en banqueroute (dette publique à 175 % du PIB) peut s’endetter davantage avec la contrainte de maintenir coûte que coûte l’austérité violente. Surtout les spéculateurs et grands fonds vont ainsi spéculer à nouveau sur la dette grecque, se faire un fric monstrueux et aggraver la misère des travailleurs et pauvres.