Divergence dans notre internationale, le CIO

indexNotre internationale a connu, depuis novembre 2018, d’intenses débats qui ont révélé de profondes divergences. Cela a rapidement conduit le Secrétariat International (SI) à créer une fraction (nommée « En défense d’un CIO trotskiste basé sur la classe ouvrière »), c’est à dire un regroupement de militant-e-s sur la base d’un texte programmatique complet. Le but était que la discussion ait lieu sur ce programme et permette d’établir les points d’accord ou de désaccord.

De manière assez surprenante, les directions de plusieurs sections (Irlande, Belgique, USA, Suède etc.) ont traité avec mépris cette démarche, commençant par nier l’importance des divergences, reprochant le fait même de s’être mis en fraction (pourtant droit démocratique fondamental d’une organisation marxiste), et concentrant leurs attaques contre la direction internationale sur l’argument qu’elle ne serait « plus adaptée » à la nouvelle situation.

Dans le même temps, ces mêmes directions établissaient des liens communs, tout comme une fraction mais sans s’affirmer ainsi. Cela a valu le surnom de NFF (Non Faction Faction, autrement dit, fraction non assumée). La fraction et le SI ont tenté de faire porter le débat sur la nécessité de lier tous les combats actuels à la lutte centrale de la classe ouvrière contre les capitalistes et la nécessité d’un parti mondial basé sur le même programme révolutionnaire. Les partisans de la NFF se contentent de mentionner la classe ouvrière, sous-estiment les forces pro-capitalistes qui dominent les mouvements comme ceux sur l’environnement ou les droits des femmes, leur trouvant des objectifs révolutionnaires là où ce sont avant tout des mouvements de protestation.

De fait, la NFF développe, selon le pays, des programmes différents sur des questions comme le syndicalisme (considérant même qu’on ne doit plus s’adresser aux directions syndicales). Dans les récents mouvements comme la lutte à Hong Kong ou Porto Rico, ses partisans n’avancent aucunement un programme d’action indépendant pour les travailleurs face aux courants soi-disant démocrates mais surtout pro-capitalistes. Refusant le débat de fond, la NFF a même préféré (et souvent de manière imprudente) déverser des torrents de calomnies et de mensonges sur la direction du CIO.

Nos choix

Le Comité National de la Gauche révolutionnaire a longuement discuté les différentes positions et a décidé de soutenir les thèses défendues par la fraction car elles défendent que la classe des travailleurs est l’instrument central pour renverser le capitalisme et construire le socialisme. Ce qui n’empêche nullement, bien au contraire même, de s’impliquer dans les mouvements existants, autant les grèves ouvrières que les luttes pour l’environnement, contre le sexisme. Ce vote a été confirmé par un vote unanime de notre Congrès national. De nombreuses réunions de nos sections ont permis aux militant-e-s de suivre les débats.

Une scission n’est jamais une décision qui se fait le cœur léger. Mais il est inutile de perdre du temps à discuter des divergences en vase clos. Le CIO aura un congrès mondial en 2020 avec les sections qui se reconnaissent dans les textes défendus par la fraction et le Secrétariat international. Nous devons maintenant expérimenter dans la vie réelle et les luttes les analyses qui (re)fondent le CIO, une internationale marxiste révolutionnaire, qui lutte pour que les travailleurs prennent le pouvoir et renversent les capitalistes et leur système pourri.

Par Alex Rouillard