Carrefour : les employés défient le CAC40

quetigny_manif_carrefourDepuis le 6 février le mythe du soidisant dialogue social exemplaire dont se targue la direction du groupe Carrefour a volé en éclat. C’est le jour où ont commencé des vagues d’actions de grève et de débrayages, surtout dans les Carrefour Market. Distributions de tracts, défilés de salariés en colère dans les galeries marchandes, piquets devant les magasins pour faire signer des pétitions aux clients…

Comme nous l’avons rapporté sur notre site et dans les précédents numéros de l’Egalité, les salariés ont aussi participé en nombre aux manifestations contre la loi Macron en novembre, janvier et février mais aussi à la grève interprofessionnelle du 9 avril.

Les salariés de chez Carrefour sont mécontents. Ils ont raison. Leur combat est non seulement juste mais aussi emblématique. Ils font partie de tous ces salariés des groupes du CAC40 comme ceux de Danone qui ont décidé que 62 milliards d’euros pour les actionnaires en 2014 et rien ou presque pour les salaires, ça valait le coup de se mobiliser pour réclamer notre part du gâteau. Un gâteau fabriqué sur les bas salaires des employés, cuit dans le four des licenciements par centaines et saupoudré de temps partiels imposés et de CDD.

Carrefour, quelle situation ?

Carrefour ou un autre groupe du CAC. Mêmes profits qui grimpent en flèche, mêmes actionnaires qui se gavent. Carrefour, qui a reçu 194 millions de crédit CICE en 3 ans. Qui a supprimé plus de 12500 emplois depuis 2009. Pas qu’un chiffre : des collègues qui ne supportent plus leurs conditions de travail. Au magasin de Montreuil, la direction qui essaie de maquiller une tentative de suicide en « malaise ». Mais à côté de cette dure réalité, c’est 1.24 milliards de bénéfices et les actionnaires qui ont gagné 10% de plus en 2014 qu’en 2013. Le PDG qui s’est fait près de 3 millions d’euros en dividendes.

On ne se laisse plus faire

Dans les dernières « négociations » annuelles (NAO), le groupe a lâché en moyenne 0,5% d’augmentation aux salariés. Il n’y a pas d’autres mots que foutage de gueule. A Carrefour Market, on débraye lors des « weekends de la colère ». Les syndicats demandent la réouverture des NAO, les mêmes salaires et les mêmes primes que dans les hypermarchés. «Aujourd’hui on va perdre la journée mais on va gagner plus tard». Le 13 mars, première action d’envergure nationale dans les hypermarchés depuis deux ans, « Les clients, avec nous ! » et blocage des camions.

La direction fait la sourde oreille mais le mouvement continue. Les travailleurs relèvent la tête. Un début d’intersyndicale CGT-CFDT voit le jour à certains endroits. Les syndiqués FO se sont mobilisés le 9 avril malgré leur direction nationale qui marche avec celle de Carrefour. Les syndiqués des hyper et des market se parlent, commencent à faire des actions en commun. Et surtout, cette grève est là pour nous monter, en écho à toutes les autres, Sodexo, Parashop, le groupe Casino, KFC, Sephora…, que les salaires, ça se défend, qu’il faut se battre et leur faire mal au portefeuille pour soulager les nôtres !

Par Cécile