Brésil : années de résistance à venir

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La résistance a commencé. Ici manifestation organisée par le PSoL. Sur la banderole : « Dictature plus jamais. »

La victoire du candidat d’extrême droite, Bolsonaro, au Brésil, est une nouvelle terrible pour le pays comme pour toute l’Amérique latine. Des années de résistances sont à venir tant le programme politique, judiciaire ou économique du nouveau président est à la fois ultra-capitaliste et profondément dictatorial. Mais la grande mobilisation qui s’est formée ces dernières semaines autour du slogan « pas lui ! » (#EleNão) peut permettre de constituer des bases de masse à la résistance.

Suite presque logique

La victoire de Bolsonaro par 55,7 % contre Haddad, le candidat du Parti des Travailleurs (PT) est la suite presque logique des événement de ces 15 dernières années. Lula, le principal dirigeant du Parti des Travailleurs, avait été élu président en 2002 et suscitait un immense espoir d’égalité. Des mesures pour les plus pauvres ont bien été prises, mais de manière assez limitée. Par contre, il ne s’est jamais attaqué aux capitalistes brésiliens ni aux grands propriétaires terriens. De fait, dès la deuxième moitié des années 2000, les inégalités sont reparties à la hausse, aggravée par la crise économique déclenchée en 2008. Fortement dépendant des exportations agricole et de matière première, sans véritable développement de l’industrie, le Brésil est entré en récession.

D’autant que Lula, et surtout sa successeur (PT) à la présidence, Dilma Roussef, ont multiplié les attaques contre les travailleurs (attaques sur les retraites et la protection sociale). A partir de 2014, Dilma mène une politique d’austérité qui coupe dans les budgets de l’Éducation et l’investissement public. Et la décision de dépenser des milliards pour l’organisation des Jeux Olympiques et de la Coupe du monde de foot de 2014 rencontre une hostilité croissante avec des mobilisations de masse de la population.

Coup d’État

De plus, le scandale Petrobras, où des millions ont été versés à des élus du PT et de ses alliés, affecte aussi directement Dilma et Lula qui sont poursuivi en justice. La droite et le centre, pourtant eux même largement corrompus, en profitent pour effectuer un véritable putsch en 2016, destituant Dilma pour nommer Temer, partisan de la droite classique (PSDB, issue de la dictature), lui même corrompu et très peu populaire. Mais ce fut le tournant autoritaire, appuyé par une véritable guerre judiciaire contre le PT.

Bolsonaro n’a eu qu’à récupérer les fruits d’une telle situation qui en deux ans a complètement bouleversé le paysage politique brésilien et donné un espace aux éléments les plus réactionnaires de la société. À tout moment pouvait surgir un « Trump » brésilien, en pire.

Fasciste

Bolsonaro est un aventurier mais il a une véritable ligne politique. Raciste, homophobe, sexiste, il a promis « la prison ou l’exil » pour les « gauchistes » et notamment les militants paysans sans-terre. Sur le plan économique, il promet la privatisation de 50 entreprises d’État en un an, au plus grand bénéfice des capitalistes.

Certains à gauche n’ont pas pris au sérieux le danger que représente Bolsonaro. Mais dans tous les quartiers populaires, dans les régions pauvres (et à majorité noire) du Nord, ce sont des millions de personnes qui se sont mobilisées.

Cela donne des bases pour la construction d’une nouvelle gauche socialiste, de masse et de lutte comme notre organisation sœur au Brésil, Liberdade Socialismo e Revolução (LSR), le défend. La lutte va être dure, et les militant-e-s du Brésil auront besoin de tout notre soutien !

Par Alexandre Rouillard