En marche vers le caporalisme  !

p3 macron puppetmasterMacron nous avait annoncé un véritable changement d’ère (d’air) politique avec le lancement de La République en Marche ou avec l’élection des député-e-s issu-e-s de son mouvement. La réalité est tout autre.
Au niveau du mouvement, on l’a vu au moment de leur pseudo-congrès  : les textes ne pouvaient pas être discutés ni amendés, la direction, en particulier la délégation générale de Christophe Castaner, a été décrétée par le monarque de l’Élysée lui-même. Cela avait d’ailleurs abouti au départ de sections entières.

Article publié dans l’Egalité 188

Les député-e-s de La République en Marche avaient dû signer une charte comme quoi ils s’engageaient à voter les lois du gouvernement sans sourciller. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la discipline règne dans les rangs LREM de l’hémicycle  : pas de propositions d’amendement (ou si peu) et tous votent comme un seul homme (ou une seule femme) les textes présentés. Même dans les commissions, les député-e-s LREM sont pris d’un mutisme assumé.

Une soumission caricaturale

«  Député-e-s godillots  » prend toute sa dimension avec LREM. C’est encore plus caricatural que lorsque les députés de droite serraient les rangs pour soutenir Chirac ou Sarkozy, en leur temps. Cette soumission volontaire ne vient pas du fait qu’ils ne sont pas, pour la plupart, des politiciens professionnels. Non le problème c’est qu’ils viennent essentiellement des mêmes milieux (29  % de cadres du privé et du public, 17% de professions libérales, 10% de chefs d’entreprises, etc.). Ils défendent les intérêts de leur classe sociale, celle des exploiteurs. En réalité, rien de neuf sous les lustres de la République. Ces député-e-s sont ni plus ni moins à l’image de la composition habituelle de l’Assemblée nationale, pour les partis de droite, du centre et du PS.

En marche pour combien de temps  ?

Combien de temps va tenir cette discipline  ? Déjà des fissures se sont légèrement ouvertes, en particulier à propos du projet de loi raciste anti-immigré du Ministre Gérard Collomb. Cependant, l’édifice tient toujours.
Les sondages de popularité de Macron et de son 1er ministre sont déjà très bas. Ce gouvernement est perçu par la majorité comme un gouvernement de riches pour les ultra-riches. Il n’est pas sûr donc que si les tensions et les mouvements sociaux s’accentuent, Macron et son gouvernement conservent, aux yeux des capitalistes, leur crédit en tant que meilleurs représentants pour mener leur politique.
Macron pourrait concentrer sur lui le mécontentement, et devenir la source d’une crise politique majeure qui s’ajouterait à la contestation sociale. Les député-e-s godillots LREM continueraient-ils de suivre au pas cadencé ou rompraient-ils la discipline lâchant leur leader charismatique en rase campagne pour ne pas être entraînés avec lui  ?

Par Yann Venier