Austérité en Europe : les travailleurs se rebiffent !

manifestation à bruxelles
manifestation à Bruxelles

Depuis septembre 2014 les luttes contre les politiques d’austérité dans différents pays européens ont connu une croissance majeure. C’est le cas notamment en Irlande où la troïka (le FMI, La Banque centrale européenne et la Commission européenne) en échange du plan de sauvetage de 2010 a imposé une taxe nouvelle sur l’eau courante, qui jusque là était gratuite.

À partir d’octobre, les pavés d’Irlande ont été le lieu de manifestations d’ampleur. 100000 manifestants se sont réunis à Dublin le 12 octobre. Le même jour, notre camarade Paul Murphy, du Socialist Party, l’organisation sœur de la Gauche révolutionnaire et candidat de l’Alliance Anti-Austérité (AAA) a remporté une élection partielle à Dublin sur la base d’une campagne massive de boycott et de nonpaiement de la taxe.

Le mouvement s’étend avec des manifestations de masse, obtenant ainsi des concessions du gouvernement (un plafond annuel de 160 euros par foyer), qui n’a pourtant pas saisi le degré de révolte chez les manifestants qui réclament la suppression totale de la nouvelle redevance.

Ils salent la note, on leur fait boire la tasse !

A travers ce combat contre une taxe qui aggravera la situation des plus démunis, c’est aussi un réveil de la conscience politique des travailleurs et des jeunes irlandais, assujettis depuis plus de sept ans à une politique d’austérité au service des intérêts des capitalistes.

Aujourd’hui les travailleurs irlandais font quotidiennement l’expérience de leur force politique en s’organisant dans des comités de lutte et en soutenant des candidats anticapitalistes dans les paroles et les actes, contre un gouvernement qui risque désormais de boire la tasse.

Même fâcheuse posture pour le gouvernement en Belgique qui voit se développer un mouvement d’ampleur jamais vue avec une montée en puissance du front commun syndical, passant par des grèves tournantes jusqu’à la grève générale du 15 décembre et ses milliers de piquets de grève. Ce point d’orgue n’est que provisoire. Désormais se construit une grève générale de 48 heures, mettant à mal le gouvernement et sa politique d’austérité.
L’Espagne, après le succès des Indignés en 2011, voit émerger Podemos, mouvement massivement soutenu parmi les jeunes et les travailleurs.

La politique au service des capitalistes menée tant par le PP que par le PSOE et le traitement de choc néolibéral imposé par Bruxelles conduisent de plus en plus de personnes à trouver un programme alternatif qui défende les intérêts des plus pauvres contre les charognards qui veulent aggraver leur situation au nom d’une pseudo unité nationale contre la crise.

De même en Grèce où le gouvernement mène contre Syriza une campagne où l’abject avoisine le grotesque (« une victoire de Syriza transformerait la Grèce en nouvelle Corée du nord »!). En vain, tant la colère est massive et tant le discrédit du Pasok et de Nouvelle démocratie est avéré auprès des jeunes, des travailleurs et même parmi leurs anciens
membres et députés. Désormais une victoire de Syriza est fort probable dans un pays où près de 800000 personnes ont perdu leur travail entre 2010 et 2013, où le taux de chômage atteint 30% et 60% pour les jeunes alors que l’austérité a déjà conduit à la perte d’un quart du PIB entre 2009 et 2014 et à l’augmentation de la dette de 129% à 178% pour la même période.

Face à la direction qui déclare que la Grèce restera dans l’eurozone, Xekinima, section grecque du CIO, souligne la contradiction fondamentale entre prétendre ne pas quitter l’eurozone et avancer un programme pour les travailleurs défendant l’abandon du mémorandum sur la dette, le refus des réformes néolibérales européennes, l’investissement massif dans le secteur public pour relancer l’économie. Ces mesures, même si elles ne rompent pas avec le capitalisme, sont attendues par les travailleurs et les jeunes comme une issue à leur situation désespérée et en même temps sont intenables pour ceux qui ne veulent pas rompre avec le cadre européen néolibéral.

Avec une telle situation et une telle rage, il se peut que la base des travailleurs et des jeunes, arrivent en cas de victoire de Syriza à pousser vers la gauche sa direction qui a évolué vers la droite depuis 2012 et est plus encline à opérer des compromis avec la bureaucratie européenne et les capitalistes qu’à mener des politiques d’ampleur qui rompent avec la
capitalisme. Plus que jamais se pose la question d’un programme clairement socialiste se fondant sur une nationalisation du secteur financier et des grandes entreprises. C’est cette perspective que défendent nos camarades tout en préparant la classe ouvrière grecque à s’armer pour les batailles à venir.

Article publié dans l’égalité début janvier  Par Geneviève Favre